Ça a l’air sympa et sportif, il faut au moins un challenge à cette hauteur pour que Fracture monte dans le RER et aille se promener en banlieue pour une course. Après 8 ans sans course sur piste, c’est Nico, son fidèle compagnon d’entrainement du Sampaix Racing, qui l’entraine aux fameuses soirées de Saint-Maur, l’équivalent des soirées du Carlton mais pour les athlètes.
Si en 2008, il signait à Saint-Chamond un RP en 4’14″09, Lionel s’inscrivait dans l’inconnu avec un temps de référence de 4’45 », Nico quant à lui optait pour 5′, prudent. Quoi qu’il en soit, ils atterrissent tous les deux dans la huitième et dernière série, celle des damnés, des vieux, des petites gens de la course à pied. Drôle d’impression pour Lionel qui tout en s’échauffant, repense à son passé de jeune athlète, à l’époque il regardait ces fins de séries avec un peu de mépris et une sensation de supériorité, connard de jeune. Aujourd’hui il est en plein dedans et pour ne rien arranger, une douleur au mollet vient perturber sa préparation, il stoppe les accélérations et regarde Nico terminer ses gammes. Ça fait maintenant presque deux heures qu’ils sont arrivés sur place mais le temps passe vite, la série 1 du 1500 masculin donne lieu à une magnifique course, ça va très vite et on se sent pas vraiment à notre place parmi tous ces maillots de clubs posés sur des épaules de pistards !
A quelques minutes du départ, Lio avoue à Nicolas « je vais profiter de la course car je pense pas revenir, qu’est-ce qu’on fout là ? ». Fébriles et peu confiants, les deux potes s’avancent aux 300m. Le starter aligne les petits cadets, les ancêtres et même un mec qui a l’air de sortir de son canapé avec la télécommande dans son slip. « A VOS MARQUES ! », « PAN ! », c’est parti, placé à la corde au départ, Lionel essaye de partir vite mais se fait enfermer, Nico est un peu devant lui. Fracture attend dans le peloton une occasion de déboiter pour repasser devant, après 200m il a enfin une opportunité de se décaler et de revenir se placer aux avants-postes, il relance la course. A 800m de l’arrivée, un concurrent place une mine, on se demande s’il va pouvoir tenir à ce rythme mais cette accélération a le mérite de dynamiser la course. On entend les coachs qui gueulent sur le côté « T’es dans une série qui va vite, accroche-toi ! », ah ouais ? T’es vraiment sûr de toi coach là ? Lio trouve que tout le monde s’endort un peu, il avait prévu de remettre un dernier coup dans les 300 derniers mètres mais il relance juste avant d’entrer dans le dernier tour, la cloche sonne, son mollet tient le coup alors il prend ses responsabilités en se mettant en tête de la course. Dernière ligne droite, est-ce que ça va revenir derrière ? Est-ce qu’il va sauver l’honneur et remporter cette série de l’enfer ? Non ! A 50m, quelqu’un passe à l’intérieur, il ne ferme pas la porte. Putain !! C’est cet enfoiré de Nico qui vient lui ravir cette victoire de prestige ! Mais bordel quel plaisir de signer un doublé pour la première course sur piste du Sampaix Racing !!
Chrono en 4’37″92 pour Nico et 4’39″25 pour Lionel, pas mal pour une découverte et pour une reprise ! Ils prouvent qu’ils avaient leur place dans la série 7, un peu moins mal fréquentée ! Superbe Ambiance ce soir à Saint-Maur, il fait beau, il y a du monde, Jean-Louis Esnault de l’EA St Quentin En Yvelines, 76 ans, tape le record de France du 3000m en catégorie M75 avec un temps de 11’57″47 soit plus de 15km/h ! En fait on va très vite revenir même si c’est pour affronter les plus terribles des séries !