Lors de notre passage en Bretagne, on a entendu parlé d’un groupe de mecs chauds qui faisait bien marrer les runners du coin. Sous le nom de Tempo Run Club, ces athlètes confirmés proposent des lives de course, des articles sur leur blog et même quelques accessoires tendances pour « répandre la pratique du Tempo Run, promouvoir la giclette, supporter les seuillards et sortir les babines ». On a décidé d’échanger avec eux sur leur relation à la course à pied pour savoir si comme nous, ils détestaient ça.
C’est qui, c’est quoi le Tempo Run Club ?
Le Tempo Run Club c’est avant tout une bande de copains fans d’athlétisme. Nous sommes 15 licenciés dans différents clubs de Bretagne : Haute Bretagne Athlétisme (Rennes), Stade Brestois et CIMA Pays d’Auray. On avait tous une vision un peu fun/jeune/décalée, appelez-ça comme vous voulez de l’athlétisme, et c’est l’arrivée d’athlètes brestois à Rennes qui a déclenché le concept… On se croisait déjà depuis quelques années aux compétitions mais c’est à une soirée après le championnat de Bretagne de cross à Plouay l’année dernière qu’on s’est vraiment rencontrés. Comme vous le voyez Plouay a une grande importance pour nous. Après cette soirée, certains Brestois ont créé une page Facebook « Babines » qui avait pour but de répertorier les plus belles photos de « babines » donc, à savoir les plus belles têtes tirées par les athlètes quand ils donnent tout et sont en souffrance. Quelques temps plus tard, un footing a été organisé à Rennes, l’un de nous a dit après la séance qu’il venait de courir un « tempo run des familles »… C’est parti de là, une page Facebook fut créée à l’occasion de la course Run’Insa à Rennes et finalement l’équipe de « Babines » a fusionné avec celle du TRC.
8 mois plus tard, on compte 1700 abonnés sur Facebook, 1300 sur Instagram c’est allé vite ! On a toujours le même credo : promouvoir notre passion, l’athlétisme, sur un ton qui se veut drôle, second degré… On veut être sérieux dans notre sport sans se prendre au sérieux ! L’athlétisme c’est un sport difficile, alors autant rigoler un peu !
Ça a l’air de courir vite dans votre groupe, c’est quoi vos spécialités et les chronos de référence ?
On a des athlètes qui vont très vite d’autres un peu moins, le but il est de progresser ensemble, de se soutenir, de se tirer vers le haut… Il y a une vraie émulation au sein du groupe et on ne compte plus le nombre de records qui ont été battus depuis la création du TRC. On a des coureurs de tout type mais avec une exigence : on pratique l’athlétisme (piste, salle, cross). Nous avons ainsi des coureurs de 400, de 800, de 1500, de 3000m steeple, de 5000, certains font aussi du triathlon, on fait presque tous du cross… Dans notre groupe il y a en effet des athlètes de haut niveau : Yakoub Delhoum qui fait deuxième aux Bretagne de cross l’année dernière, Benoit Barré troisième des championnats de France N2 sur 800, Maël Sicot qui a participé aux France Elite de 3000m steeple aux côtés de Yoann Kowal notamment… Ca rigole certes, mais pas que…
Vous avez l’air d’avoir une relation particulière avec les séances de seuil, pouvez-vous nous en parler et dans un premier temps expliquer ce qu’est le seuil pour les faux coureurs qui vont lire ces lignes ?
Aaaaah le SEUIL. Nous aimons l’écrire en majuscules parce que c’est un élément important de l’esprit TRC. Le seuil c’est une façon de courir, associée à l’endurance, qui correspond à une allure qu’un coureur peut tenir longtemps, voire très longtemps… C’est donc une notion qui varie selon les coureurs mais qui reste tout de même associée à une idée d’aisance, d’endurance intense. Nous ne dirons pas que la vitesse est l’opposée du seuil mais ce n’est certainement pas un synonyme. Au sein du TRC nous sommes très axés demi-fond et le seuil fait partie intégrante de notre entraînement quotidien. De là est né le concept de « seuillard » à savoir ce type de coureur qui adore courir longtemps, faire des séances à rallonge, et qui déteste le sprint parce qu’il n’a plus aucune fibre rapide. On a écrit un article sur ce qu’est un seuillard, nous invitons vos lecteurs à le lire. Nous le seuil nous fait rire, pour partie parce qu’on aime bien ce mot et surtout parce qu’on adore courir… C’est devenu un peu notre marque de fabrique. Si on devait vous illustrer une séance typique de seuil ce serait 3x3000m à 80% de votre VMA (vous devez être aisance !)
Vous avez un vocabulaire particulier, pouvez-vous nous le traduire un peu, c’est quoi les « babines », les « belous », la « giclette », la « foulée de la pantoufle » ? On en oublie ?
En effet le lexique a une place très importante au Tempo Run Club… Beaucoup de personnes qui ne sont pas initiées et qui nous entendent parler entre nous ne nous comprennent pas, nous employons des termes très particuliers et ils sont nombreux. Ils ont tous leur petite histoire… « Babines » c’est vraiment parti de là, c’était aux interclubs en 2015, un copain avait fini vraiment mal sur une course et tirait une tête pas possible, la bouche ouverte… Un copain qui était dans les tribunes a crié « Mais regardez-moi ces BABINES ! » Ca nous a fait hurler de rire et ça a commencé comme ça… Après ça on a remarqué que les athlètes qui finissaient la gueule ouverte et qui « sortaient leurs babines » en course étaient en fait très très nombreux !
Le seuil on vous en a parlé, son alter ego c’est la « giclette », une autre façon de parler d’accélération ou de vitesse. Les sprinters par exemple sont des « gicleurs ». Ces personnes là courent souvent très bien, avec une attaque pointe de pied et ont donc rarement une « foulée de pantoufle », qui qualifie une foulée rasante, une attaque talon peu académique et peu propice à la vitesse a priori… Un type en pantoufles ne va pas très vite. Une autre expression née en course c’est « faire un pop corn » qui signifie « exploser complètement ». Par exemple un coureur qui part seul en tête et qui se fait rattraper par tous ses concurrents fait un pop-corn. L’image vient des grains de maïs qu’on met dans la poêle et qui sautent, qui explosent exactement comme ce coureur qui explose en plein vol.
Vous parlez de « belou » et ça a le don de nous plaire, c’est une expression pas forcément liée à l’athlé qui signifie en Breton « loubard, racaille ». C’est le père d’un membre du TRC qui l’employait et ce membre a un jour dit alors que nous étions tous ensemble : « on est vraiment une bande de belous »… Ca nous a fait rire et depuis on l’utilise, avec un sens plus affectueux que celui d’origine.
Ah et un dernier point, quand vous êtes au TRC vous ne dîtes jamais « J’aime » ou « Je n’aime pas », vous dîtes « Ca plait » ou « Ca dérange ». C’est important.
C’est quoi l’avantage de courir en Bretagne ?
On ne court pas tous en Bretagne, certains d’entre nous se sont expatriés pour raisons professionnelles mais le vrai plus de la Bretagne c’est que tu peux quand même assez facilement trouver de superbes terrains pour les footings : en forêt, en bord de mer… Et puis l’air est quand même moins pollué qu’à Paris. Après on peut dire que le public breton est vraiment fan de cross donc l’ambiance est assez folle lors des compétitions… La Bretagne c’est notre terre natale on y est attachés !
Vous faites quoi quand vous ne vous entrainez pas, vous vous voyez en dehors ?
Quand on ne s’entraîne pas… On rippe ! C’est le mot que nous avons choisi pour définir le fait de faire des soirées. Donc oui effectivement on se voit beaucoup en dehors car nous sommes avant tout une bande de copains. Comme on ne vit pas tous au même endroit, quand on se retrouve on a souvent très envie de s’entraîner ensemble mais aussi de ripper (faire la fête). Nous aimons le seuil et la bière.
Après même si on ne se voit pas on se parle tous les jours, on a une conversation ensemble sur Messenger, un groupe sur Snapchat, on se suit tous sur Strava… Donc on a toujours des nouvelles les uns des autres.
Quels sont les objectifs pour votre club sur 2018 ?
Comme nous l’avons dit précédemment nous ne sommes pas un vrai club FFA donc on ne peut pas dire qu’on a des objectifs en tant que club. Au niveau du TRC on veut continuer à grandir, proposer plus de lives, de meilleure qualité, plus d’articles, de publications drôles… On veut plaire à notre public et surtout pas déranger. On veut aussi que Pierre-Ambroise Bosse pose avec notre casquette et se faire racheter par Nike pour 50 millions d’euros (rires).
Plus sérieusement au niveau individuel on espère tous améliorer nos records personnels, aller le plus loin possible sur piste et puis en cross cette année c’est particulier… Les championnats de France ont lieu à Plouay, sur nos terres alors on veut y participer et bien y figurer ! Le Tempo Run Club veut faire parler de lui à Plouay et s’affirmer devant la France entière !
Chez Jolie Foulée, on déteste la course à pied parce que c’est fatigant, vous aimez vraiment ça vous ? Pourquoi ?
Ah oui nous on adore ça ! On est d’accord avec vous c’est fatigant, c’est dur, parfois c’est ingrat comme sport… Quand on a des séances de VMA du type 14×400 ce n’est pas facile c’est sûr mais quand on l’a fait on peut vraiment être fier de soi. Il y a une vraie satisfaction personnelle à se dépasser et à atteindre ses objectifs. Battre son record personnel, après des mois d’entraînement intensif, de dur labeur, c’est un sentiment d’accomplissement rare, de plénitude… Et puis le faire en groupe c’est encore mieux, se sentir poussé, encouragé par ses partenaires ça fait vraiment du bien. L’athlé c’est un sport individuel avec une immense dimension collective et nous pensons que c’est une vraie leçon de vie. C’est un sport qui t’enseigne que tout passe par le travail, et qu’ensemble on est plus fort, qu’en courant ensemble on parvient à se dépasser. C’est un sport qui permet d’aborder la vie de façon plus relaxée : quand vous allez prendre le départ d’une course, le stress est si intense qu’à côté de ça bien des choses dans votre vie professionnelle vont vous paraître plus faciles, moins angoissantes.
Et puis sérieusement, vous préférez rester assis dans votre canapé ou partir sur un petit footing au seuil avec vos potes ? Clairement, ça plait.
Ça aide de faire partie du Tempo Run Club pour pécho ?
Bonne question, on aimerait se dire qu’on a pas besoin de ça (rires) ! Aucun de nous n’a déjà pécho en disant qu’il était du TRC, par contre les chaussettes et la casquette plaisent aux femmes ça c’est indéniable ! De toute façon, nous sommes tous déjà mariés au seuil.
Chez Jolie Foulée, on a une devise qui est « se ravitailler c’est tricher » quelle est votre politique là-dessus ? Aussi on est contre l’échauffement parce que ça fait faire des kilomètres en plus, vous en pensez-quoi ?
Manger c’est tricher, c’est pas faux vous parlez de course à pied ? On ne court pas d’assez longues distances pour se ravitailler, sur 10 bornes en tout cas ça ne sert à rien qu’à perdre du temps… Après sur marathon c’est nécessaire. Ceci dit, une bière après l’effort ça permet de récupérer des sels minéraux et des acides aminés c’est important.
Et en ce qui concerne l’échauffement désolé les gars mais on est pas d’accord… Au contraire c’est de la borne facile et même si parfois tout seul c’est chiant il ne faut pas y couper. 30 min d’échauffement puis quelques gammes c’est idéal avant une séance, sinon risque de blessure ! Et puis ça nous fait faire 5-6 km facile ça rajoute des kilomètres au compteur, ça permet de faire le beau sur Strava et de faire des points sur SquadRunner (une autre application de course à pied). Il en va de même pour les footings de récup. Installez ces applis vous verrez et vous apprendrez à aimer le seuil
La prison pour les gens qui portent des shorts par dessus leurs collants vous êtes d’accord ?
Notre conseiller style Antoine Provost pourrait peut-être valider si c’est du Nike. C’est le genre de personnes qui dit qu’un athlète avec un t-shirt Adidas et une paire de Nike mérite la mort…
Mais c’est aussi un homme qui met un débardeur par-dessus une sous-couche alors…
On aurait donc plutôt tendance à dire que le short par-dessus le collant c’est un truc de mec qui va faire le beau à la salle afin de pousser de la vilaine fonte. Sérieux y a que là qu’on voit ça non ? C’est un truc de m’as-tu-vu qui se mate dans la glace en gonflant ses semblants de pecs, donc on ne valide pas. Mettez une casquette TRC plutôt (habile placement de produit héhé)
C’est quoi la meilleure tenue à associer avec des chaussettes TRC ?
Notre conseiller style Antoine Provost vous dirait encore des produits Nike, mais la majorité du groupe vous dirait que tout va avec les chaussettes Tempo Run Club. Vous pouvez certes les porter pour courir, pour faire du vélo, du sport en général (bon pas de la natation, ce serait chelou) mais aussi pour sortir. Succès garanti ! Elles vont parfaitement avec un costume, notre athlète Yakoub Delhoum les a ainsi portées à un mariage, et sont un atout non négligeable pour rentrer en boîte, les videurs les adorent. Noir et blanc c’est indémodable, aucune faute de goût n’est possible. Certifié par Karl Lagerfeld.
Merci de nous donner votre définition d’une jolie foulée et près on vous laisse tranquilles.
Une jolie foulée c’est ça :
Mais que vous ayez une jolie foulée ou non, seuillez, c’est bon pour vous.