Deuxième opus de la série de livres de la sublime boutique Distance (on dit ça en toute objectivité), FOU a été shooté par la photographe Wendy Huynh lors de l’édition 2019 de la Diagonale des Fous. On a posé quelques questions à celle qui découvrait à cette occasion l’ultra-trail et qui a suivi de près la course du team Asics.
Salut Wendy, peux-tu te présenter rapidement ?
Je suis photographe de mode et documentaire vivant actuellement à Londres, originaire de la banlieue Est de Paris.
Quel est ton rapport à la course à pied ?
L’endurance m’a toujours effrayée et j’ai fait plusieurs années de fake running : j’utilisais mon application Nike Running et prétendais me sentir satisfaite de ma course en regardant le parcours tracé, tout en sachant que c’était réellement plus de la marche que de la course… Mais je cours plus sérieusement depuis presqu’un an. Je me préparais à la base pour le départ à la Réunion et depuis, s’entraîner est devenu une petite obsession !
Tu as shooté le livre FOU à la Réunion à l’occasion du Grand Raid surnommé la Diagonale des Fous. Qu’est ce qu’il y a de si fou dans cette course ?
Tout d’abord les athlètes – il faut être un peu dérangé pour vouloir courir 166km à travers l’île, presque non-stop pour certains, avec un dénivelé positif de plus de 9600 mètres. Et puis la Réunion en elle-même : j’avais l’impression d’être dans six pays différents sur cette île en passant constamment du chaud au froid, des paysages secs à des zones humides. Les Réunionnais la surnomment « l’île intense » mais nous on l’appelait plutôt « l’île aux pirates » (d’autant plus qu’elle est encerclée de requins..).
Tu as suivi de près la course et la terrible déception de Benoit Girondel qui a été contraint d’abandonner. Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné ?
L’organisation autour de la course. Nous avons eu la chance de suivre Benoit et son équipe de ravitaillement – constituée de son coach, sa famille et ses proches – et tu te rends compte que le Grand Raid ce n’est pas seulement une course de fous mais aussi une préparation quasi militaire. Benoit avait un schedule précis de qui serait à tel ravito et à telle heure. Et les ravitaillements étaient tellement bien pensés, je me souviens de ce coach japonais qui préparait pour son athlète un petit pot-au-feu de nouilles.
Qu’est ce que tu aimes photographier dans la course à pied et le trail longue distance en particulier ?
C’était la première fois que je photographiais le trail longue distance et le rythme de la course m’a beaucoup surprise. Les athlètes ne courent pas vraiment mais marchent (rapidement) la plupart du temps. Le challenge c’était d’être prête à shooter au bon endroit et au bon moment sinon il fallait attendre assez longtemps pour pouvoir croiser un autre athlète. Et en même temps ce rythme me permettait de me rapprocher de ces sportifs, parfois même de leur dire deux trois mots tout en essayant de ne pas trop les déranger. Je fais à la base beaucoup de portraits et du documentaire, donc ce qui était intéressant pour moi dans cette course c’était de pouvoir prendre le temps de se rapprocher de ces athlètes, de les photographier pendant leurs pauses tout en gardant cet aspect social avec le sujet que je photographie – et pas juste mitrailler quand ils passaient devant moi.
Quelle est ta photo préférée du livre ?
Très difficile de choisir une seule photo. Il y a beaucoup de photos de paysages que j’adore (on a eu la chance d’être en hélico et pouvoir capturer des endroits magnifiques) mais peut-être celle de Benoit dans les bras de son père lors de son abandon.
Tu avais photographié notre athlète Nicolas Brun lors de son record sur marathon à Londres, peut-on définitivement dire qu’il est bel homme et photogénique ?
Absolument, beauté et photogénie au naturel !
Ta définition d’une jolie foulée ?
Une foulée légère, presque silencieuse.
Merci beaucoup Wendy ! Le livre FOU est disponible sur le site internet de Distance.