On était à Munich avec Nike au lendemain du terrible accident qui a emporté Kobe Bryant. L’ensemble de l’équipe de la marque au swoosh était encore sous le choc quelques heures à peine après avoir appris le décès de l’un de leurs athlètes les plus emblématiques. Matthew Nurse, le directeur du Nike Sport Research Lab, avait fait le déplacement depuis la fameuse Kitchen de Portland pour présenter la dernière nouveauté running : la Nike React Infinity Run. Sapé comme un chanteur de country, Matthew a rendu hommage à la passion et la détermination du numéro 24 des Lakers avec qui il avait collaboré sur de nombreux projets. Puis il a déroulé la présentation de ce nouvel opus de la React, concocté sur l’idée de réduire les risques de blessures. Une réduction de 52% d’après l’étude commandée auprès de l’université British Columbia. On a eu quelques minutes pour demander à Matthew Nurse des détails sur le concept de cette React Infinity Run.
1/ Bonjour Matthew, peux-tu te présenter rapidement pour nos lecteurs ?
Bonjour, mon nom est Matthew Nurse et je suis directeur du Nike Sport Research Lab.
2/ Peux-tu nous expliquer les évolutions entre la première React et cette React Infinity Run ?
Au lieu de créer une chaussure à contrôle de mouvements traditionnelle, nous voulions apporter aux athlètes à la fois protection et amorti, des sensations incroyables de stabilité et de relance. Nous avons donc utilisé la mousse React qui est très résiliente mais aussi très résistante, une des meilleures mousses que nous ayons jamais créé, nous avons utilisé plus de mousse, 24% de mousse en plus par rapport à la première React. L’enjeu était de ne pas créer une chaussure plus haute et plus tendre donc moins stable pour les pronateurs alors nous avons élargi la semelle pour apporter de la stabilité. Nous avons également tiré des enseignements du succès de la 4% et nous avons inclu un « rocker » pour une transition tout en douceur entre le talon et les orteils.
3/ Avec la Next%, Nike a réussi à vraiment créer une chaussure qui fait courir plus vite, est-ce que la promesse de moins se blesser sera aussi bien tenue par cette React Infinity Run ?
Je suis très confiant. Nous avons réduit le nombre de blessures selon les études mais le but final, sur le long terme, c’est de les éliminer complètement. C’est un immense challenge. La chaussure ne représente qu’une petite partie de l’équation à résoudre, nous en sommes donc au chapitre 1 et nous sommes très heureux de nos résultats mais nous savons que la clé pour ne pas se blesser est en fait la combinaison de nombreux éléments. Les chaussures jouent un rôle, l’entrainement joue un rôle, la récupération est très importante, le sommeil qui fait parti de la récupération également, la nutrition, etc. Nous continuons à faire des recherches dans tous ces domaines. Notre définition de la blessure est très large, nous espérons faire des avancées selon les différents types de blessures. Ce qui est passionnant avec les technologies que nous avons aujourd’hui c’est que nous pouvons étudier non plus un groupe d’individus mais chacune des personnes dans ce même groupe car tout le monde s’entraine différemment, ne suit pas le même programme, etc. Nous sommes très contents des résultats obtenus aujourd’hui avec la React Infinity Run mais il y a toujours des blessures alors clairement nous n’avons pas encore atteint notre objectif, nous avons encore beaucoup de travail.
4/ Qui sont les personnes qui ont testé la paire au cours de son développement ?
Le groupe de testeurs vient de l’Université de British Columbia, une institution avec qui nous sommes en relation depuis presque 30 ans, reconnue pour ses travaux sur les blessures, la raison pour laquelle nous avons fait appel à eux pour ce projet c’est qu’ils possèdent non seulement une excellente équipe de scientifiques mais également une large communauté de coureurs. Nous avons donc recruté un groupe composé de femmes et d’hommes, de niveaux très différents, aucun d’entre eux n’était un coureur élite, certains étaient de vrais novices, ils n’avaient jamais couru de semi, certains étaient en reprise, plutôt des coureurs moyens de tailles et de poids très variés. Cela contraste avec les études habituelles qui sont souvent basées sur les performances d’un homme jeune et athlétique mais qui ne représentent pas la majorité des coureurs.
5/ Nous avons récemment eu pas mal de problèmes aux chevilles dans l’équipe, est-ce que cette React Infinity Run peut-être une solution pour ce type de blessures ?
Je vous dirais de l’essayer c’est sûr. Nous savons que les blessures les plus fréquentes touchent les genoux et les chevilles, pour avoir des statistiques crédibles sur les différents types de blessures, il faut un certain nombre de gens qui se blessent. Quand nous faisons ces études, nous espèrons que personne ne se blessera mais on a aussi besoin que les gens se blessent pour identifier les types de blessures que nous parvenons à réduire et ceux sur lesquels nous devons encore progresser. Alors oui certainement je vous invite à tester la React Infinity Run et à nous donner vos feedbacks.
6/ Il existe encore des adeptes du minimalisme, Nike semble se diriger vers une tout autre direction avec des chaussures plus volumineuses, peux-tu nous donner ton point de vue ?
Nous avons toujours une offre minimaliste à travers la Free, le minimalisme a sa place chez nous. C’est une chaussure qui peut aider à renforcer les muscles du pied, son équilibre. Il y a eu une tendance pour le minimalisme et de nombreuses personnes se sont blessées, le corps humain a des capacités d’adaptation incroyables mais comme pour tout, il faut lui donner du temps. Les gens qui s’entrainent en chaussures minimalistes peuvent gagner en force, au-delà de la chaussure, un entrainement approprié est également très important dans la prévention des blessures. Ce n’est pas notre rôle d’être prescriptifs sur la façon dont vous devez courir ou le type de chaussures que vous devez adopter. Nous mettons différentes options à votre disposition.
7/ Notre team s’appelle Jolie Foulée, c’est quoi votre définition d’une jolie foulée ?
Question difficile ! Il n’y a pas vraiment de définition de la foulée idéale, il faut se sentir confortable. J’ai vu des marathoniens qui terminent entre 4 et 5 heures avec une foulée qui était entre la course et la marche, notre corps est excellent pour optimiser la dépense d’énergie, on pourrait presque dire qu’il est incroyablement feignant, il fait en sorte de dépenser le moins d’énergie possible. Si l’entrainement et les chaussures peuvent l’aider à aller dans ce sens alors vous serez en meilleure santé et vous irez plus vite mais votre corps est le meilleur indicateur pour trouver votre foulée.