Nous l’avions découvert lors de l’édition 2013 de la Corrida d’Issy-les-Moulineaux. Micro au poing, Harry Bignon faisait fuser les punchlines pour nous ambiancer avant le départ de la course. Pas là pour narrer la conquête de la ville d’Issy par les Moulineaux en 1170 après JC, le speaker nous avait fait ce jour là forte impression au milieu de milliers de runners déguisés : « Ouaiiiiis le soutien-gorge te va super bien ! », « Vous êtes fatigués ? On n’est pas fatigué ! ». Harry mettra l’ambiance jusqu’au passage du dernier concurrent, parvenant à rendre la course palpitante même 1h45 après l’arrivée du vainqueur.
Si le Petit Robert définit un bignon par un « filet de pêche ayant la forme d’un entonnoir et placé à l’extrémité d’une grande perche », Harry n’est pas pêcheur, mais bel et bien Ingénieur Bancaire la semaine et Speaker le weekend. Nous tenions à vous faire découvrir notre animateur préféré pour qu’enfin, vous sachiez qui se cache derrière cette voix qui vous accompagne les dimanches matin. Personnage sympathique, humble, attachant, et au talent certain, Harry Bignon a gentiment répondu à nos questions un peu pourries. Nous l’en remercions sincèrement.
/ Bonjour Harry, tout d’abord peux-tu te présenter rapidement ?
Lol, wahou tu commences fort ! Je sais pas moi, que veux-tu que je te dises…
Bon j’ai 35 ans, passionné de sport depuis toujours. Tout d’abord nageur, puis coureur, et enfin speaker. Comme dirait une émission de TF1 bien connue, « Ici la voix » car des milliers de personnes ont déjà entendu ma voix sur des courses, mais tout le monde ne sait pas forcément qui se cache derrière cette voix. Je remercie des personnes comme toi, de proposer de mettre un visage, une personnalité sur cette voix, alors c’est avec grand plaisir que je vais répondre à cette interview.
/ Quelle était à la base ta relation avec la course à pied avant d’être le chef du micro ?
Athlète ! Sur des distances du 10km au Semi-Marathon, et aussi cross et trail court. J’ai gagné plusieurs titres départementaux (semi /10 000m piste), un titre Île de France en Junior avec un record en 34’17″ sur 10km, mais ça comme dirait l’autre c’était avant… Entraîneur (aussi) si ! C’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré mon épouse 😉
/ Qu’est-ce-qui t’a poussé à te lancer dans une carrière de speaker dans la course à pied ? Est-ce-que c’est Nelson Montfort qui t’a fait naître cette vocation ?
Mon club ! Le speaker FFA n’était pas dispo, alors ils m’ont demandé de prendre le micro pour commenter la course nature de La Montatou dans l’Essonne. C’est là que l’aventure commence ! Nelson, non, mais j’ai eu la chance de rencontrer Denis Brogniart, Marc Maury, les animations réalisées à leurs côtés ont été riches d’enseignements.
/ As-tu une préparation spécifique pour que ta voix soit prête le jour J ? Si oui peux-tu nous l’expliquer ?
Lol, non… Quoi que, en fait peut être que je la travaille tout le temps en fait, car dans mon autre travail (ndlr je travaille en tant qu’ingénieur bancaire) on me dit souvent « Mais qu’est ce que tu parles fort ».
/ Quelle course rêverais-tu d’animer ?
Amusant, figure-toi que lors d’une interview précédente j’avais répondu : « Les Templiers » et tu vois mon rêve est devenu réalité au mois d’Octobre dernier. Bon faut continuer de rêver dans la vie, alors à présent ce serait La course du Viaduc de Millau.
/ Peux-tu nous livrer ton meilleur et ton pire souvenir de speaker ?
Le meilleur, c’était d’assister à une demande en mariage, au 1er étage de la Tour Eiffel, lors d’une arrivée du 80km de l’Éco Trail. Le mec était à bout, rentrait très tard, pas loin des barrières horaires, mais il avait la bague dans son sac et il n’a rien lâché. C’est juste émouvant de présenter un tel moment !
Le pire est très dur, c’est celui d’avoir fait un jour une animation commerciale le 24 décembre pour toute une ville. Je devais avoir le sourire, faire gagner des bouteilles de champagne et des cadeaux par le biais de quizz dans des magasins tout en souhaitant un « joyeux Noël » à chaque personne que je voyais. Sauf que pour moi, ce matin-là mon père avait fait un infarctus et était dans un état grave à l’hôpital. Je m’apprêtais à vivre juste le pire Noël de ma vie. Mais voilà quand tu es speaker, tu n’as pas de remplaçant de dernière minute, si tu plantes ton organisateur il n’a pas de solutions, tu le mets dans la merde. Alors tu prends sur toi ! Devant tout le monde tu souris, et à l’abri des regards tu pleures. Des personnes qui m’avaient croisées ce jour-là et qui avaient ensuite appris cette nouvelle, m’avaient demandées si je n’avais pas de cœur. Si j’en ai un, mais c’est ça notre métier, savoir prendre sur soi et continuer !
/ Est-ce-que ça aide pour séduire les runneuses d’animer des courses ?
Lol, ça c’est comme les fantasmes des DJ ou quoi… Non, pas du tout, je pense que pour séduire les runneuses vaut mieux être le beau gosse qui fait un Top 10 parfaitement dessiné au niveau de son corps non ? 😉
/ Tu n’en as pas marre parfois de devoir attendre jusqu’à l’arrivée du dernier concurrent?
Tu sais quoi, non et je dirais même au contraire. En fait, je trouve ça important de citer une personne à son arrivée. Et aujourd’hui le running connaît un tel succès populaire qu’il devient impossible pour moi de citer les coureurs à leur arrivée tellement qu’il y a d’athlètes à la minute. Alors que vers la fin, je peux reprendre le temps de citer les athlètes, et lorsque tu annonces une personne tu vois alors un sourire sur son visage. Et tu vois pour moi c’est ça mon travail de speaker : donner le smile !
/ Quels conseils pourrais-tu donner à un jeune qui souhaite se lancer dans le métier ?
De prendre son temps, de respecter ses pairs, d’être chaleureux avec les coureurs et de le vivre comme une passion. Moi j’ai toujours dit faut profiter du temps où l’on a le vent en poupe, prendre son temps, travailler, toujours s’améliorer, se perfectionner, et ça finira par payer.
/ Tu n’as jamais eu envie de raconter n’importe quoi au micro ?
Il y a des fois, ou tu te demandes en tant que speaker, si on t’écoute vraiment. Et tu te dis, et si je balançais n’importe quoi, combien réagiraient ? Mais jamais tu ne le feras, car c’est inimaginable.
/ Pour terminer, c’est quoi pour toi une jolie foulée ?
Ah, tu sais c’est celle que certains photographes arrivent à saisir de temps en temps. Celle où tu voles.