Désabusé par la course à pied, nous avons envoyé Saint Bernard en retraite spiritueuse pour qu’il retrouve la motivation de courir après rien. Un stage Sea, Sex & Run, tous frais dus, sur l’île de Marathon qui, à part le nom, n’a aucun lien avec ce sport ingrat. Reportage en terre in-courue.
Situées au Sud de la Floride, le zizi de l’Amérique, l’archipel des Keys est une enfilades d’îles tropicales regroupant tous les alcoolos du nouveau monde sachant vivre d’une canne à pêche ou d’un détendeur de plongée. Jadis une voie de chemin de fer surnommée l’Overseas Railway reliait les insulaires au continent. La légende raconte que pendant sa construction en 1905 les cadences de travail augmentant sans cesse les ouvriers se mirent à râler « What is this, a Marathon ?! » et le nom fut garder quand il fallut nommer la ville. Ces feignasses disaient vrai, le Marathon est bien la distance reine des casse-couilles.
Mais à Marathon, bien que tous les locaux soient techniquement des Marathoniens, personne n’en a rien a secouer de la course à pied. On croise bien quelques personnes du troisième âge qui font de la marche sportive en Brooks mais pas un seul joggeur à l’horizon. Il faut dire qu’ici le taux d’humidité avoisine les 70% toute l’année et que le thermomètre descend à peine en dessous des 20°C en hiver. Alors dans les Keys, on ne court pas, au contraire, on prend le temps, tout le temps qu’il faut. Située à plus de 9500km de son homonyme Grecque, l’île est un petit bout de paradis à des années lumière de l’enfer de la distance olympique qui porte le même nom. Ici la vie est douce et les couchés de soleil sont roses et l’on vit d’amour et de Margaritas fraîches.
« T’as fait quoi cet été ? »
« J’ai couru à Marathon. »
« Wow félicitations ! C’était pas trop dur ?! »
« Non, pas du tout. »