Courir un semi-marathon en Tunisie était une invitation difficile à refuser alors quand Jean-Pierre RunRun proposa à Lionel de se joindre à lui pour aller à Tunis participer aux Foulées du Mégara, il n’hésita pas une seconde à lui répondre positivement. Au pays d’origine de son idole, le regretté DJ Mehdi, Il accompagnera donc des pointures du blogging running puisque Greg Runner et Jahom sont aussi de la partie.
Vendredi 25 mars, départ Orly-Sud 11h55, arrivée Tunis 14h20. Accueillis par Riadh le créateur de la course, notre guide Nabil et la télévision tunisienne, Jean-Pierre fait une déclaration importante « rien ne nous empêchera de couvrir les Foulées du Mégara ». Le ciel est couvert, les locaux sont en doudounes, on garde nos pulls car le Syrocco souffle un air frais. On part directement pour une visite guidée du parc archéologique de Carthage et on enchaine avec le magnifique village de Sidi Bou Said et son Café des Délices cher à Patrick Bruel. Un peu fatigués par la dimension intellecutelle de ce début de séjour, les bourrins de sportifs que nous sommes découvrons avec plaisir le confort de l’hôtel où nous passerons ces quelques nuits.
La journée suivante commence par un footing sur une plage quasi déserte, quelques pêcheurs en mobylettes chillent aux côtés de leurs barques. On petit-déjeune et on se dirige vers le site romain d’Oudhna pour admirer son magnifique amphithéâtre. Après un repas dans une ferme traditionnelle à la campagne, on demande à Nabil la permission de zapper la visite du Temple des Eaux de Neptune pour aller faire un tour du côté des inscriptions et du retrait des dossards histoire de s’imprégner de l’ambiance de la course. A la maison des jeunes de La Marsa, on retrouve donc l’équipe de bénévoles de Riadh. Pour cette 8ème édition des Foulées du Mégara, il y a pas mal de nouveautés. C’est la première fois cette année que la course est payante. Il existe peu de compétitions de course à pied en Tunisie et elles sont la plupart du temps gratuites. Dans le but d’améliorer l’organisation, il faudra désormais investir 5 dinars (soit environ 2€) pour courir. Cela permettra aux foulées du Megara d’être la première course tunisienne à bénéficier d’un chronométrage par puces électroniques ! Malgré ce tournant « commercial » peu apprécié par de rares coureurs locaux, le succès est au rendez-vous avec plus de 1000 inscrits sur le semi-marathon de la Marsa et quelques 4000 participants pour les 5km de la Marsoise, les deux épreuves qui composent les Foulées du Mégara. Désolé pour ceux qui pensaient que les Foulées du Mégara avaient un rapport avec Hélène Segara, Mégara était le nom antique du quartier qui accueille une grande partie des kilomètres parcourus pendant ces foulées. On rentre à l’hôtel pour se détendre avant les efforts qui nous attendent demain. Le rythme de vie est tunisien, il ne faut pas regarder sa montre. Hichem notre chauffeur n’est jamais pressé et cale quelques détours pour aller chercher son fils ou voir son frère à l’hôpital. Youssef le serveur de l’hôtel peut mettre plus de 30 minutes à nous apporter un plat mais toujours avec le sourire. Merlich, la Celta et le vieux Magon, la bière et le vin tunisiens, sont bons, on est là pour profiter ! Ça fait du bien de ne plus se mettre de pression. Avant d’aller nous coucher, Nabil tient à nous mettre en garde afin d’éviter que l’un de nous ne tombe dans un mauvais piège. Le piège c’est le sourire de cette jolie fille qui attend seule dans le hall de l’hôtel, notre guide appelle ça un « casse-croûte », « une fille pas comme il faut mais comme il en faut ! Allez bonne nuit ! ». Bonne nuit Nabil, demain il faudra se lever à 6h40 pour aller en découdre avec le bitume tunisien alors pas de casse-croûte après le poulet aux olives.
Putain de changement d’heure, les tunisiens ne s’emmerdent pas avec ces conneries, du coup, Lionel et Jean-Pierre se sont réveillés à 5h40 heure locale au lieu de 6h40 comme ils l’avaient demandé à leur iPhone. Pas grave, il fait très beau, c’est comme si Riadh pouvait commander la météo pour les Foulées du Mégara car l’année dernière déjà il faisait gris les jours précédant la course avant qu’elle n’ait lieu sous un franc soleil. Hichem nous emmène à La Marsa, on profite de l’ambiance festive et du joyeux bordel autour de l’arche de départ. Quelques photos avec le chameau sorti pour l’occasion, on observe la foule s’agglutiner vers la ligne de départ. Des vieux, des jeunes, des hommes, des femmes, des tenues multicolores et un échauffement proposé sur l’estrade par des coachs dansant une espèce de Zumba sur une techno bien dégueulasse. L’avant-course n’a pas grand chose à envier à une épreuve française, le folklore en plus. Innovation inédite en Tunisie pour ces 8ème Foulées du Mégara, des meneurs d’allure reconnaissables aux ballons de baudruche qui les entourent permettront aux coureurs d’adapter leur vitesse de course pour atteindre leurs objectifs « à la seconde près » promet le speaker. Juste avant le départ, une minute de silence et l’hymne national à la mémoire des militaires victimes il y a une semaine de l’attaque de Daesh contre une caserne du sud du pays nous rappellent que la Tunisie, comme trop de pays actuellement, est plongée dans une période difficile. Il y a un an, la course s’était tenue le lendemain-même de l’attentat au musée du Bardo. Cette année comme la précédente, Riadh a insisté auprès du maire de La Marsa pour que l’événement soit maintenu. C’est pour lui un signal envoyé aux assassins, leur dire que les tunisiens ne vont pas s’arrêter de vivre. Le terrorisme fait du mal à l’économie du tourisme au pays du jasmin mais être unis sur cette ligne de départ, c’est ne pas abandonner le plaisir d’être ensemble, le kif de se taper l’odeur de trans si particulière d’un sas de départ, de courir et de profiter du cadre agréable de La Marsa. Que ce soit sur une terrasse parisienne ou sur une ligne de départ à Tunis, il suffit de vivre. Le speaker lance le décompte collectif et on n’y pense déjà plus, place à la course.
Ça part fort, l’enthousiasme donne des ailes à certains. Lionel n’était pas loin de JP mais l’a perdu dans ce départ en fanfare. Greg et Philippe sont déjà aux avants postes. Si les équipements sont moins sophistiqués qu’en Europe, le niveau des concurrents à l’air assez costaud. Fracture rattrape Jean-Pierre et trace sa route. Les faux plats s’enchainent, il tente de maintenir le rythme autour de 4’05 au kilo. Vers le 4ème kil, un endroit permet de tricher en coupant quelques centaines de mètres, quelques malins en profitent sous les réprimandes des autres coureurs, chez Jolie Foulée, on appelle ça du « à la zob » et ça nous fait bien rire ! Même sans ses lunettes, Fracture garde Greg Runner et Philippe Jahom en ligne de mire, il a en tête l’objectif ambitieux de les rattraper. En attendant, il court avec quelques autochtones en Air Max 90 ou en crampons de futsal et il est impressionné de les voir garder le rythme avec ce genre de pompes aux pieds. On attaque maintenant une immense ligne droite, sous un cagnard dont on a pas l’habitude fin mars. Lio commence à souffrir de la chaleur, au passage au kilomètre 14, l’idée de retrouver Greg et Philippe n’est plus qu’une belle illusion, il rentre dans le dur de la course, ce guignol est clairement parti trop vite, il va falloir tenir. Il se met même à marcher quelques instants entre les kilomètre 14 et 16, un jeune qui courait avec lui depuis quelques temps l’encourage à ne pas lâcher. C’est à ce moment là que Fracture voit son ami Jean-Pierre arriver. Serein, JP RunRun fait parler sa régularité et son expérience et prend Lionel sur son porte-bagage. La fin du parcours est faite de montées et de descentes. En surchauffe, Lionel se balance des verres d’eau sur la gueule aux ravitos et demande à quelques gamins sur le bord de la route de lui jeter de la flotte, ça les éclate les petits enfoirés ! Dernière ligne droite, Fracture prie pour que Jean-Pierre ne place pas une mine, sa bonne forme du mois de septembre paraît bien loin désormais, pas sûr qu’il puisse répondre ! Mais ce n’est pas du tout dans l’esprit du vieux renard. Ils passent la ligne d’arrivée main dans la main en symbole de la belle amitié qui les lie désormais, leur chrono sera exactement le même.
Résultats de la course :
Sur un parcours exigeant et un lourd soleil, Wissem Hosni de la Garde National remporte la prime de course dans un chrono de 1h04min, psartek !
Mahbouba Belgacem, première féminine se classe 8ème au scratch en 1h16min !
Lionel / 69ème en 1h31
Les Foulées du Mégara resteront donc comme le souvenir d’une magnifique expérience, un voyage dans un pays aussi sublime grâce à ces monuments antiques et ces paysages sauvages que surprenant avec ses routes à 4 voies que les conducteurs locaux transforment en 8 voies et ces gens qui se baladent à pied entre le terre-plein central et la voie de gauche du périph. Une préparation de course au couscous quasi matin-midi et soir et un accueil des plus chaleureux partout où on est passé. On reviendra avec plaisir s’aligner à nouveau au départ de la course aux côtés de ces coureurs atypiques vêtus de bob, de maillot de la Mapei époque Paolo Bettini, en survet’ ou avec leur sac Eastpack. On évitera cette fois de se prendre une branlée par Greg Runner et par quelques jeunes tunisiens en chaussures de ville !
Merci à l’Office de Tourisme Tunisien et à Jean-Pierre pour l’invitation à ce séjour et cette course pleins de fraicheur.
Merci à Riadh, aux bénévoles et aux tunisiens pour l’accueil et la qualité de l’organisation.
Merci à Brice de Run Magazine pour sa bonne humeur et ses photos.
C’était pète sa mère.