1 – Ton boss
Des mois que vous échangez sur ta passion pour la course à pied et ton rythme d’entrainement. Encouragé (forcé ?) par sa femme, ton boss te demande de l’emmener avec toi car il a besoin de se « remettre en forme ». Bas de survêtement molleton et runnings devenues un modèle vintage depuis leur dernière utilisation, ça sentait déjà pas très bon pour le vieux à la sortie du vestiaire. Bien décidé à lui montrer qui est le patron sur la piste, tu pars comme une balle. A peine deux tours de stade à trainer ses kilos en trop derrière toi, le CEO jette l’éponge et te fait jurer de garder cette histoire secrète. Le choix entre une promotion ou une bonne rigolade entre collègues ne sera pas aisé.
2- Ta meuf
C’est magnifique ces couples unis dans l’effort, passionnés par le sport, qui s’aiment autant qu’ils aiment courir. Sauf que ça c’est dans les pubs ou sur les blogs. Dans la vraie vie, ta meuf n’est pas Christelle Daunay (qui a dit « encore heureux ! » ?), elle se traine et elle râle au bout de 400 mètres. Belle idée de merde pour pourrir ton dimanche ce footing en amoureux, après une bonne prise de tête chacun part de son côté : tu termines ta sortie, elle rentre faire le ménage. Il n’y a plus qu’à réserver un bon petit resto pour oublier tout ça puis confirmer la réconciliation au lit, un sport où grâce à sa technique et à ton endurance vous formez une vraie belle équipe.
3- Boost Bir Hakeim, Boost Pigalle, Boost Bastille, Boost Barbès ou n’importe quelle équipe Boost.
Les blasons de chacun des quartiers dessinés par Franck Pellegrino et arborés sur les tee-shirts par les équipes Boost sont très beaux. La réalité est bien moins jolie. Véritable regroupement de jeunes actifs nostalgiques de leurs années d’école de commerce (d’ingénieur ou de communication), les teams « Boost » sont constituées de foufous qui courent ensemble mais dont les réelles passions sont boire et gueuler. Le niveau sportif est aléatoire mais globalement assez faible. Point positif : lors des rassemblements il y a de l’alcool, de la bouffe et des filles en masse !
4- Tes anciens collègues de club
C’est bon la nostalgie mais attention à ne pas en abuser. De retour pour quelques jours de vacances dans ta ville natale, qu’est-ce qui t’a pris d’envoyer un sms à tes potes du club où tu courrais il y a quelques années ? Si toi tu essayes de t’entretenir en courant plus ou moins régulièrement, eux sont restés des machines qui bouffent 3 à 5 séances par semaine. Bref, on y est, dimanche matin 9h30 au parc comme à l’époque sauf que tout de suite, tu comprends que ça va pas le faire. L’allure de leur échauffement c’est la tienne sur un 10K en compétition, au bout de 800m la solution est évidente : simuler une blessure pour t’échapper. La prochaine fois, tu les inviteras à l’apéro, une discipline où tu es en mesure de leur faire mal.
5- Ton pote trailer
Il est sympa Bertrand et lui son truc c’est le trail (il prononce « traille »). Alors oui, c’est pas le plus rapide de tous, et sur les premiers kilomètres de la sortie c’était marrant de faire le malin en mettant du rythme pour lui montrer que t’es en cannes sauf que le trail ça veut dire longues distances et au bout de 20 bornes tu fais moins le fier. Bertrand, lui, il est pépère, 20K c’est son échauffement. Maintenant il va falloir serrer les dents parce que c’est lui qui connait le chemin du retour, tu lui demandes gentiment s’il est possible de rentrer un peu plus tôt ET de ralentir la cadence. Il est sympa Bertrand, et ta dégaine d’épuisé lui fait un peu pitié, alors il te dit « pas de problème, on est là pour se faire plaisir ! ». C’est ça ouais.
6- Le run75crew
Les Champs Elysées sont probablement le pire endroit pour courir à Paris, pas grave, le run75crew te donne rendez-vous toutes les semaines au Nike Store de la plus belle avenue du monde pour te joindre à une ribambelle de geeks de la course à pied. Précurseur, le run75crew a réussi depuis des années à rassembler des passionnés de la marque, de la course mais aussi les runners les plus chelous et les plus seuls de la capitale. Attention donc, tenter cette expérience c’est prendre le risque de se retrouver avec quelques nouveaux copains un peu encombrants sur le dos…
7- Tout seul
Courir seul c’est n’avoir personne pour te ralentir, pour te faire cracher tes poumons ou pour te casser les couilles. Courir seul c’est aussi le meilleur moyen de ne pas courir. Trop fatigué, trop stressé, trop chaud, trop froid, trop normal, la personne qui sait parfaitement te démotiver c’est toi. Et même une fois lancé, les baskets aux pieds, la tentation d’écourter la séance est si forte… Après tout, personne n’en saura rien, et puis dix minutes de footing c’est déjà mieux que rien. Une bonne photo Instagram et l’illusion sera totale auprès de tes followers, tu vas encore passer pour un grand sportif. Alors courir seul, est-ce que c’est vraiment courir ?
8- Ton chien
Pratique de sortir Médor pendant le footing mais bordel qu’est ce qu’il court vite ce clébard ! Tiré par l’animal, le rythme de la séance est élevé, au bout de 12km, les jambes sont lourdes et la lucidité bien entamée… Mais qu’est-ce qui lui a pris de piquer un nouveau sprint alors qu’on était presque arrivé à la baraque ? Complètement crevé, la laisse t’échappe des mains et le cleps se barre ! Impossible de le rattraper. Après deux heures de recherches infructueuses, tu t’es convaincu que finalement tu auras plus de temps pour toi même sans le toutou à la maison et que tu vas faire des belles économies en croquettes. Problème : il va falloir expliquer ça à madame…
9- Un coach
La course à pied est un sport de souffrance. Avant de pouvoir prendre du plaisir, il faut s’entrainer dur. Pour certain le plaisir consiste à se faire mal. Puis il y a le stade au dessus, ceux qui ont besoin de quelqu’un pour leur faire mal : un coach personnel. Payer pour entendre les pires théories sur son style de vie, la confiance en soi ou une obscure philosophie asiatique. Payer pour se faire hurler dessus. Payer pour se faire humilier. Payer pour trainer avec un mec au style plus que douteux (survet’, lunettes de soleil, chaine en or, baskets ou claquettes). Pour illustrer ça, on vous laisse avec un des plus grands coachs de la planète, Raymond la science, du grand art.
10- Un kenyan
Courir avec un Kenyan c’est comme défier Gérard Depardieu dans un concours de gros mangeur ou contredire Jean Tirole lors d’un débat sur l’économie mondiale : il faut être à moitié fou ou complètement con. On préfèrera donc observer les performances de Denis Kimetto, Ezekiel Kemboi ou David Rudisha à la télé plutôt que de faire la course avec eux.