Dimanche dernier, sous un temps bien british, Alassan est allé claquer un très solide 2:32:27 pour améliorer de presque 5 minutes sa meilleure marque sur marathon. On a posé quelques questions au petit prince et surtout meilleur coureur de Jolie Foulée.
Yo BG, tu as amélioré ton chrono de 5 minutes, quelle a été ta recette pour obtenir un tel résultat ?
Tout a commencé par une grosse remise en forme. Après le marathon de Copenhague en mai dernier j’avais mis la course à pied de coté, donc à la sortie de l’été j’étais aussi affuté qu’Eden Hazard. Par conséquent avec Nicolas (coach émérite), on a mis en place un plan pour que début 2023 je puisse reprendre un volume d’entraînement « ok » , c’est à dire 3/4 runs par semaine sans se péter. Enfin, il a fallu construire un plan qui colle à mon lifestyle, pas trop de kilométrage, caser du vélo et composer avec mes « voyages professionnels » à droite à gauche.
Je dois aussi avouer qu’il a fallu considérablement diminuer la bibine, pour courir vite il n’y a pas vraiment de secret, ces salauds dans les tutos ont bien raison, il faut bien manger, bien dormir, bien boire.
Une semaine type c’était 4 runs ( 1VMA + 1 sorties longue), 1 sortie vélo (3-4H), une séance de PPG et une séance de yoga. Il a fallu aussi caser la soirée des 10ans de JF qui m’a coûté une tenue (lunettes comprises), une semaine malade et beaucoup de dignité.
Peux-tu nous faire un débrief sur l’ambiance à Londres, c’était ton premier Major, ça fait la diff ?
L’ambiance est OUF, je m’attendais à un truc costaud mais à ce point, non… Il y a du monde du début à la fin, incomparable à ce que j’ai pu vivre à Copenhague ou Paris. Il y avait foule alors qu’il pleuvait des trombes et les Brit’ savent comment t’enjailler… Il y avait une douzaine de cheering zones. Ce qui est dingue c’est que même les premières vagues bénéficient de cette énergie, alors qu’à Paris par exemple il faut attendre le kilomètre 36 pour avoir une saucisse. Le tracé fait emprunter de grosses artères comme des rues étriquées où on peut ressentir l’effet « Tour de France » pour les nuls. Il y a forcément une diff sur le temps final, sans aucun doute. C’est la plus belle course que j’ai vécu (avec the Iron Mouette).
Tu es un grand fan de Karim Benzema qui comme toi vient de Bron, est-ce qu’on peut dire que c’est les 2h32 du peuple ?
Haha ! Je l’attendais celle-ci, oui c’est les 2h32 du peuple à ma façon. C’est un peu pour tous ceux qui me soutiennent autour de moi, je suis un peu un ovni dans mon cercle d’amis, et arriver à performer (à mon niveau) c’est une belle façon de les remercier. Petite anecdote : Abott étant partenaire des Majors et du Real Madrid, on peut avoir sa photo avec KB9 au salon du running.
Tes splits sur 5K sont impressionnants de régularité, est-ce que 3’36 était ton allure cible avant la course ? As-tu eu cette sensation d’être hyper stable dans ton allure au cours de la course ?
Depuis quelque temps je cours à la sensation, course et prépa comprises, je ne regarde plus trop la montre. Le plan initial comme je le voyais était de partir en 3’37 dans un groupe puis de voir comment la course allait évoluer pour hypothétiquement accélérer et commencer à « faucher ». Ce plan a été mis de coté très rapidement car je suis parti tout au fond de la première vague (qui contient en gros tous niveaux sub3). J’ai eu l’obligation de commencer le ramassage dès le km 0 et cela a duré jusqu’au km 42, donc je suis plutôt surpris d’avoir une aussi belle clean sheet sur les split. J’essayais quand même de passer les 5K en 18min et de m’y tenir.
Un mot sur les shoes, tu as changé d’écurie en passant de Nike avec qui tu avais couru tes précédents marathons à Hoka, un choix payant ?
Je pense qu’aujourd’hui Nike a perdu l’ascendant technologique que la marque détenait il y a encore un an ou deux.. Toutes les marques aujourd’hui ont leur paire carbon de compétition, il suffit de voir les podiums sur les courses. Selon moi maintenant porté l’Alphafly, c’est plus profiter de l’effet placebo mais je suis moins sûr qu’elle soit la paire la plus performante. Je n’étais pas convaincu par la Rocket X 2 de HOKA avant de l’avoir essayée sur une grosse longue et elle fait largement le taf. Il a flotté durant la course, c’était un choix gagnant de courir avec un empeigne « plastique » plutôt que du flyknit qui peut se gorger d’eau (c’était évoqué comme une des raisons de la contre perf d’Eliud sur Boston).
Comme les plus grands, tu masques le contenu de tes entraînements sur Strava, peux-tu nous dire pourquoi ? Vas-tu dévoiler un peu plus de ton intimité d’entraînement à tes fans pour Berlin ? Quel sera l’objectif là-bas ?
Je m’inspire des plus grands pour des résultats médiocres. Honnêtement, je cours pour moi, si le contenu de mes séances intéresse vraiment quelqu’un, je l’invite à demander un plan d’entraînement à Nicolas. Je préfère rester dans mon coin avec mes séances ratées. L’objectif de Berlin est comme celui de Londres, essayer de battre mon record. Là tout de suite, je préfère ne pas penser à Berlin et profiter de la belle météo parisienne pour rattraper le temps perdu dans les rades !
