Cela fait maintenant pas loin de deux ans que nous nous pointons à certains rassemblements Bridge The Gap, comme nous avons pu en parler dans plusieurs articles. On n’en n’a pas fait beaucoup, hein, seulement trois à Paris, Belgrade et Londres. Au début on était sous le charme, quel plaisir de retrouver des coureurs du monde entier dans une ville étrangère pour une course le matin et se pistacher la gueule le soir. On était super excité en passant le Cheer Dem, zone située à quelques bornes de l’arrivée où se retrouvent tous les fainéants qui préfèrent encourager qu’en chier. On bombait le torse, tapait dans les mains, et puis…
Et puis ces week-ends ont commencé à proliférer encore plus vite que le nombre de color run en France, avec jusqu’à parfois trois événements Bridge The Gap dans un même mois. Alors on a commencé à trouver que c’était un peu trop. Ce qui était pour nous le truc le plus cool de la course à pied, est devenu petit à petit un truc qu’on a voulu éviter. Trop de running clubs. Trop de pas de danse le soir. Trop de pasta party. Trop de Peace and Love. Trop de réseaux sociaux.  Plus personne n’en a rien à carer des beaux-parents, du rôti haricots du Dimanche, des brocantes. Et plus personne aujourd’hui n’a le droit de faire la gueule, d’aller courir tout seul comme un con, et d’insulter tout le monde sur internet.

Donc désormais, pour chacune des courses internationales, c’est à qui invitera le plus de coureurs du monde entier, à qui organisera les meilleurs pasta party (soyons francs, quoi qu’on y veuille ça reste à chier une pasta party), à qui fera la fête la plus dingue après la course, et surtout à qui mettra le plus d’ambiance à la cheering zone. Ce qui nous dérange vraiment dans tout ça, c’est qu’à force la course à pied perd de sa grandeur. Ce n’est pas pour faire le beau, pas pour les photos, pas pour chanter des chansons qu’on aime courir. Mais pour se défoncer, pour repousser ses limites. La cheering zone est devenue la troisième file de l’autoroute. Le lieu où les gens qui pensent que la route leur appartient se retrouvent et foutent des coups de klaxon à ceux qui ne seraient pas assez cools pour dépasser les limites. Et quand à force de craquer des fumis et des confettis, de sauter sur tous les coureurs qui passent au bord de l’épuisement pour leur hurler dessus, les forces de l’ordre décident d’intervenir pour éviter les débordements comme ce fut le cas au marathon de Berlin, les Runnix s’offusquent sur les réseaux sociaux. Et crachent leur « nique la police » à leur manière, à travers une vidéo trop stylée qui montre à quel point leur évènement est cool. Il y a aussi le syndrome du meilleur supporter, qui à l’image du week-end d’intégration en Ecole de Commerce, fait tout pour se faire remarquer afin d’être reconnu et adulé par ses pairs. Encore une fois, initialement c’est chouette, c’est marrant. Sauf que quand on se rend compte que systématiquement il s’agit de la même personne, on se dit que ça en devient un peu ridicule. Mais bon c’est ça être Crewlove #goodvibesonly. Ne jamais courir, hurler comme un kapo, porter un drapeau autour des épaules, et poster des vidéos de merde sur les réseaux sociaux.

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Mais bon, au fond sommes-nous vraiment les mieux placés pour juger, nous qui ayons contribué à cette tendance ? On a demandé à des supporters historiques du PSG, qui se foutent déjà des nouveaux fans du club de l’ère Qatari. Eux qui doivent se farcir tous les trous du cul qui agitent les drapeaux distribués par le service marketing du club et tapent dans les mains au rythme du hit de David Guetta diffusé dans les gradins. Sous couvert de non-anonymat, Kevin et Adrien, anciens abonnés en tribune Boulogne, donnent leur avis sur ces runners pris de passion soudaine pour craquer des fumis : « C’est trop facile, il n’y a pas de fouille à passer. Aucun mérite. Je les mets au défie de faire ça dans un stade en devant se mettre le fumi dans le cul pour pouvoir rentrer avec. »  » Moi en vrai je m’en fous un peu.  Ça doit certainement être un moyen de s’encanailler. » Voilà, c’est tout.

Nique sa mère le crewlove.

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