CORRIDA DE LIMEIL-BREVANNES: A L’OMBRE DU SHOWBUSINESS

Vendredi 24 juin 2016, 19h30. Pendant que certains perdurent à façonner l’emploi du temps de leurs vies bien ternes en recherchant perpétuellement des évents de running gratuits sur Facebook, c’est la fête à Limeil. Quelques jours après celle de la musique, c’est notre passe-temps favori qui est de retour avec cette 7ème édition de la Corrida de Limeil-Brevannes, petite commune composée de 22 000 habitants située à l’est de Paris.

Immersion dans ce qui contrairement aux apparences se profile comme un retour aux sources de ce qui fait de la course à pied une putain de pratique authentique !

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Lassé de tout rafler sur Paris et fervent défenseur de l’authenticité c’est Rodolphe qui fût envoyé sur place. Habitué à se prendre des roustes à chaque course parisienne faute d’entrainement viable autre que les planches/mousses en terrasse avec les potes, il était intéressant de voir le level du bonhomme à l’approche de l’été. Ayant le choix lors de cette Corrida entre un 5KM, 10KM ou 6KM marche, ce dernier a opté pour la seconde option. L’histoire nous en dira long sur l’ambition du gars.

Le rendez-vous est donc donné à partir de 18h au stade Didier Pironi afin de retirer les dossards et de peaufiner l’échauffement. Partant du principe que c’est chiant et pénible, Rodolphe, arrive bon dernier et s’offre un petit échange cordial avec un bénévole visiblement usé par la remise des dossards. Les inscriptions étant encore possibles jusqu’à 10 minutes avant le départ officiel, une scène surréaliste se déroule dans le hall du club à quelques secondes de la fermeture de la table :

« Bonjour, il est encore possible de s’inscrire pour la corrida ? J’ai tout les papiers requis. Combien je vous dois ? »

« Oh rien, laissez tomber, vous pouvez y aller. »

Une première qui amorce le fait que cette corrida risque d’être finalement plus qu’une simple course avec une énième breloque à récupérer avant de rentrer usé chez soi. Cette personne inscrite in-extremis clôt la pénible tâche de remise des épingles à nourrices pour les bénévoles et sonne le départ groupé des coureurs sur le départ.

« Eh René, de toute façon ce soir on est crevés, c’est pas le temps à faire des chronos. Apéro ! »

Ici, pas d’arche de départ. Pas d’échauffement groupé. Pas de playlist de l’enfer. Pourquoi faire compliqué quand un sifflet et un rocher pour estrade peuvent faire l’affaire ? Après un hommage solennel et l’arrivée de la police municipale, un des organisateurs siffle. Le départ est donné. D’emblée ça part assez vite à l’avant. On notera cependant qu’il y a très peu de balisages, pas de règles hormis galoper le plus vite possible sans se prendre une rouste par un membre vétéran d’une asso de course à pied du coin ! Ici, la corrida ne se fait non pas avec des vachettes, mais avec les bagnoles sur la route. Bon esprit !

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Pénible, la course se fait en deux boucles de 5KM pour les plus téméraires. Le premier quart se fait en forêt, le reste dans la ville, à cheval entre les trottoirs, la route et présente une côte coupe gorge pour finir. Ce genre de côte qui achève même ta bécane et tes mollets fragiles si tu te retrouves à la pousser pour remonter. Fourbe comme pas deux, Rodolphe décide encore une fois d’user de sa sournoiserie pour finir le plus vite possible. Ni une, ni deux après cette putain de côte il coupe direction la ligne d’arrivée juste avant le point de passage menant à la seconde boucle. Inscrit sur un 10K et finir en moins de 24 minutes, on tient un record !

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L’arrivée est matérialisée par un semblant d’arche de l’ancien temps, posée à même le sol sur une piste d’athlétisme en sable, à l’ancienne. Dans ce stade on se fiche de ta dernière technologie de godasse, seul ton effort compte. Depuis des générations on se la met ici, la mairie n’a donc jamais hésité à laisser la piste telle quelle et bannir tout projet de renouvellement de la surface. Tant que tu tournes sur la piste autant que la buvette du club, tout va bien.

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Les coureurs arrivent un a un, chacun à sa cadence. Tous sont rincés, mais fiers d’en avoir été. Les grands gagnants sont matérialisés par leur chrono mais au fond tous le savent, la plus grande victoire est de rester toujours un peu plus à des années lumières des grosses organisations nichées dans les métropoles.

Peu importe, l’apéro est servi par les anciens sur une grande table parfaitement dressée et les cubis de vin sont en première ligne. À la fin, et quel que soit leur club, tous les coureurs se donnent une franche poignée de main avant de rentrer chez eux. Persuadés et convaincus, ils en seront encore l’année prochaine. Nous aussi.

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