KENENISA BEKELE NE PERD JAMAIS.

Une victoire en 2h05’04 » et un nouveau record de l’épreuve, Kenenisa Bekele a soigné son entrée dans le game du marathon à Paname. Après avoir remporté tellement de succès sur cross et sur piste, l’Ethiopien a fait ses grands débuts sur la distance mythique de 42,195km et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne s’est pas planté. Retour sur le parcours d’un athlète qui, comme Parker Lewis, ne perd jamais.

Jolie Foulée.













Bekele est le second d’une famille de six enfants, fils d’agriculteur, il grandit en Ethiopie dans les années 80 où le sport fétiche n’est ni le football, ni le bobsleigh. Inspiré par les héros nationaux, il se met à cavaler dès l’école primaire avant de connaître ses premières sélections sur cross quelques années plus tard accompagné de son frérot Tariku. Il connaît son premier podium mondial en 1999 sur 3000m chez les juniors, le premier d’une longue série.

Increvable, Bekele est le premier athlète à être sacré champion du monde sur cross long et cross court, il signe son premier doublé en 2002. Il remet ça en 2003. Sur piste, le petit Kenenisa (1m67 pour 55kg) apprend vite aux côtés des légendes Haile Gebreselassie et Hicham El Gherrouj. La même année, il décroche le titre mondial sur 10000m face à son compatriote Gebre, c’était déjà à Paris.























En 2004, Ken a seulement 22 ans mais n’a plus peur de personne, il commence par taper les records du monde du 5000 et du 10000 avant de décrocher aux JO d’Athènes respectivement l’argent et l’or sur ces disciplines. Gebre et Kipchoge sont dépassés, seul El Gherrouj conteste sa domination en lui ravissant l’or du 5000. Très humble et très pieu, le jeune athlète remercie le ciel.

Photo collector : Kenenisa n’est pas 1er.

























2005 sera pourtant une année noire. Amoureux et au sommet de sa carrière, le prodige va subir un drame terrible. Le 4 janvier 2005, Alem Techale décède dans la voiture de Kenenisa. Elle était athlète de haut niveau, elle avait 19 ans, elle était sa fiancée. Ils devaient se marier quelques semaines plus tard. Au cours d’un footing d’entraînement près d’Addis-Abeba, Alem s’est effondrée à cause d’un malaise cardiaque, malgré l’aide de son compagnon, elle ne verra jamais l’hôpital. Dans un pays où la tradition veut que l’on respecte un deuil de 40 jours, Bekele combat son chagrin à sa manière : en courant. Contre l’avis de son entourage il participe aux championnats du monde de cross à Saint-Galmier, nouveau doublé en or. « C’était très dur mais j’ai pensé à Alem. Je ne l’ai pas perdue, elle est dans mon coeur. »

Entre 2005 et 2009 l’Ethiopien ne laisse que les miettes à ses adversaires. Il améliore ses records du monde, obtient son onzième titre mondial individuel en cross, son cinquième sur piste et réalise le doublé 5000 / 10000 aux JO de Pékin. Arrive ensuite une période de blessures et de doutes, Bekele connaît la première défaite de sa carrière sur 10000m en 2011, contraint d’abandonné. Ses mollets et ses genoux le font souffrir, il n’arrive jamais à revenir au top niveau. Aux JO de Londres, il doit se contente d’une 4ème place sur 10000, une déception pour le champion qu’il est.

L’année 2013 marque son retour au premier plan, il se remet à tourner de gros chronos sur piste. En fin d’année, il se paye le luxe de dominer son prédécesseur et son successeur, Gebre et Mo Farah, à Newcastle sur 21K. Ken a retrouvé la forme et son finish. En remportant le marathon de Paris dimanche dernier il a confirmé qu’il faudra à nouveau compter avec lui. Tout seul pendant 15K et malgré un parcours qui ne fait pas partie des plus roulants (au contraire de Dubaï ou Berlin), il est devenu le 6ème débutant le plus rapide de l’histoire sur la distance. 2h05’04 » c’est 91 secondes de mieux que Gebreselassie, ancien recordman du monde et toujours détenteur du record d’Ethiopie, lors de ses débuts. C’est 101 secondes à aller chercher pour effacer le world record de Kipsang établi à Berlin l’année dernière. Pas de fausse modestie pour Bekele, il se fixe des objectifs dignes de l’athlète qu’il est : « Le record du monde et les JO de Rio sont mes deux objectifs sur le marathon. J’ai appris que ce n’était pas si facile, mais que ce n’était pas si dur non plus ». Quand on sait ce qu’il a déjà accompli et surmonté, on ne peut que lui faire confiance.
Jolie Foulée 2.

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