DE LA BOUE S’IL VOUS PLOUAY !

Grande fête qui permet de clôturer la saison de cross, les championnats de France sont réservés aux VIP de la course à pied puisqu’il faut faire preuve d’un niveau de batard pour décrocher son ticket pour cette finale. Les heureux coureurs qui ont eu l’honneur de foutre les pieds à Plouay n’ont pas été déçus par les conditions offertes par la région Bretagne. On a posé deux ou trois questions à quelques vétérans de Plouay 2018.

Malo, 16 ans, Cima Pays D’auray, 105ème du cross Cadets

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Quelles ont été tes sensations au moment de t’élancer sur tes tout premiers France de cross ?

Au début je me sentais bien, forcément un peu tendu, mais ça allait, j’avais hâte d’en découdre sur ce beau circuit !

T’as pris une boite ou t’as réussi à ne pas manger trop de boue dans cette galère ?

La boue ? Je pense que j’en ai bouffée comme tout le monde, c’était vraiment dur, surtout lorsque qu’il fallait enchainer sur une côte. C’était ça le plus dur, la succession de boue / côte / boue / côte. Aucun moment pour récupéré…

On sait que t’es déçu de ta course, quel est ton meilleur souvenir de cette saison de cross ?

Oui très déçu mais ça va me servir de leçon pour l’année prochaine en cadet 2. Mon meilleur souvenir cette saison c’est les championnats de Bretagne à Combourg, un très beau circuit comme à Plouay mais sous le soleil ! J’ai pris une 4e place au général mais 3e breton (le 2e est américain), j’étais plutôt satisfait de cette course et j’ai surtout pris du plaisir à courir avec les potes et à regarder la course des grands !

Fabien, 26 ans, Stade Brestois, 64ème du cross court SEM

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En tant que Breton, peux tu confirmer qu’il s’agissait de conditions typiquement locales ?

Tout d’abord bonjour Jolie Foulée. Concernant les conditions typiquement locales je pense que l’on ne pouvait pas faire plus dans la caricature de la Bretagne: de la pluie, du vent et donc de la boue. Même beaucoup de boue par endroit après les passages des gros tracteurs Masters Homme. C’est d’ailleurs l’objet d’une petite « polémique » sur les réseaux sociaux où nombre de coureurs Français se sont plaints de la difficulté du parcours et surtout de passages très boueux. Bizarrement nous n’avons entendu aucun breton se plaindre. Pour nous, enfants de terre de cross, c’est ça le cross-country : un parcours difficile, des côtes, des relances, de la boue et donc forcément des sorties de Babines énormes Au diable les hippodromes !

Parlons stratégie, combien de giclettes as-tu placées et quand ad-tu décidé de sortir les babines ?

Niveau stratégie j’ai dû la jouer finement, arrivant sur ces France avec une petite contracture a l’ischio j’ai eu du mal à gicler du box sur ce départ ultra rapide en descente. 200ème au 1er kilo j’ai tout d’abord remonté le peloton au « seuil » jusqu’à apercevoir mon ami Benoit Barre (1’50’96 au 800m – Strasbourg Athlétisme) à l’amorce de la dernière boucle où se présentait la plus grosse difficulté du parcours. Ayant très peur de son finish et de sa giclette phénoménale je décide de lancer les hostilités et lâcher une grosse giclette dans la bosse. Finalement ce petit jeu entre nous nous a permis de remonter un grand nombre d’athlètes qui pop cornaient les uns après les autres. Enfin à 400m de la ligne, virage à gauche et dernière ligne droite en côte pour une énorme sortie de babines toujours avec Benoît Barre qui avait réussi à me reprendre quelques mètres. Babines dehors, filet de bave apparent et tirant comme un malade sur les bras je casse devant l’homme qu’on appelle la Barre à la 64ème place (et KOM sur Strava du segment de l’arrivée aha) !

Pas trop dur d’assumer ton rôle de commentateur et tes analyses pleines de bons sens sur le magnifique live du Tempo Run Club avec la fatigue accumulée sur ta course ?

Je dirais même que cette course m’a aidé pour réaliser ce live. J’étais totalement euphorique après une course avec une telle intensité, une galette saucisse et une bière enquillées j’étais fin prêt pour un live complètement improvisé avec mon acolyte Vincent Kermarec dit « la Plume du TRC« . On s’entend très bien dans la vie et ça nous a aidé pour effectuer ce live qui restera dans les annales pour nous en terme de rires et de souvenirs. C’était le dernier cross de l’année pour nous et nos amis et je pense qu’on voulait en profiter un maximum, d’où les moments de gros dérapage lorsque nos élites du TRC Yakoub Delouhm, Maël Sicot et François le Palud passaient devant nous dans un bourbier sans nom.

Samantha, 27 ans, Adidas Runners Paris, 65ème du cross long SEF

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Tu termines première américaine des championnats de France, on a rien compris, tu peux nous expliquer ?

Je me suis qualifiée comme tous les autres ! Les étrangers ont le droit de participer aux championnats (avec un gros dossard « étranger » sur le dos); simplement nous ne pourrons pas prétendre au titre de « champion(ne) de France ». Nous (les étrangers) sommes compris uniquement dans le classement au scratch. Il faudra que j’attende la nationalité avant de devenir championne 🙂

Toute cette bouillasse, c’est le charme du cross ou c’est l’enfer ?

C’est vraiment l’enfer ! Ma seule pensée lucide tout au long de la course c’était : « c’est la dernière fois de ma vie que je fais un truc pareil… ». J’avais presque envie de rire tellement on avait l’air ridicules coincées dans la boue en train de tomber les unes sur les autres. C’est vraiment une discipline particulière et clairement il faut aimer ce genre de parcours pour prendre du plaisir. Décidément je ne suis pas fan des cross, mais étant aussi masochiste que tous les athlètes il est encore possible que j’y retourne l’année prochaine, en espérant que le parcours soit moins rude…

T’étais alignée à leurs côtés au départ, qu’est-ce qui fait la dif entre toi et une Sophie Duarte ou une Leonie Periault ?

La vitesse, l’experience, les cuissots…! Ce sont des professionnelles, elles vivent pour ça, elles se préparent toute l’année pour ces moments. Comme je n’étais pas dans le sas « élite » je n’ai même pas aperçu les filles en tête de la course mais elles sont parties très vite ! En voyant les images de la course je me suis rendue encore plus compte du niveau qu’il y avait et j’arrive à relativiser par rapport à ma 65ème place pour une première saison de cross. Le simple fait d’être parmi tous ces pros est une leçon d’humilité…

 

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