Samedi 16 Avril 2016. La date du semi-marathon de Belgrade était cochée sur le calendrier des pompiers depuis de longs mois. Jolie Foulée a envoyé deux membres de la team pour représenter les valeurs de fraternité et de partage de la France avec les copains du Paris Runnig Club. Jérémie pour faire un chrono. Guillaume pour prendre des photos. Ils retrouvent sur place Louis, Romain, Alexandre, Constance, Renan, Jrm et Victor. Eux aussi ont répondu à l’invitation de Nikola, le Captain de BURT – Belgrade Urban Running Team – qui a organisé ce week-end Bridge The Gap pour faire évoluer la culture running en Serbie. Et nombreux sont les clubs qui ont répondu à la pelle : Berlin Braves et Run Pack (Berlin), Bridge Runners et Black Roses (NYC), Gorky Park Runners et Moskva River Runners (Moscou), Mint Running Club (Saint Petersbourg), Red Snakes (Milan), Running Junkies et Patta Running Team (Amsterdam), Run Dem Crew (Londres), 442 Crew : Zagreb Runners + Belgrade Urban Running Team, Ssideline City Run Club (Stockholm), Nbro Running (Copenhague), Kosu Kuvvetleri (Istanbul), Runfleet (Hambourg). Après de petites escapades nocturnes que nous tairons dans cet article, les tricolores éteignent les lumières de l’appartement un peu trop tard pour s’octroyer quelques maigres heures de sommeil.
Un bon bol chévique
Le réveil sonne à 7h30. Il ne faut pas traîner au lit car les places aux toilettes sont rares et donc très courtisées. La température est déjà de plus de 20 degrés, il faut s’attendre à ce que la course se transforme en pugilat, avec des montées redoutées des locaux. Victor commence à baliser sévère, lui qui ne supporte pas la chaleur, et tanne ses co-locataires pour faire des photos de touristes afin de faire retomber la pression. Étirements, cul-secs d’eau, toutes les techniques sont bonnes pour se préparer au combat. Après avoir bu la potion magique de coach Renaud Longuèvre cinq jours précédant la course, Jérémie se sert quant à lui un verre d’aspirine, pour fluidifier le sang et au passage doper ses performances. La troupe se rassemble sur la place Nikole Pasica, là où s’érige la tente Bridge The Gap. Tous les clubs sont au rendez-vous. On attache le dossard, on salue les copains qui ne parlent pas la langue, et on fait un joli sourire pour la photo de famille. Les premiers fumigènes sont craqués, l’instant entre dans la postérité. Tel Didier Deschamps en 1998, Jrm mène l’échauffement. On répète les gammes, pas avec coordination, mais toujours avec détermination. On entonne ensuite une Marseillaise devant les Gorky Park Runners. Prêt à partir au combat.
Fils du calvaire
Tuniques du PRC ou maillot de l’Équipe de France sur le dos, la team finalise la technique de course dans le Patricia Sas de départ. Alex, Jrm et Victor vont partir pour moins d’1h30, Jérémie et Renan visent du 1h35, tandis que Louis et Romain préfèrent adopter une stratégie beaucoup plus agréable, coller au cul des filles des Milano Red Snakes pour profiter des 21km. La course démarre sous un soleil de plomb. Avec une température de 27 degrés et très peu de parties ombragées, les premiers kilomètres annoncent déjà le supplice. L’allure est bonne dans cette première partie de course mais on se pose de sérieuses questions quand à notre capacité à tenir le rythme sur l’ensemble du parcours. Heureusement qu’une longue partie descendante nous redonne un peu d’espoir en nous amenant vers le nouveau Belgrade. Et ce nouveau Belgrade, justement, c’est loin d’être un cadeau. On emprunte d’immenses et interminables avenues, à la plus pure mode soviétique. Pas un pète d’ombre, pas un virage à l’horizon. Il faut être très costaud mentalement. Dans une atmosphère étouffante, la force dans les jambes commence à faire défaut. On est au bord de l’asphyxie. Heureusement que les organisateurs ont fait les choses bien en mettant des ravitos tous les 500m. Pour le plus grand bonheur de Louis et Romain, la course se transforme en un concours de Miss tee-shirt mouillé. iPhone à la main, Louis “Malache” contemple l’architecture bolchévique et essaye d’envoyer des Snaps en courant. Victor, Renan et Jrm, qui eux ne sont pas venus jusqu’à Belgrade pour faire du tourisme, commencent à salement piocher. Ne supportant pas la chaleur, Victor explose au km 12 laissant Alex et Jrm aux avant-postes. Jérémie le rattrape, l’invite à le suivre, mais il décline. On entrevoit les copains des autres clubs tout au long du parcours, notamment le courageux Wan Man qui court en leggings par 30 degrés.
Le dernier tiers du parcours ressemble plus à un combat de tranchées qu’à une course à pied. Des coureurs à l’agonie jonchent les bas-côtés des avenues soviétiques. À ce stade, c’est le mental qui fait avancer. Au pied de la bosse qui mène au tant attendu km 18.5, moment du Cheer Dem, Alex caracole en tête alors que Jérémie revient à hauteur de Jrm. Les gars de BURT ayant sorti le grand jeu, les coureurs sont acclamés par le crew déchaîné. Ça donne des frissons et un semblant de force pour se farcir les deux derniers kilomètres en montée. Et ces deux kilomètres, tout le monde s’en serait bien passé. 100m paraissent 1km. Les jambes n’avancent plus. L’air n’entre plus dans les poumons. L’esprit veut sortir du corps. Mais le corps ne veut pas. On ferme les yeux. On essaie de respirer. On essaie de passer ces deux putains de kilomètres de montée. Et on voit enfin la ligne d’arrivée. On est cuit. Cramé. Foutu. Mais ça y est. C’est fait. On peut enfin profiter du week-end.
Chrono de vacances
Heureux d’être arrivé au bout du supplice, on squatte la zone d’arrivée comme des Somaliens au McDo. Ça prend des photos, ça boit des bières sans alcool, ça se la racle avec la médaille. On est mieux là qu’une heure auparavant. En 1h22, Erwin et Yoshi des Running Junkies mettent une claque au chrono et se classent 14 et 15è sur plus de 3200 coureurs. Les Red Snakes sont aux avant-postes également, alors qu’Alex termine en tête du PRC en 1h33. Jérémie termine en 1h37, 155è place au classement et nouveau record personnel. Jrm passe la ligne en 1h39, suivi de Louis qui boucle sa promenade en 1h42. La claque, Victor c’est par la chaleur qu’il l’a prise. Pas de jambes et un chrono décevant de 1h47. Romain arrive en bonne compagnie après 1h49 de course, tandis que Renan achève le massacre en 1h51. Un parcours ultra-exigeant, une température accablante, les conditions n’étaient pas réunies pour récolter une pluie de PB. La course à pied est vraiment un sale sport. Heureusement que Belgrade ce n’est pas que le running. Et ça, nous vous le révélerons dans le prochain épisode. À ne pas faire lire aux parents.
Envoyés Spéciaux : Guillaume Blot et Jérémie Roturier