Depuis bien longtemps, nous avions compris que la course à pied est un sport ingrat, qui demande beaucoup de sacrifices, et exige de se mettre minable pour atteindre les objectifs que l’on s’est fixé. C’est pour ces raisons qu’habituellement, Jérémie préférait aborder les prépas des marathons avec une approche diamétralement opposée. Faire des kilomètres oui, mais seulement quand il en a envie, et en gardant une hygiène de vie déplorable.
Sauf que cette fois, tout avait changé. Avec le marathon de Paris en ligne de mire, le coach Nibrun avait repris en main l’élève dissipé et lui avait conçu un plan personnalisé. Pour une fois déterminé à découvrir ce qu’est une véritable prépa marathon, Jérémie qui déteste pourtant la course à pied, s’était décidé à mettre toutes les chances de son côté pour venir à bout de son quatrième marathon. Plus une goutte d’alcool, des séances suivies à la lettre, une forme Olympique malgré un passage d’un mois avec d’intenses douleurs aux mollets, et un mental d’acier bâti le long des canaux Londoniens en pensant à la tôle qu’il allait se mettre à l’after du marathon, tout était réuni pour enfin venir à bout des 42,195km sans chopper de crampes. Tout ça, c’était sans s’imaginer que de l’autre côté de la planète un morfale décida de foutre tous ces efforts en l’air en croquant à pleines dents dans un pauvre pangolin qui n’avait rien demandé à personne avec les consequences que l’on connaît.
Comme les hommes mentent mais pas les chiffres, Jérémie s’est farci :
0 goutte d’alcool
1 legging troué à l’entrejambe qui a servi pendant toute la prépa
1 chute dans la boue
1 moral dans les chaussettes
2 copains d’entraînement : Adrien et Fédé
2 menaces proférées à l’encontre du coach Nibrun
2 mollets pétrifiés
3 kilos de perdus
3 coupes de cheveux
4 mois d’entraînement
4 crottes lâchement larguées dans les bois
5 paires de chaussures utilisées
28 séances NTC de renforcement musculaire
10 sorties longues
13 séances de fractionné
26 canettes de Coca Cherry bues en rentrant
21 sorties en-dessous de 5 degrés
33 séances au total
156 tours du stade Olympique de Londres
279,4 kilomètres
422 kudos reçus sur Strava
639 messages envoyés whatsapp au coach Nibrun pour débriefer les séances
1,944 minutes gâchées à courir, soit 757 fois la chanson Moulaga de Heuss L’Enfoiré et Jul
Et tout ça pour… rien. À quoi se tuer à la tâche en suivant le plan du coach Nibrun le gros fesseur* ? Ras le bob de la course à pied.
Vous l’avez compris, tout le plan on l’a fait. Jusqu’au jour où on s’est retrouvé confiné. On s’est alors arrêté. On l’a donc fait pour rien. Rien du tout. Donc s’il vous plait, faites comme nous. Arrêtez d’aller courir. Et ne pensez surtout pas que c’est une bonne idée de commencer la course à pied maintenant. Restez chez vous.
*Contrepèterie