DAM TOT DAMLOOP 10 MILES À LA LOUPE

Dimanche 21 septembre, 4h30 dans une célèbre chaine de restaurant américain du centre d’Amsterdam, des double cheeses, quelques frites, un classique des fins de nuits enivrées. Pas la meilleure préparation pour Cedric et Lionel, ces deux prix Nobel qui se taperont demain les 10 miles soit 16K de la course la plus populaire des Pays-Bas, la Dam Tot Damloop. Une bonne demi-heure de marche et on arrive à Orteliusstraat, il est 5h30, l’heure de s’effondrer dans nos lits. Heureusement le départ de la course est à 13h56, d’ici là une seule consigne : de l’eau, de l’eau, de l’eau. Idée de génie ou simple geste anodin, boire un litre d’eau avant de se coucher fut sans doute le tournant du match qu’ils allaient jouer le lendemain.
Le réveil s’avère particulièrement difficile pour Ced qui se demande pourquoi il s’est engagé à courir un 16K un dimanche après-midi… D’autant plus que les effets de la soirée de la veille se manifestent. Il est temps pour lui de se rendre sur le trône. 15 minutes plus tard, il revient allégé d’un poids. Soulagé. Les ambitions sont bien modestes, il y a 5 jours, Lio ne savait même pas qu’il s’alignerait sur la course, Cedric en bon footeux ne vise pas un record, juste terminer devant les camarades de bureau, histoire de bomber le torse en arrivant lundi matin. On va surtout essayer de finir et de prendre un peu de plaisir.
Petit dej’ : eau, banane, eau, céréales, eau, smoothie, eau, eau, eau. Un menu inédit pour Cedric. Lionel s’inquiète. Son pote d’enfance doit encore être saoul. Il est 12h. Prêt, Lionel sautille, teste sa montre GPS, regarde avec admiration son dossard. Cedric est toujours en caleçon… Selon lui, il ne faut pas s’inquiéter, ils sont « larges ». Ni une, ni deux, Lionel se transforme en Angela Merkel et tance son Cedric Hollande de se dépêcher. En effet, rien à voir avec la course à pied mais Cedric possède un record du monde de trains / avions / bus / bateaux ratés. Déjà qu’on est pas très frais, pas question d’arriver en retard sur la ligne de départ.
On décolle pour Amsterdam Centraal où on retrouve quelques collègues de Ced. Trois blagues en anglais, 12 photos, on laisse nos affaires et on se dirige vers le départ. L’organisation est à la dutch : parfaite. L’ambiance est détendue, bon enfant. 13h52, une meuf (une star du coin ?) encourage la foule dans une langue inconnue et peu musicale, on ne comprend rien. Les locaux (locos) s’échauffent en dansant comme des idiots, ils ont un certain sens de l’auto-dérision. Rien à foutre des qu’en dira-t-on ! En vrais lyonnais, Lio et Ced resteront les bras croisés. 13H56, top départ, ça ne bouchonne même pas. Cette technique de départ par vagues étalées sur la matinée devrait donner des idées aux organisateurs de courses, quel confort de pouvoir courir dès le km 0.
C’est parti pour la Dam tot Damloop, une course de 10 miles (16,1 KM pour les bilingues) qui se déroule en septembre entre Amsterdam et Zaandam. Créée en 1985, l’épreuve fait partie en 2014 du circuit international des IAAF Road Race Label Events dans la catégorie des Labels d’argent. Comme la plupart des 44 000 participants, Cedric et Lionel n’avaient rien à secouer de cette distinction. Oui 44 000 participants, un sacré bordel cette histoire ! Il s’agit tout simplement de l’événement running de l’année chez nos amis hollandais.
« Ta course, la mienne. »
On se met d’accord pour une course d’équipe, à deux on sera plus fort dans l’adversité. On démarre tranquille, allure entre 4’45 et 5′ au kilo. On traverse la première difficulté, un tunnel d’environ 1,5km de chaleur moite sans trop de soucis. Le lendemain a l’air d’être moins difficile que prévu. On entre dans le troisième kilomètre, c’est à ce moment là que cet enfoiré de Lio Fracture décide de trahir son meilleur ami. Son genou tient le choc, ses jambes le démangent alors il s’envole. « On se retrouve vers les sacs », c’est ça ouais, batard. Abandonné, le Bakayoko de Bron comme le surnomment ceux qui connaissent ses qualités devant le but, se replonge dans ses souvenirs de sportif pour tenir le choc. Cette fameuse coupe du Rhône de foot en 2002, il était allé la chercher avec les tripes plutôt qu’avec ses qualités techniques donc il va faire pareil aujourd’hui.
Le bout du tunnel.
Devant lui, Judas avance à son rythme, allure entre 4’10 et 4’20, il faut slalomer entre les concurrents des vagues précédentes qu’on remonte easy. Les nombreux spectateurs disséminés tout le long du parcours rivalisent d’idée pour encourager les forçats du bitume. Fanfare, batucada, techno, déguisements, jets d’eau, éponges, gobelets, avec tout ce joyeux bordel on ne voit pas défiler les miles. Il y a même une chaîne TV qui tente d’interviewer les runners durant la course. Km 12, Cedric envoie gentiment chier un journaliste à moto (comme Bernard Hinault au tour de France). Quelle réponse attendait-il à la question « Hoe hat et ? » (« Comment ça va ? ») ???
Quel peut bien être le point commun entre un hollandais et un jamaïcain ?





















De temps en temps, des gamins tendent la main pour faire un check, on en tape 5 avec ces minis dutchs, un moyen comme un autre de se mettre dans la peau de John Mwagangi, vainqueur de la Damloop 2014 en 45’45 ». 46’46 » ça c’est le chrono de Lionel au passage au 10K. On s’en contentera largement. D’autant que chacun de leur côté, nos deux zouzous réalisent un beau « negative split » :

Lionel 1-5K : 24’28 » / 5-10K : 22’18 » / 10-15K : 21’54 »

Cedric 1-5K : 26’07 » / 5-10K : 25’24 » / 10-15K : 24’40 »

John a tout compris, pour gagner chez les Oranje, il suffisait de s’habiller en orange.
Soit 1h13 pour Fracture et 1h20 pour Ced Hollande, un chrono et surtout une course que ce dernier qualifiera de « pète sa mère ! ». Avec un départ prudent, on a réussi à terminer bien et à prendre un réel plaisir sur le tracé plat et agréable de ces 10 miles. Découvrir un Amsterdam en fête pour les coureurs est une excellente expérience. Comment ne pas être comblé en trouvant à l’arrivée un DJ qui diffuse « Everybody (Backstreet’s Back) » des Backstreet Boys et une buvette qui offre de la bière ? Tout s’est tellement bien déroulé que dans la navette retour en direction d’Amsterdam Centre, on planifie déjà de revenir l’année prochaine avec une team plus conséquente et des ambitions de chrono (et de soirée avant ou après la course) plus élevées.
Vilain geste.

 

 

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