Plus habitués à évoluer dans un univers urbain et à fouler les tracés de courses sur route, on a décidé d’envoyer à nouveau deux tocards de notre équipe en Andorre pour l’AUTV, histoire de trailer un peu. Si l’année dernière ce sont des penchants peu avouables qui avaient empêché Kevin et Jérémie d’être performants, cette année Benjamin et Lionel se sont eux aussi illustrés dans la nullité à cause de leurs corps de lâches. Blessés, ils en ont quand même profité pour tirer quelques leçons de leur périple pyrénéen.
1- Ordino n’est pas situé en Roumanie
Méfiez-vous de la proximité des drapeaux andorrant et roumain, alors qu’on pensait se rendre chez nos amis roumains, on a été très surpris au moment où on s’est rendu compte qu’on était en fait dans une petite principauté nichée entre la France et l’Espagne au coeur des Pyrénées : Andorre, 468m2, 85000 habitants.
2- Attention aux coups de soleil
Si pour une course sur route on a l’habitude de se passer de la crème anti-frottement sur les tétés ou entre les couilles, n’oubliez pas que le trail se pratique en hot montagne, il est donc fortement recommandé de vous tartiner de crême indice 50 pour éviter de finir brûlé au 3ème degré comme cet abrutis de Fracture.
3- Les ultra-trailers ne sont pas humains
170km / 13500m D+ pour la Ronda dels Cims, 112km / 9700m D+ pour le Mitic, 83km / 5000m D+ pour le Celestrail, 42,5km / 3000m D+ pour le Marato dels Cims, les chiffres parlent d’eux mêmes, les coureurs qui s’attaquent à ces épreuves sont des maboules et méritent votre respect rien que pour avoir osé se pointer sur la ligne de départ. Le français Nahuel Passerat remporte l’épreuve reine de l’AUTV en parcourant les 170km ponctués d’une quinzaine d’ascensions en 31 heures et 33 minutes ! C’est pas humain.
4- L’UTVA n’est pas une aventure gastronomique
Calée entre le Sud de la France et le Nord de l’Espagne telle une tranche de jambon AOC entre deux tranches de pain beurrées, nous vîmes la principauté d’Andorre comme une promesse culinaire sans pareil. À nous la cochonnaille montagnarde sauvage et la cervesa fraîchement tirée de fûts centenaires pour nous désaltérer en haute altitude. Notre déception fut aussi amère que l’arrière goût de la gastronomie proposée qui n’était pas sans nous rappeler la bonne vieille cantoche du collège, le petit vin de propriétaire un peu râpeux, mais sincère, en plus. Le message est clair, on laisse le plaisir à la frontière, on est ici pour en chier. Littéralement. (Exception ci-dessous pour les participants au marathon et à l’ultra-trail qui, grâce à leurs efforts, gagnent leur dose de gras).
5- La montagne ça vous gagne pas
Il est très con slogan « La montagne ça vous gagne ! » car il faut bien être conscient que la montagne est un milieu hostile. Températures extrêmes, terrain technique, souffle court, il vous faudra être entrainé et bien équipé pour vous lancer dans un défi de la taille de l’AUTV sinon tout ce que vous aurez à gagner sera au mieux de vous foutre en l’air une cheville, au pire de finir au fond d’un ravin.
6- Evitez l’appel du ballon rond
Pour les runners fragiles que nous sommes, il est essentiel de rester concentré sur les objectifs que l’on se fixe et éviter de se disperser autant que possible. Cela aurait pu être la leçon à tirer de notre précédente venue à l’Andorra Ultra Trail l’année passée, mais voilà, le cœur à ses raisons que la raison ignore. Aussi à J-2 de notre participation à la Solidaritrail, nous voilà pénétrant plein d’entrain la célèbre enceinte footballistique du F.C Ordino, champion de D2 Andorran 2013. La technique hésitante et le cuissot mal échauffé, Lionel Eczema évite de peu la fracture tandis que Ben Del Pipo est une nouvelle fois victime de son dos en papier mâché, l’obligeant à déclarer forfait sur ce qui aurait dû être son « grand retour sur le circuit international ».
7- De la color run à l’AUTV il n’y a qu’un pas
Un pas et quelques séances d’entraînements. Et quelques ambitions supplémentaires. Et un peu plus de matos aussi. Et une vraie envie de se tester très certainement. Si on ose comparer ces deux épreuves, loin de nous l’idée qu’un ultra trailer serait capable de courir une Color Run, nous ne souhaitons pas nous mettre à dos les participants de cette épreuve mythique où on se jette de la poussière chimique à la figure. Non par contre là où ces deux communautés se rejoignent et peuvent très certainement s’entendre se situe au niveau vestimentaire ou le fluo règne en maître. Si les raisons diffèrent, leur goût respectif pour les coloris voyants nous amène à croire que des ponts existent entre ces deux profils de runners et que nous pourrions très prochainement les voir s’envoyer des sacs de terre colorée dans la tronche pendant 170km à plus de 13.000 mètres d’altitude. Bienvenue au Color UltraTrail !
8- C’est beau
Y’a pas à dire, la montagne d’Andorre est vraiment belle, les coureurs gravissent le sommet le plus élevé de la Principauté, le Pic de Comapedrosa (2942m) et découvrent d’autres sites d’exception comme le Pla de l’Estany, la vallée de Madrid-Perafita-Claror, les Pessons et la vallée de Sorteny. On vous cache pas que vous verrez des paysages autrement beaux que ceux d’un 10K dans une zone industrielle.
9- Ascension et descente, la difficulté n’est pas forcément là où vous le pensez
On est d’accord avec vous, monter c’est pas une partie de plaisir, il faut s’employer, le souffle en prend un coup et ça peut être long mais admettez que vous pouvez grimper à votre rythme et vous aider de vos bras pour escalader. En descente, il vous faudra beaucoup de technique et de lucidité pour ne pas vous flinguer les chevilles ou vous éclater de tout votre poids sur le coccyx. Aussi, après plusieurs kilomètres de pente négative, vos genoux commenceront à pleurer à force d’amortir tous les kilos de votre corps. Rien n’est facile dans le trail.
10- Ça fait du bien
Ce qui est bien avec le trail c’est que malgré les complications évoquées plus haut, il est bien plus courant de marcher. A part quelques énervés qui jouent les premiers rôles de la course, tout le monde marche. Ce n’est donc par comme en course sur route où le fait de ralentir et stopper sa foulée est une vraie défaite. La philosophie du trail c’est se dépasser mais aussi profiter de la nature qui nous entoure. Parlons-en de cette nature, on l’a dit dans le point 8, c’est très beau et quel bonheur de s’évader dans les montagnes. Il règne pendant l’Andorra Ultra Trail un vrai esprit convivial, embarqué dans la même galère tout le monde s’encourage, les spectateurs sont admiratifs. De nombreux concurrents passent la ligne d’arrivée main dans la main avec un concurrent ou leurs enfants à l’instar de …. qui malgré la performance prend le temps de récupéré son bébé pour passer la ligne en le portant dans ses bras. Du grand sport !