Encore un dimanche matin à se geler les couilles sur une ligne de départ, il fait froid en ce 23 octobre 2016 à Vincennes. Lionel a donné rendez-vous à Sébastien des Barbès Runners, tous les deux alignés sur ce Semi du Bois de Vincennes, dans la même galère mais ils l’ont choisi. Du monde mais moins que pour les évènements monstres que sont les 20K de Paris ou le 10Km Paris Centre, on retrouve le parfum d’authenticité qu’on avait senti sur Paris – Versailles, la course à pied à l’ancienne, celle qu’on aime.
On attaque par un petit échauffement, très tranquille mais qui permet de se réchauffer car il caille sa maman. Tellement qu’on voit apparaitre de la vapeur de pipi quand on se soulage auprès d’un buisson. Seb voudrait taper un record sur semi, moins de 1h26, Lionel se teste en pleine prépa marathon, un peu dans l’inconnu, il veut faire moins d’1h25. Ils se mettent donc d’accord pour partir autour de 3’55 au kilo, on improvisera pour la suite.
C’est parti et c’est un peu le bordel, le premier kilo prend place au coeur du bois, dans des allées assez étroites, il faut jouer des coudes. Lionel est comme souvent excité en ce début de course, il cherche à bien se placer et prendre son rythme, un peu de slalom avant d’arriver sur une grande et large ligne droite qui lui permet de faire l’extérieur pour relancer. Quelques coups d’oeil dans le rétroviseur mais impossible d’apercevoir Séb et Arnaud qui l’avait rejoint au départ pour l’accompagner dans son effort. On repassera pour la course d’équipe. 3ème kilo en 3’45 à la montre, il va falloir se calmer pour ne pas péter.
Le parcours est assez roulant, ponctué de quelques faux plats montants ou descendants qui font un peu changer de rythme. Les jambes ont l’air d’être là, assez à l’aise, Fracture passe en moins de 39 minutes au kilomètre 10. C’est maintenant que les choses se compliquent. Il ne le sait pas encore mais Sébastien a lâché l’affaire au bout de 9km, fatigué, dans un sale jour, il préfère se réserver pour la suite de la saison. Lionel s’emploie pour ne pas faire pareil, comme au bout d’un certain moment dans quasiment toutes les courses la fameuse question « Qu’est-ce que je fous là ? » s’installe dans sa tête, suivie par une idée pas si débile que ça « Et pourquoi j’abandonnerais pas ? »… Il est maintenant en plein dans une course de résistance, heureusement le parcours est plutôt agréable et le soleil s’est ramené. Lio Fracture vise le ravito du 15ème, il sait que Nico l’attend sur place pour l’emmener jusqu’à l’arrivée.
On y est, il aperçoit la chevelure blonde de son pote et lui fait signe de loin pour qu’il se mette en marche. C’est le moment de débrancher le cerveau et de se laisser emmener par Nibrun, il donne ses instructions avant de déclencher le pilote automatique : pas plus lent que 4′ au kilo. Nico est d’un bon soutien, allure régulière et les petits mots d’encouragement qui font tenir. Les consignes sur le rythme sont respectées. Un petit groupe d’enfoirés rattrape le duo d’ordures du Sampaix Racing Club (dont ils sont les deux seuls membres), impossible pour Lionel de les accrocher même s’il les garde en ligne de mire. Dernier kilo en 3’50, Nico s’écarte dans la ligne droite d’arrivée, Fracture tente de sprinter, il sait qu’il peut passer sous les 1h22′, ça va se jouer à rien mais c’est raté, trop cuit sur la dernière partie de la course, 1h22’02 » au final pour ce qui est quand même un RP. Satisfaisant au coeur d’une prépa marathon, ça motive.
Un morceau de pain d’épices, une bière avec les collègues des Barbès Runners et direction la maison. Le temps est moisi en cette fin d’après-midi, ça donne une bonne excuse pour se caler dans le canapé à regarder la série Gomorra. Rien à foutre, le taf a été fait ce matin, petit soleil d’hiver, parcours roulant, organisation fluide, pas trop de connards de runners, merci au Semi du Bois de Vincennes, l’année prochaine on pète les 1h22.