Des hauts, des bas, des ébats et des débats, on en voit de toutes les couleurs en ce moment avec la course à pied. À l’heure où des milliers de coureurs se sont plaints des mauvaises conditions météorologiques après un triste semi de Paris 2017, où de plus en plus de marques viennent polluer les réseaux sociaux avec leurs concepts de running clubs qui n’en finissent plus, il y a encore des courses authentiques qui nous rappellent pourquoi on aime tant détester ce sport unique qu’est la course à pied. Malheureusement, ces petites courses de village n’ont pas la toujours couverture médiatique qu’elles méritent, et qui leur permettrait d’attirer un peu plus de participants. Mais c’est ce qui fait tout le charme du Trail du Somail.

Photos prises sur le parcours la veille de la course. 

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Pour faire honneur aux vraies valeurs de la course à pied et pour perpétuer une tradition familiale, nous avons tenu à faire le voyage jusqu’à Prémian, petit village du Languedoc-Roussillon, pour nous aligner pour la deuxième fois sur le redoutable mais magnifique Trail du Somail. Au menu, 23km, plus de 1000m de dénivelé positif, de la pluie, du brouillard, mais surtout de la daube de sanglier après la course pour les 170 courageux venus braver les éléments pour de cette course dantesque. Jérémie peut cette année compter sur la participation d’Elbek, qui devient le premier Ouzbek à porter les couleurs de Jolie Foulée et à s’aligner au départ du Trail du Somail. La course revêt ainsi une dimension internationale, ce qui ne manquera pas de faire des jaloux dans la région. Comme d’habitude, l’accent n’a pas vraiment été mis sur la préparation. Surtout quand il est décidé d’aller saluer les organisateurs au traditionnel repas du vendredi soir. Elbek débute ainsi son initiation aux spécialités locales, en se voyant proposer de déguster une eau de vie faite maison, vieille de 30 ans :
« Celle-là c’est de la bonne !
Tu es sûr que ce n’est pas de l’urine ?
Oh putain, mes analyses ! Mes analyses ! »
L’ambiance est à la rigolade chez l’orga, qui prend plaisir à faire découvrir les spécialités locales au premier ressortissant Ouzbek à venir mettre les pieds à Prémian : « Tu vas voir, ici c’est le village d’Obelix. On va manger le sanglier. »

Photos prises pendant la course. Evelyne Dhéliat s’est encore bien foutue de notre gueule. 

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Le parcours s’avère plus corsé que l’édition 2015 sur laquelle nous nous étions alignés. Les longues descentes roulantes ont été remplacées par des petits sentiers de forêt qui longent le chemin de crête, entrecoupés de sévères montées. Ça fait encore plus mal aux jambes, et il faudra prévoir plus de temps avant de franchir la ligne d’arrivée. Les rêves de podium paraissant légèrement inaccessibles, deux objectifs ont donc été ciblés par la team : ramener la coupe réservée au dernier à la maison et apparaître en photo dans le Midi Libre le lendemain. C’est à Hubert, le Maire, qu’incombe la responsabilité de tirer le  coup de pistolet pour donner le départ. S’il le faisait historiquement en pull Lacoste*, il a cette année enfilé un survêtement adidas pour « faire plus sportif et montrer du soutien aux courageux coureurs ». Une chose ne change pas en revanche, on se met aux avant-postes sur la ligne pour exploser comme une balle qui sort du barillet, et mettre un petit coup de stress aux vrais trailers. Du moins sur 50m, avant de comprendre qu’on est en train de se cramer. Les conditions dantesques ajoutent encore un peu de piment au parcours qui n’en manquait déjà pas. Le sentier des gardes, la terrible ascension des Mille marches, le tour du Lac du Saut de Vézoles qu’on n’apercevra malheureusement pas à cause du brouillard, la Grande Pleine, le chemin de crête, et la re-descente vers Prémian, les difficultés sont nombreuses, et il faut être costaud pour venir à bout de cette épreuve. Les paysages uniques transforment néanmoins ce qui pourrait être un calvaire en un réel plaisir. On en chie, mais  le cadre épique procure un vrai sentiment de liberté. Il faut gérer ses efforts, en garder sous la semelle.

Ce n’est vraisemblablement pas le fort de Jérémie qui se fait trahir par son corps de lâche et revit la déconvenue qu’il avait subi lors du marathon d’Athènes. De vives crampes le saisissent à 7km de l’arrivée, ce qui va l’handicaper fortement dans la descente. À deux kilomètres du but la douleur est trop vive, ce qui le contraint à se pendre par les mains aux arbres pour pouvoir s’étirer dans la pente de la descente. Une technique non homologuée par le forum courseapied.net. Impossible de plier les jambes, ce qui on en convient, n’est pas très pratique pour courir. Résultat : une piètre 73è place sur 93, et un chrono minable de 3h14min55s. Avec 48min pour couvrir les 5 derniers kilomètres et plus d’une minute concédée sur 500m au coureur devant lui, il signe une pauvre performance qui ne forcera pas l’admiration des folles habitantes*.
Laurent atteint enfin son objectif après plusieurs éditions frustrantes. Alors que des concurrents étaient toujours parvenus à contre-carrer ses plans en usant de stratégie pour terminer derrière lui, cette année personne n’est à la hauteur pour lui voler la dernière place. Il franchit donc la ligne tout sourire, frais, et brandit fièrement la coupe de la lanterne rouge ainsi qu’un bon pour un repas à l’Esclop, le restaurant du village, qu’il a remporté au prix d’un effort de 4h50min26s. Soit 52min tout de même derrière le coureur le précédant au classement. Une attitude tout à fait remarquable puisqu’elle permet aux bénévoles d’avoir une bonne excuse pour prolonger l’apéro en prétendant attendre le dernier coureur avant de pouvoir passer à table.
Quand à Elbek qui était aligné sur le 9km, l’expérience s’avère réussie avec une belle 22è place sur 73 participants en 1h11min27s. Une performance remarquable pour une première course, dans un terrain totalement inconnu, avec un régime de grillades, charcuteries, et autres spécialités locales découvertes la veille de la course. N’ayant pas anticipé le plan grand froid*, il subit une légère crise d’hypoglycémie dans les premiers kilomètres, qu’il a su surpasser pour ensuite dérouler et démontrer qu’il faudra compter avec les coureurs Ouzbeks dans les années à venir.

TDS 2017- la ligne d'arrivée et les récompenses (31) Trail du Somail Trail du Somail Trail du Somail Trail du Somail Trail du Somail Trail du Somail Trail du Somail Trail du Somail Trail du Somail

Trail du Somail

Trail du Somail

Roland, organisateur comblé.

Trail du Somail

Avec M. le Maire et les armoiries du village.

Midi Libre

L’essentiel dans tout ça, c’est que nos performances ne sont pas passées inaperçues grâce au beau papier d’Henriette, correspondante Midi Libre, paru dans le journal quelques jours après la course. Une journée terminée autour d’une bonne daube de sanglier !

Au nom de Jolie Foulée, nous souhaitons remercier de tout coeur l’organisation et féliciter les bénévoles, qui mettent tout en oeuvre pour que les coureurs puissent se faire plaisir dans un parcours d’une beauté inégalée, s’attachant avant-tout à préserver des valeurs de convivialité et de partage qui leurs sont chères, et qui font tout le charme de la course à pied. On espère sincèrement que le Trail du Somail va obtenir la reconnaissance qu’il mérite, et que l’on pourra compter sur une participation en hausse des coureurs ouzbeks l’année prochaine pour la 10è édition.

Vive la course à pied.

*Contrepèterie

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