L’autre soir, Elbek mon ami Ouzbek rencontré lors d’un voyage au pays de Tamerlan et du regretté Président Karimov avec l’Etoile Filante Ouzbèke, m’envoie un message sur Facebook grâce à la magie de l’internet : « Je vais participer au Trail du Chimgan ce samedi. C’est organisé par une fédération, première fois dans l’histoire de l’Ouzbékistan. Viens ! » Bon j’aime la course à pied mais quand même pas au point de réserver un vol de 8h avec escale à Moscou, faire une nouvelle demande de visa, et aller courir dans les montagnes. Je propose donc à la place à Elbek de raconter son expérience et faire découvrir l’Ouzbékistan sur Jolie Foulée. Le marché est conclu. C’est avec un plaisir non feint que nous vous parlons enfin de ce merveilleux pays.
Elbek, peux-tu te présenter rapidement ?
Je m’appelle Elbek, j’ai 22 ans, et je viens d’Ouzbékistan. Je suis étudiant en AES à Toulouse, actuellement je travaille avec mon père dans son agence de voyage à Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan. Je suis chargé d’éco-tourisme (cyclotourisme, marche à pied, tour botanique etc.) et logistique du transport touristique.
On avait couru ensemble au Trail du Somail à Prémian, est-ce-que c’est ça qui t’a fait aimer la course à pied ?
Oui, je garde un excellent souvenir de ces jours passés à Prémian, une expérience inoubliable ! J’ai beaucoup aimé la course, surtout l’ambiance très amicale grâce aux rencontres avec les gens du village. J’ai trouvé ça facile au début jusqu’à la première montée. Ensuite c’était vraiment difficile, j’ai même pensé arrêter mais heureusement on m’a passé du sucre avec de l’eau ce qui m’a redonné de l’énergie. J’ai pu tester mes capacités physiques et je suis très content de ma performance : 22è sur 73 pour la première course de toute ma vie.
C’est un sport populaire la course à pied en Ouzbékistan ?
Malheureusement non. Il y a peu de gens qui sont intéressés par la course à pied, même si ça le devient doucement de plus en plus. Le problème c’est que les courses n’ont pas la couverture médiatique dont elles auraient besoin pour attirer davantage de participants. Les gens qui s’inscrivent sont seulement ceux qui connaissent déjà la course.
Qu’est-ce-que c’est alors le Trail du Beldersay ?
Le Trail de Beldersay, c’est la course organisée par la Fédération Ouzbèke des Sports Extrêmes et son PDG Vladimir Zakirov. Elle a vu le jour grâce à l’initiative du nouveau Président pour développer le tourisme de montagne et inviter les Ouzbeks à redécouvrir leur pays. Cette course a lieu à 70km de Tachkent, au pied de la Grande Chimgan et à côté de la station du ski de Beldersay. Le parcours fait très exactement 8686m avec plus de 700m de dénivelé positif.
Comment t’es-tu préparé pour cette course et quel était ton objectif ?
Je fais du vélo et du jogging régulièrement, du coup j’entraîne mes jambes. Avant la course j’ai bu deux litres d’eau et mangé des fruits. Mon objectif était avant-tout de rencontrer les gens, et en particulier la légende vivante Grigoriy Trebisovskiy, guide de montagne le plus connu d’Ouzbékistan, qui est à l’origine de la culture des sports de montagne chez nous. Bon je me suis aussi inscrit car je voulais gagner la médaille.
Alors comment ça s’est passé ? Quel est ton classement final ?
On était au total une quarantaine de coureurs dans différentes catégories. Au début c’était très difficile avec une montée interminable. Pendant cette partie de la course j’ai marché environ 3 kilomètres. Ensuite la descente était assez dangereuse, avec plusieurs personnes qui sont tombées.
J’ai fini deuxième dans la catégorie d’âge des hommes de 20 à 29 ans. On était tout de même sept participants.
Sinon tu en penses quoi de l’élimination de l’équipe nationale d’Ouzbékistan pour la Coupe du Monde de football ?
C’est dommage mais nous sommes habitués. Notre équipe nationale termine toujours à la deuxième ou troisième place des éliminatoires. Mais bon, en vrai je m’en fous un peu.
Quel est ton meilleur souvenir de la course ? Et ton pire ?
Mon meilleur souvenir c’est la médaille, et le pire c’est quand je suis tombé sur le cul en voulant m’arrêter dans la descente pour aider une fille.
Tu nous conseilles de venir participer au Trail du Chimgan l’année prochaine ?
Vous êtes obligés ! Ce serait stupide de ne pas participer à cette course. Les conditions météorologiques sont idéales et les paysages magnifiques.
Quels sont tes prochains objectifs sportifs ? Tu as d’autres courses de prévues ?
Nous avons créé une groupe sur Facebook et Telegram (application très populaire en Ouzbékistan qui permet entre autres d’envoyer des messages cryptés) qui s’appelle Tashkent Runners, on y partage nos idées et on organise des rendez-vous pour faire de la course à pied ou du vélo ensemble. Pour le moment nous ne sommes que 29, mais ça grandit rapidement.
Pour cette année, c’est fini car il commence à faire froid en Ouzbékistan ! Toutefois il y a d’autres courses prévues pour l’année prochaine, je vous tiendrai au courant !
Pour terminer, explique-nous pourquoi nos lecteurs devraient absolument venir visiter l’Ouzbékistan ?
L’Ouzbékistan c’est le berceau d’une culture vieille de plus de deux millénaires. Le pays possède un fabuleux patrimoine artistique et architectural, héritage de l’histoire rude et fascinante de la route de la Soie. En termes de sites à visiter, le pays se classe largement devant ses voisins d’Asie Centrale. Si les mosquées, madrasa et mausolées éblouissants de Samarcande, de Boukhara et de Khiva impressionnent à coup sûr, il existe des destinations pour tous les goûts : la mer d’Aral en péril, les forteresses du lointain Karakalpakstan, Tachkent, la capitale en plein essor, et les monts Nourataou et Chimgan où se développe l’éco-tourisme. Vous pourriez visiter des bazars éblouissants, antiques citadelles du désert et merveilles naturelles largement méconnues.
Si vous n’êtes toujours pas convaincus, une raison supplémentaire c’est le peuple ouzbek qui conserve une gentillesse et un sens profond de l’hospitalité qui contribuent grandement à l’attrait du voyage.
D’un point de vue personnel, on ajouterait aussi le plov à la liste d’Elbek, spécialité culinaire locale que l’on recommande particulièrement juste avant de prendre le départ d’une course.