Alors que la canicule bat son plein à la capitale, une partie de la team a décidé de se barrer dans le Sud Ouest pour voir si, par hasard, il n’y faisait pas encore plus chaud et, accessoirement, courir les mythiques 10km et semi-marathon du Porge. Pour info et histoire de pouvoir se la raconter à votre prochain apéro chipo-heineken, Le Porge est une commune un bled paumé qui se situe à la limite entre le Pays de Buch (pour la prononciation, c’est vous qui voyez) et le Médoc et qui compte 2 667 heureux habitants, soit 26,8 fois moins que Pessac, la célèbre ville la plus large d’est en ouest d’Europe selon les dires de ses résidents.
Qui a eu cette idée de merde un jour d’aller fouler le bitume du Porge?
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Si vous vous posez encore la question, la réponse est la même que pour la Reebok Winter Spartan Race : Idris. On ne saura finalement jamais bien comment le sosie non officiel d’Antoine Griezmann réussit chaque fois à convaincre d’autres personnes que lui-même de participer aux courses les plus pétées de l’hexagone. Cette fois, c’est sans doute le site internet des 10km et semi-marathon du Porge, www.courirpourleplaisir.net, qui a séduit les club des 4 : un bijou 2.0 d’ergonomie et de design.
Paul, qui a déjà ses lettres de noblesse chez Jolie Foulée, a quant à lui, réussit le coup de maître d’embrigader sa go, Marie pour courir les 10km… alors qu’elle n’avait jamais couru de sa vie. Un baptême de terre en quelque sorte. Chantal, tel un vieux singe à qui ont n’apprend pas à faire la grimace, a gentiment décliné la proposition pourtant ô combien alléchante de se taper 2 boucles de 10km en plein cagnard un dimanche matin à 9h pour boucler un semi-marathon. Car dans le mot semi-marathon, il y a marathon et merci, mais non merci PLUS JAMAIS.
Dimanche matin, réveil à 6h pour les 4 boloss. Le temps est aussi pourri que la twingo de Marie & Paul. Un petit-déj et 1 heure de route plus tard, la compagnie aperçoit le phare du Porge City, pourtant situé à 15 minutes de bagnole de la mer… Paul, qui regrette et n’assume plus si fort de se lancer sur les 21 bornes, nous annonce que la course est une course FFA label régional, qualificative pour les Championnat de France. Un détail que ce chameau d’Idris s’était bien gardé de dire. Mais après tout, avec l’expérience, on se serait douté qu’il ne fallait jamais faire confiance à un arabe. Marie qui pariait sur la participation de femmes fortes pour ne pas terminer dernière, n’est plus si sûre de sa stratégie, la définition de forte prenant d’un coup un tout autre sens. Chantal, snob et infecte, comme à son habitude râle, hurle au scandale « il n’y a pas de 4G?!!!?? », « ah non je ne bois pas un café dans un gobelet en plastique! », « euh attendez, y’a pas de sas de départ? », « non mais le plouc là-bas court avec des pompes de la saison dernière quoi… ».
L’heure fatidique de faire tourner la guillotine à boudin est arrivée mais manque de bol, un athlète masculin a élu domicile au fond de la cuvette, bloquant l’accès pendant une durée indéterminée encore aujourd’hui. Idris, qui n’est pas serein, s’agite un mouchoir à la main pour trouver un havre de paix et recycler le dîner de la veille.
L’heure du départ approche, Paul fait son kéké et briefe sa chère et tendre : « tu as interdiction de marcher. Tu marches, je te quitte. De toutes façons, je t’aurais rattrapée et doublée avant même que tu ne passes la ligne d’arrivée. » Tout le monde se met en ligne pendant que le speaker rappelle les règles élémentaires. Le silence se fait progressivement et c’est à ce moment que Pierrot, un vieux du tié-kar braille « Jacqueline!!!!! », se jette dans la foule et lance une bise soufflée du bout des doigts à sa gonz qui s’apprête à s’élancer sur les 10 bornes. A la bonne franquette, le coup de fusil est donné et les 3,7 participants s’élancent sur les routes du Porge bordées de Pin. Chantal s’accroche pendant 2km à Idris qui a retrouvé un pote du collège sur le départ; le monde est petit! Lassée, elle les lâche et poursuit son chemin plus tranquillement en matant les culs de devant. Les ravitos s’enchaînent à une vitesse folle avec, à la tête, des bénévoles sexagénaires déchaînées. Jamais on n’aura vu pareille organisation, ni pareille ambiance dans les rues de la capitale. Lors d’une épingle, Idris tend la main pour checker sa douce et « se trompe » en encourageant une autre brune, sous les regards assassins de Chanchan qui lui promet intérieurement une grève du sexe.
Comme dirait Passy, il fait chaud; le ciel s’est dégagé depuis le départ et le soleil cogne. Paul, qui entame sa seconde boucle, a les bonbons qui collent au papier. Las et passablement dépité, il est contraint de reconnaître qu’il aurait mieux fait de fermer sa gueule : il décide de s’arrêter aux ravitos pour tatcher les bénévoles et de repartir en marchant tranquillement.
Pendant ce temps, Idris qui a passé les 3/4 de sa course à se remémorer le bon vieux temps de ses 13 ans et demi, se souvient qu’il avait comme objectif de passer la ligne d’arrivée sous la barre des 45 minutes et accélère. Il passe devant la caserne des pompiers, bâtie en 1857 apprendra-t-on plus tard, et termine sa course en 43 minutes. Au Porge on ne s’embarasse pas de chichis : pour éviter que votre breloque prenne la poussière au fond d’un tirroir, la médaille est remplacée par une bonne bouteille de rouge! En voilà des gens civilisés.
Chantal, qui a la raie qui lui sert de gouttière, n’a aucune idée de l’heure qu’il est, et encore moins de son temps. Venue dans le sud de la France pour profiter du soleil, elle a couru en touriste, avec seulement sa chatte et son couteau. 2km avant la fin, elle accélère histoire de « finir plus vite » et à plusieurs centaines de mètres de l’arrivée, déclenche et part en sprint sous les hurlements hystériques du cheb venu l’encourager. Elle passe sous l’arche en 47’38, 9e place féminine, et réalise une belle performance : une Yohann Diniz buccale. « C’est bien, ça veut dire qu’elle a bien couru » répond Idris aux spectateurs inquiets. Comme Yoyo, Chantal est une battante. Elle fait s’essuie vaguement la bouche, fait demi-tour et repart chercher Marie qui arrive bientôt au bout de sa course. Tranquille et sereine, Marie arrive calmement, fière de ne pas avoir marché et de ne pas s’être fait doubler par son homme. Après une photo officielle orchestrée par Mireille, la photographe du Porge (bon à savoir, Mimi de son petit nom, met gratuitement à disposition des participants, ses oeuvres. Un gros manque à gagner pour la Porgeaise, si en croit le reportage de notre envoyé Lionel Fracture dans les coulisses de la course à pied), Marie boucle sa première course en 1h02 ou 03, sa puce étant à l’image de sa caisse, toujours aussi pourrie. Comme quoi, la chance du débutant c’est surtout pour les autres.
Pendant que Paul galère à boucler son semi, Idris, Chanchan et Marie squattent le ravito final; Idris tente de pécho les bénévoles chargées de remettre les bouteilles-médaille et se fait prendre en photo avec elles, Chantal se venge en discutant avec les pompiers du coin et Marie prépare calmement les vannes destinées à son gadjo en encourageant le 1er finisher du semi qui courait en Kalenji : bravo le veau!
Paul finit par arriver, escorté d’Idris qui, fidèle à lui-même, lui hurle dessus et tape dans ses mains en guise d’encouragements. Il termine son semi en 1h35 loin derrière son objectif : « Course de merde. J’ai détesté! Plus JAMAIS, plus JAMAIS je fais un semi sous 40 degrés et avec une boucle! PLUS JAMAIS!!!! ».
Peu importe, l’heure est à l’apéro (10h45) : des bières, des gauffres au Nutella, les pieds pleins d’ampoules dans le sable sur la plage. Le Porge, les Porgeais, et surtout les Porgeaises, on vous a kiffé, on revient l’année prochaine foutre le bordel et gratter des podiums.