En chillant sur le net à la recherche de notre dose de course à pied et de vintage, on est tombé sur un site assez fou et très bien fourni en images, objets, gadgets plus ou moins ancien en rapport avec la course à pied. Interview « running culture » avec le très sympathique Jacques, collectionneur et créateur du musée virtuel de la course à pied : www.lepedestrian.org !
Jacques, peux-tu tout d’abord te présenter en quelques mots ?
Jacques, 63 ans, retraité SNCF. J’habite Rouffiac-d’Aude à 10 km de Carcassonne.
Mes passions : la course à pied, la lecture, le théâtre que je pratique en amateur, le chant dans deux chorales et un groupe, la calligraphie. J’aime aussi le calme, la nature, la montagne, la mer, les saisons, la déco, mon jardin d’agrément, les brocantes, le bon vin, le ciné, les concerts, etc.
Jacques travaille son bronzage.
On te rencontre pour évoquer le « musée virtuel de la course à pied » que tu as créé, peux-tu en dire plus sur ce concept ? Quels sont les objets que tu collectionnes ? Quand as-tu commencé ? Où les trouves tu ?
Dès que j’ai commencé à courir, j’ai éprouvé la nécessité de faire des recherches sur l’histoire de ce sport. J’achetais et conservais déjà tous les livres, revues et magazines récents édités sur la course à pied. Puis, j’ai eu envie d’acquérir des ouvrages plus anciens sur le sujet. C’est une visite chez le Sportsman, une librairie Parisienne spécialisée dans les ouvrages rares et anciens sur le sport qui fit office de détonateur. Une véritable caverne d’Ali Baba où l’on trouvait en vitrine de multiples petits objets ayant trait à différentes disciplines sportives. J’ai souhaité reproduire le même concept mais en me consacrant uniquement à la course à pied. Et me voilà donc parti à la recherche de tout ce qui concerne la course à pied : livres, revues, affiches, photos, cartes postales, timbres, pin’s, médailles, fanions, trophées, verres, assiettes, bouteilles, porte-clés, etc.
2 pin’s de la collection de Jacques.
Quelle était la première pièce de ta collection ?
A vrai dire je ne m’en souviens pas mais certainement une ancienne revue Miroir des sports ou la Vie au Grand Air (revue de la fin du XIXème siècle.
Avec ton musée on peut observer l’évolution des looks, de l’image, et du graphisme dans la course à pied, as-tu une période préférée ? Que penses-tu de ce qui se fait aujourd’hui ?
L’image de la course à pied a fortement changé au cours des siècles. Les jeux olympiques modernes de 1896 sont à l’origine des premiers élans du public en faveur de la course à pied. Les coureurs à pied ont toujours voulu se démarquer par une identité visuelle originale. Ainsi, les coureurs de la fin du XIXème siècle portaient des casaques de jokeys. On peut voir sur une gravure un coureur qui tient à la main une cravache avec laquelle il se fouettait les mollets pour avancer plus vite ! La mode vestimentaire a beaucoup changé dans les années 1970/1980 avec l’apparition de nouveaux textiles très colorés. La mode fluo a passé son temps et les couleurs d’aujourdhui sont plus classiques. La qualité technique des vêtements a fortement évolué, les prix aussi !
J’ai bien aimé la période « Spiridon », ce mouvement né dans la période de la mouvance 1968 où des organisateurs de courses ont mené une rude bataille contre la Fédération Française d’Athlétisme qui souhaitait cantonner la course à pied dans les stades. J’ai adhéré à cette idée de course nature qui se développe aujourd’hui avec des trails un peu partout. Par contre, je suis opposé à des courses soit disant festives style « La Frappadingue » qui ne sont à mon avis que des pompes à fric au vu des prix des engagements.
C’est un projet dans lequel tu as investi beaucoup de temps ? On dirait que tu as un peu de mal avec la création du site, sans vouloir te vexer car on adore le côté un peu désuet qui donne du charme à ton site.
C’est un projet qui m’a demandé beaucoup de temps tant dans la recherche des pièces que dans la création du site. Ce site a été crée par un copain avec Dreamwaever mais n’est pas du tout pratique au niveau de l’alimentation et de l’envoi sur le serveur, c’est très compliqué et très long. Je suis en train de rechercher un logiciel de création de site mais n’arrive pas à me décider. Si vous avez des idées, je suis preneur !
Bienvenu au musée.
Penses-tu à ouvrir un jour un musée en dur ?
Ce serait mon rêve en effet mais cela représente un investissement financier très important.
Si je te propose d’échanger ta capsule de bouteille de champagne « Marathon des sables » contre un dossard du 1er Raid International Jolie Foulée tu serais ok ?
Hélas, je n’en possède qu’un exemplaire et tu comprendras bien le déchirement sentimental que j’éprouverai si je m’en séparais !
Et contre l’assiette du semi-marathon de Nazaré 2007 ?
Là tu vas vraiment m’en vouloir car je suis au regret de te faire la même réponse que ci-dessus !!
Tu possèdes des portraits d’Alain Mimoun, une carte postale de Marie-Jo Pérec et des objets ayant appartenus à Dominique Chauvelier, qui sont tes athlètes favoris ?
Mimoun bien sûr mais aussi Ladoumègue pour l’élégance de sa foulée. Je ne peux que citer Dominique Chauvelier qui a eu la gentillesse de m’inviter chez lui au Mans pour m’offrir quelques belles pièces de ses records. C’est un grand champion qui a su garder toute sa simplicité et qui fait énormément pour la course à pied.
Je m’intéresse actuellement à des coureurs atypiques qui ont fait de la course à pied une vraie philosophie de vie, en symbiose totale avec la nature. Je pense bien sûr à Kilian Jornet et Emelie Forsberg, Anton Kupricha où la belle brésilienne Fernanda Maciel et son joli tatouage sur sa cuisse hyper musclée ! Ces gens là me font vraiment rêver car ils représentent la course à l’état pur.
Fernanda Maciel et sa cuisse musclée.
De ton côté pratiques-tu la course à pied ? Quels sont tes distances de prédilection, tes chronos ?
J’ai commencé la course à pied en 1984. J’ai couru pendant quelques années sans aucun objectif, juste pour le plaisir, jusqu’au jour où un beau frère qui courait en compétition m’a emmené sur une course de 15 km dans les monts du Lyonnais. Ça a été le déclic, depuis je n’ai plus arrêté. Au total, 388 courses au compteur (je vais fêter ma 400 ème en 2016 !), mais ce qui importe, ce n’est pas le nombre de courses auxquelles j’ai pris part ni les performances chronométriques (modestes par ailleurs !) mais les pays que j’ai pu visiter grâce à la course à pied, les rencontres que j’ai pu faire et l’enrichissement émotionnel que j’ai pu en retirer. Plutôt trail ou route ? Au cours de mes 33 années de vie en région Parisienne, j’ai beaucoup couru sur route, souvent dans le bruit, la pollution mais depuis mon installation dans l’Aude, je ne cours que sur des chemins. Je vis désormais aux confins de la Malepère qui est un magnifique terrain d’entraînement naturel avec de nombreux chemins sur des parcours vallonnés et donc exigeants. J’adore ce contact avec la nature et même si parfois les côtes sont dures à monter, la difficulté de l’effort est vite oubliée par la contemplation de la beauté de ces paysages.
Je n’ai plus vraiment de distance de prédilection. Longtemps, ça a été le marathon qui m’a permis de visiter de nombreuses capitales. Je cours désormais sur des distances variant de 10 à 25 km.
Mes meilleurs chronos sont très modestes : 40′ sur 10 km, 1h01′ sur 15 km, 1h28′ sur semi-marathon, 3h17 sur marathon et 10h30 sur 100km.
As-tu un évènement qui te tient à coeur et peux-tu nous conseiller une petite course de campagne par chez toi ?
J’en ai malheureusement raté un ce week-end qui me tenait à coeur, c’était le 30 ème anniversaire de l’Amicale Cheminote des Coureurs de Fond à Chamonix. J’en ai été secrétaire quelques années puis président pendant un septennat !
Il y a beaucoup de courses de village dans l’Aude (80 en 2016). Ce sont des courses très conviviales avec de petits pelotons (entre 100 et 250 coureurs en moyenne). Il y a toujours une remise des prix avec tirage au sort et apéro offert. C’est une règle chez nous ! Quelques courses proposent un repas d’après course.
On termine par la question légendaire de notre site, peux-tu nous décrire ton idée d’une jolie foulée ?
La jolie foulée ? C’est celle qui est malheureusement derrière moi et que je ne connaitrai plus ! Aujourd’hui, je me contente d’admirer les jolies foulées des belles coureuses Audoises que j’ai la chance de côtoyer chaque week-end (enfin, presque !) LOL
Merci Jacques pour la qualité des tes réponses, ce beau smiley jaune final et surtout pour le partage avec la terre entière de ta collection qui compte des objets insolites, drôles et inspirants.