Il aura bien fallu 15 jours pour digérer les 42,195km du Marathon de Paris parcourus dimanche 4 avril dans les rues de la capitale et enfin envisager revenir sur ces souvenirs, douloureux à bien des égards.

prépa marathon de Paris

Couchée à 22h après un plat de pâtes et un massage coquin, Chantal se lève le lendemain matin plus fatiguée qu’elle ne s’est endormie, le cheveu aussi brillant qu’un cornet de frites et la gerboulade au bord des lèvres. Néanmoins, quitte à vomir, elle décide que ce ne sera pas de la bile et engloutit goulûment un avocat, un oeuf, du muesli et un fruit. Un passage aux waters plus tard, c’est en split short et en débardeur, luisante de crème Nok, qu’elle passe la porte avec Idris pour aller prendre le métro et rejoindre Paul, son acolyte, qui prendra le départ avec elle. Dieu seul sait comment, Chantal a réussi à le convaincre de se lever un dimanche matin à 8h pour aller courir 42 bornes avec un genou en vrac. Une chose est sûre, son jogging en molleton et son élégance à la Josiane Balasko n’y sont pas pour grand chose. Mieux vaut prévenir que guérir, Chanchan pose les bases et lui envoie un sympathique texto qui aurait mérité un abandon en bonne et due forme : « J’ai une dégaine de shlag et le cheveux gras. Je ne parle pas des valises sous les yeux et de l’envie de gerber ma race. Niveau de panique + 100 milliards. Désolée si je pleurniche sur la ligne de départ. J’ai bien peur de n’être qu une fille… »

Fidèle à lui-même, Idris, Master Of Organisation, se rend compte à mi parcours qu’il a oublié son dossard à la maison. « T’inquiète paupiette, on est large, je fais l’aller-retour, attends moi là », dit-il avant de s’enfuir en courant et de se rendre compte qu’il a également oublié les clés de l’appartement…

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Pendant ce temps, Flora immortalise sa tenue de course alors que sa soeur immortalise l’instant « pour que ça fasse des souvenirs à montrer à tes petits enfants ». Après un petit-déj raisonnable, un check instagram, elle part vers la ligne de départ, Ray-ban sur le nez pour un effet PRC style. Dans son SAS, Flora re-visualise une dernière fois sa course et se remémore ses cours de méditation des semaines passées pour évacuer son stress. Le départ est donné, elle s’élance tranquillement vers la place de la Concorde, bouteille d’eau bien coincée entre les miches sous sa brassière, pour avoir les mains libres et donner l’illusion d’une poitrine pulpeuse. Doucement mais très sûrement, elle avale les kilomètres en faisant des stops aux ravitos et aux différents spots touristiques pour faire quelques clichés de la capitale avec son appareil photo jetable, toujours pour les souvenirs pour sa future progéniture.

Après 4 pauses pipi derrière des voitures, un selfie d’avant course et une grosse pelle échangée avec son bellâtre à moustache, Chantal l’abandonne pour entrer dans son sas, escortée par Paul. Le sas est aussi blindé que le stade de France lors d’un concert de Johnny, respectant les mêmes proportions de beaufs (approximativement 98,8% de la population). Chacun y va de son petit conseil : « attention à ne pas partir trop vite » ; « tout va se jouer après le 30ème km » ; « il faut penser à boire » pendant qu’une zouz se défroque trankeuls au milieu de la foule, raie au vent, pour changer l’eau des poissons quasiment sur les chaussures neuves de Paul.

Le top départ est enfin lancé, 20 minutes plus tard, le duo franchit enfin l’arche. Pendant ce temps, Idris se rend place de la Concorde, au 1er kilomètre et réussit l’exploit de louper le duo infernal, de nouveau arrêté par Chantal et sa vessie miniaturisée. Une erreur de débutante qui lui aura valu de perdre au moins 2 minutes sur son chrono et de manquer l’occasion de marquer l’histoire de Jolie Foulée avec un chrono de championne. Comme quoi, finalement, un pipi dans le sas et l’affaire est réglée.

Les premiers kilomètres sont faciles, un peu trop même : Chantal et Paul remontent la foule et matent tous les culs qu’ils doublent, parfois à contre-coeur. Un coucou à Marion, les yeux collés et en pyj sur son balcon, en passant devant Faidherbes Chaligny, le moral des troupes est, comme la météo, au beau fixe. Les kilomètres et les ravitos s’enchaînent aussi vite que les blagues de cul et les prouts sous les bras. La course se poursuit sans encombres jusqu’à Vincennes.

Marathon de Paris Marathon de Paris

A la sortie du Bois de Vincennes, alors que les premiers coureurs bouclent leur marathon en 2H07 minutes, il fait clairement chaud. Chantal a déjà les jambes lourdes et envie de « faire une pause pour profiter de la pelouse ». Paul ne l’écoute même pas et trace sa route en répondant seulement « je te préviens, si tu ralentis je t’insulte »; les dés sont jetés. Le duo passe le semi marathon en 1h55 : « c’est maintenant que ça commence, tu viens de faire l’échauffement ». Et effectivement, chaude, Chantal l’est, mais pas comme il faudrait. Il fait CHAUD sa mère, et la fatigue commence à se faire sentir. Chantal multiplie les roublardises pour tenter de s’arrêter : « ton genou, ça va? t’es sûr? tu veux pas t’arrêter? », « t’as pas faim? », « on pourrait s’arrêter 5 minutes pour prendre un goûter », « Aller viens on arrache les dossards et on va manger des frites », « oh mais viens, on ralentit un peu et même on fait une petite pause, c’est pas graaaaaave »… Mais on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Paul n’est pas du genre à se laisser attendrir par les gémissements d’une grosse qui court doucement, au contraire, inflexible il poursuit sa route.

Marathon de Paris

Le rendez-vous pris au 24e km avec Justine pour les encouragements est raté. Même si elle assure s’être postée sur les quais, Chantal n’est pas dupe, elle sait très bien que cette bougresse était tranquillement dans son lit en train de se baffrer de pains au chocolat. Le coup au moral est dur à encaisser, mais Chantal poursuit sa course, les jambes lourdes et douloureuses. 1 kilomètre plus tard, elle menace d’arrêter et ralentit clairement la cadence. La foule se fait plus dense et le parcours se durcit en attaquant la succession des ponts, Chantal est en train de craquer et Paul n’arrive plus à lui remonter le moral. Il l’accroche à son sac à dos et la traîne jusqu’au 27e km où Idris les attend patiemment depuis quelques heures, installé sur un chaise longue histoire de parfaire son bronzage. C’est un peu déconfit qu’il découvre l’état de sa douce qui ressemble à une vieille pomme tapée. Paul, qui pensait enfin pouvoir se débarrasser du boulet qu’il traine depuis 2 bornes à son sac prend pleinement conscience du sens de l’expression « l’espoir fait vivre ». Chanchan avance difficilement et chouine à chaque sortie de pont, refusant d’aller plus loin et continuant pourtant sa course.

Marathon de Paris

La preuve en est, Justine n’en était pas, ELLE!

Pendant ce temps, Flora vient de parcourir plus des 3/4 de la course en trottinant, les doigts dans et les lunettes sur le nez. Après un semi tranquille, elle se décide à accélérer franchement, les 21 premiers kils n’étaient qu’un échauffement. Alors que certains vont en cure thermale à la Bourboule pour reprendre des forces, Flora se tape 42 bornes comme s’il s’agissait d’un parcours de santé. Elle profite du soleil pour prendre des couleurs et faire quelques photos de la Tour Eiffel baignée de lumière. Elle franchit le mur des 30km sans encombre, et poursuit sa route à Boulogne où elle retrouve ses collègues et amies au 33e km, fraiche comme un gardon. Clic, clac, elle prend le temps d’immortaliser ce moment et repart aux côtés d’Agathe pour quelques kilomètres supplémentaires. Seule pour affronter la dernière ligne droite, Flora, qui s’emmerde franchement tant c’est fastoche, encourage les autres coureurs « Allez monsieur! Allez madame, si vous marchez vous arriverez moins vite! C’est bientôt fini ». La belle déclarera une fois la ligne franchie après un sprint final « pour le fun » : « le plus long aura été le dernier kilomètre ». (Connasse). 

Marathon de Paris Flora & Julie

En haut, de gauche à droite : trankeuls, youpi, houra, hiphiphip – En bas, de gauche à droite : la oije, sa mère, sa putain de mère

Les kilomètres s’avalent désormais difficilement et douloureusement. Devant le mur des 30, Idris explique qu’il reste à peine 8km en mythonnant aussi mal qu’à son habitude « là on a passé les 30, il reste 6 kilomètres jusqu’au 36, plus 2 à la fin et le reste ça compte pas ». Chantal passe le mur tordue de douleur, mais docile : elle n’a plus la force d’insulter qui que ce soit. Elle passe sa course les yeux fermés à courir de manière automatique et à pleurnicher qu’il serait bon de s’arrêter quand même, juste un peu, quelques heures quoi. Idris assure tous les ravitos pendant que Chanchan, exténuée, mais fourbe, tente de diviser pour mieux régner et pas du tout subtilement d’amadouer Paul « diiiiiiiiiiiiiiis, on peut marcher s’il te plait? ».

Au 35e km, Chantal craque, lâche le sac et murmure « moi c’est bon, je finis le marathon en marchant, j’en ai marre ». Ni une, ni deux, au bout du rouleau, les deux garçons perdent patience : l’un tire Chantal par le bras violemment tandis que l’autre la pousse en avant avec fureur. Les deux sont raccord et se mettent à hurler « mais tu fais quoi putain?!! t’es sérieuse?? », sous les regards ahuris des autres coureurs. Certains participants, apeurés et vexés comme des poux de se faire doubler par une zouz à moitié morte, interviennent pour que les bourreaux se calment. La réponse est sans appel « mais non, elle a les jambes, mais elle n’a AUCUN mental, c’est une fiotte ».

Les 5 derniers kilomètres se feront dans le calme : Chantal s’imagine tantôt que sa peau va se déchirer et que ses muscles vont sortir et se répandre sur le sol dans un bain de sang, tantôt qu’elle va faire un malaise et s’éteindre dans une couverture de survie sans avoir eu le temps reluquer les culs des pompiers. La sortie du Bois de Boulogne est une délivrance. Le trio accélère, sans pour autant battre son record de vitesse. Reboostée par l’idée que ce calvaire est vraiment en train de prendre fin, Chanchan décide de passer la ligne avec un semblant de dignité, lâche le sac de Paul et essaye vainement de sprinter pour taper ses 2 coéquipiers, sans foi ni loi.

Résultats : Cybrian Kotut boucle son marathon en 2h07min et 11 secondes.

Flora, finit sa promenade de santé en 04H04min et 54 secondes et rafle de titre de marathonienne la plus rapide de l’histoire de Jolie Foulée. Ce sera pour elle, « le meilleur « run » depuis qu’elle a commencé à courir ».

Chantal, met fin à ce calvaire en 04H06min et 04 secondes, à point poil blond de Flora, en jurant qu’elle ne recommencerait la course à pied qu’après la naissance de son premier enfant, pour perdre du poids. Scoop ou pas, elle est allée courir à peine 6 jours après avoir franchi la ligne d’arrivée….

Marathon de Paris Finishers 1 Marathon de Paris médaille

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