Toujours prêt à rendre service et toujours partant pour de nouvelles aventures, Kevin a gagné au fil des années et de ses progrès le surnom de Kalchoge. Si ses goûts restent parfois douteux, on comprend à travers son interview qu’il revient de loin et qu’il peut aller encore plus vite.
Cher Kalchoge, peux-tu te présenter rapidement, d’où viens-tu, quel âge tu-as, ce que tu fais dans la vie, t’es plutôt entrée ou dessert, etc. ?
Bonjour à tous. Kevin, 29 ans, ça fait 10 ans que j’habite dans le 11ème. Je viens d’une petite commune dans l’Oise proche de Chantilly. J’ai toujours eu des passions de « Kevin » on ne va pas se mentir : Football, Jeux video et Rap français. Putain c’était tellement beauf à l’époque, mais au final si tu prends du recul aujourd’hui… C’est devenu « cool » de faire sa petite story au Parc, le Rap est la musique numéro 1 en France, et le jeux video n’est plus cantonné au petit puceau boutonneux. Chose que j’étais hein…
Comment es-tu passé en quelques années de gardien de but à marathonien ?
Dans l’Oise le running c’était comme l’escrime. Tu avais 2-3 personnes max dans la commune et le reste il fallait choisir son camp entre le judo et le football. J’ai fait un peu de judo vu que j’étais gros, mais ça faisait vraiment chier mon père. Les compétitions de judo faut l’avoir fait une fois dans sa vie pour comprendre l’enfer que c’est. Tu attends toute la journée au milieu de 100 gamins dans un gymnase qui sent des pieds, ton gosse fait 3 combats de 2min et il prend 3 branlées.
Non clairement il m’a rapidement mis au football, et j’ai joué en club jusqu’à mes 18 ans. Pourquoi gardien ? Parce que le terrain était grand. J’étais un sac donc on m’a mis dans les buts. À l’époque c’était courant de mettre le petit gros dans les buts. Vers 16 ans j’ai commencé le footing pour limiter la casse, c’était le début de Nike Running et franchement je kiffais les produits.
En arrivant à Paris, j’ai découvert les sessions du Run75Crew. C’est Nike qui a lancé ce truc des run clubs, et à l’époque c’était vraiment frais. Courir à 150 dans Paris, on était comme des fous.
Puis mon premier 10KM Paris Centre, organisé également par Nike. C’était le dépucelage des courses officielles pour tellement de monde cette course ! Je l’ai fait en 52’ en Free Run.
Et en 2015 premier marathon à Paris. Préparé comme un cochon quand j’y repense… terminé en 4h42.
On ne va pas se mentir, quand tu es arrivé chez Jolie Foulée, tu étais plus proche de la voiture balais que de la première moitié du peloton. Peux-tu nous rappeler ta progression chronométrique et nous expliquer comment tu as accompli tout ça ?
Alors comme dit plus haut, j’ai commencé avec 52’ sur 10K, 1h45 sur semi en 2015, et un mois après 4h42 sur marathon. Le problème, c’est que j’ai fait que des footing pendant des années.
C’est une fois au sein de Jolie Foulée que j’ai compris l’importance de faire du fractionné, varier les allures, etc. Comment veux-tu progresser en faisant juste des footing ? C’était complètement idiot.
C’est mi 2018 que j’ai compris ça, et j’ai vu la différence avec un 3h37 à Amsterdam. Cette course a été un véritable déclic pour moi.
Après ça, j’ai commencé à m’entraîner plus sérieusement et surtout suivre les gars le matin. Quand t’es nul et que tu cours avec Jean, Lio, Alassan & Nico, tu progresses forcément.
Début 2019 j’ai commencé à travailler pour Under Armour aussi. Ça m’a inculqué la culture du training et j’ai découvert Episod. On me charrie beaucoup avec ça car je parlais de cette salle en permanence mais en remplaçant des footings par des bootcamps (alternance de renfo au sol et sprints sur tapis incurvé), c’est là que je me suis vraiment affûté. Tu perds du gras, gagne en muscle. Le truc impossible si tu fais que du running.
Au final, je suis passé à 38’ sur 10K, 1h24 sur semi et 3h10 au marathon. Je suis hyper content, et j’ai cette soif de me rapprocher le plus possible du groupe de tête.
On a une telle émulation entre nous, ça me transcende en course. On s’encourage avant, mais si on peut baiser le copain… N’est-ce pas Thibaud.
En t’améliorant et en consommant beaucoup de Maurten, tu as acquis le surnom de Kalchoge, est-ce que Eliud est le modèle ultime pour toi ?
Franchement non. Je sais que les gars suivent attentivement ce genre d’athlète, mais moi ça ne me parle pas plus que ça.
Je vais être plus impressionné par des mecs qui font de l’Ultra ou les CrossFit Games. J’ai découvert ce truc sur Netflix, putain les mecs ce sont des machines. Et surtout, ils nous fument en course à pied ! Certains font 2h50 au marathon avec le corps de Captain America, respect.
Ton meilleur et ton pire souvenir depuis que tu es dans le team ?
Le pire, ce TFL que j’ai contracté en 2018. 5 mois de véritables galères, j’ai tout fait pour m’aligner sur le marathon de Copenhague. Mais il n’y avait rien à faire…
C’était ma plus grosse déception, voyager à l’étranger, sur la terre des NBRO, et être sur le bord de la route. Bon j’ai quand même étiré Jérémie qui avait des crampes au 28ème, c’était magique ce moment.
En repartant de Copenhague, j’avais qu’une obsession : y retourner l’année suivante pour m’ouvrir en deux.
Et c’est peut-être mon plus beau souvenir. On était 4 (Jean, Alassan, et Mathieu un pote de Nike), ambiance de feu entre nous, les NBRO fidèles à eux même niveau orga, un temps magnifique.
Je pars pour viser 3h30, et au final je termine en 3h10. Au 28ème kilomètre, les NBRO sont des centaines sur un pont avec fumigènes, musique à fond, confettis… Faut le vivre pour comprendre ! Je me souviens être passé en 4’00, c’était impossible de ne pas accélérer ! Une folie.
Puis à l’arrivée, ils se retrouvent tous sur une pelouse. Martini Expresso et bières à volonté, à 13h tout le monde était crucifié.
On y est retourné pour le Semi. Pareil, c’était génial. Objectivement les NBRO, c’est le club de Running qui m’inspire le plus. Ils dégagent réellement un truc, on n’a aucun équivalent en France.
En 2016 on a fait le marathon d’Athènes avec Jerem. J’arrive en surpoids total, genre 87kg bien gras, pas entraîné. On découvre en allant chercher le dossard qu’il y a 20KM de montée ! Et le reste en descente ou presque. Sur la course, je choppe le TFL des deux côtés… On m’avait vendu l’arrivée dans le stade Olympique, foule en délire et compagnie. Tu parles. J’ai mis 5h, il n’y avait plus un chat en tribune !
L’été dernier on a fait l’UTMB avec Jean aussi. Exceptionnel de bout en bout ! Suivre Xavier Thevenard dans la voiture de son assistance, je ne suis pas prêt d’oublier ce moment. Et le départ / arrivée de cette course, cette arche… La quintessence du Trail ! Ça m’a donné envie de faire la SaintéLyon.
Un énorme bourbier ce truc. On a eu des conditions dantesques mais quel souvenir ! J’ai pleuré bêtement au 60ème, tout seul en pleine campagne quand le soleil se levait. Plus rien ne pouvait m’empêcher d’être finisher.
Le point commun de tout ça, c’est le voyage. Partir en petit groupe avec cette passion commune et cette mentalité.
On vit de vrai bons moments.
Tu es un peu un acheteur compulsif mais si tu devais recommander un ou deux produits qui d’après toi t’ont vraiment permis de progresser ce serait quoi ?
J’avoue qu’à une époque j’achetais beaucoup, mais j’ai calmé. Je dois quand même être le meilleur client de l’équipe chez Distance !
Au niveau des paires, évidemment la NEXT, mais surtout la Zoom Fly ! Je suis tombé amoureux de cette paire, elle donne envie de se mettre le cul par terre à l’entraînement.
Et depuis 2 ans j’ai mon rituel : GatoSport le matin & Maurten en biberon jusqu’au départ. J’arrive chargé comme un cycliste.
A choisir, tu préfères que le PSG atteigne enfin la finale de la Ligue des Champions ou que tu passes sous les 3 heures en mettant 3 minutes dans la vue à ton principal concurrent Saint Bernard ?
De très loin la finale de la Ligue des Champions. Ça serait une consécration d’années de passion, et surtout d’émotions en tribune. Au-delà de l’attachement à un club, je suis attaché aux bons moments. Le fait d’aller au stade, retrouver les potes, boire des coups, me faire massacrer quand on marque…
Après les 200 derniers mètres d’un marathon me manquent terriblement. C’est un moment magique ! Peu importe le chrono.
Tôt ou tard je niquerai Thibaud sur Marathon.
On t’a récemment vu poser sous l’objectif d’Albin à plusieurs reprises. Est-ce que tu n’aurais pas rater une carrière dans le mannequinat ? À l’inverse de Cédric qui demande aux meufs si elles sont mannequins pour les draguer, est-ce que toi tu évoques cette facette de ta personnalité pour séduire ?
Ahaha Albin est un magicien aussi ! Je l’adore, c’est un régal à chaque fois que je le croise.
Le mannequinat c’est un autre level quand même. Par contre, c’est clair que j’utilise Jolie Foulée. Le côté sportif qui fait la fête a déjà plu.
En tout cas ça rassure, car tomber sur un mec qui te parle chrono et plan d’entraînement, putain ça doit être d’une angoisse. Sauf si tu es une FrontRunner tu me diras.
Balance nous un secret sur un des gars de l’équipe.
N’allez jamais aux toilettes après Jeremie ! On a bossé quelques années ensemble chez AKQA, c’est tout simplement un tueur.
Et le pire c’est qu’il laisse toujours une marque de son passage, au cas où l’odeur ne suffirait pas
Ta définition d’une Jolie Foulée d’après Kalchoge.
Je trouve que tout se fait au niveau de la traction. C’est peut-être pour ça que j’adore autant la Zoom Fly.
Il y a cette sensation de fluidité, ça déroule tout seul.
Je trouve que Nibrun représente bien ça.
Kalchoge et Jeannot.