Renaud, jeune homme de 1 mètre 84 pour 96 kilos de viande d’Aaubrac hors taxes, rugbyman depuis l’âge de 12 ans, a dû stopper cet autre sport ingrat à cause de commotions cérébrales répétées (c’est un peu comme le crash test d’une twingo, en mieux). Pour la petite histoire, le type à eu de moins bons résultats au test post traumatisme que celui réalisé le jour du K.O.
J’ai donc envie de dire, c’est un peu sur un coup de tête, que notre coureur en herbe s’est mis dans la caboche de vouloir faire de la course à pied… et pour son dépucelage, le Truck a voulu se lancer sur du trail.
N’ayant jamais pris le départ d’une course, si ce n’est lors d’un cross UNSS en 2005 pour gagner une CHOCOLATINE, ou il a y a quelques mois lors d’un Beer Miles Secret Race Series, Renaud, jeune homme de 1 mètre 84 pour 96 kilos de viande d’Aubrac hors taxes avec un physique plus propice au labourage de champs qu’au sky running, s’est donc inscrit en février à la Verti-Eiffage, un trail de 28 kilomètres pour 1350 mètres de D+ dans son Aveyron natal, voici son histoire :
Renaud, première question, tu te sentais comment sur la ligne de départ ?
Au moment du départ (il hésite avant de répondre) beh je ne réfléchis pas trop à ce qui va se passer, je suis stréssé mais en même temps rassuré, c’est assez étrange et nouveau. Je regarde autour de moi et me rends vite compte que je dois être un des seuls poids lourds de l’édition. Un honneur de représenter la catégorie ….
Tu pars du niveau -1 en course à pied, courir ça représentait quoi pour toi ?
Un calvaire ! Je n’ai aucune idée de combien fois je courais par mois, déjà je m’entrainais au rugby, 4 fois par semaines et des sorties footing pendant les vacances mais très rarement. Je crois que mon maximum, je l’ai couru au lendemain de noël, c’était 10k, j’ai fini capot ouvert avec les warning et le gilet jaune (rires).
Du coup, pour ta course, tu as fais trois mois de prepa, comment t’as vécu ça ?
Rien que le premier entraînement, dur, un vendredi avant de faire soirée, premier teste de VMA, 6 minutes sur une piste, c’était long et fastidieux… je suis trop lourd pour ce sport.
Courir 3 fois par semaines puis 4, c’était vraiment compliqué physiquement, je suis pas adapté à ce type d’effort, courir autant et aussi longtemps… (il soupir)
Bon il faut aussi dire que niveau levé de coude t’es pas le dernier, ca a pas dû aider?
Ca m’a pas aidé, mais dans des moments difficiles ça m’a permis de trouver un certain réconfort auprès de mes camarades / oiseaux de nuit.
Si on reprend le jour j, tu peux nous faire le film de la course ?
Je m’élance et je me mets à courir à mon rythme, je voulais pas me griller et j’ai vraiment bien fait, enfin je crois. Au bout d’un kilomètre et demi s’offre à moi une montée digne des plus grands Giros, en plein milieu de la forêt, bien humide et bien boueuse. J’en ai chié. Au milieu de la montée, tu regarderas combien de temps elle dure et combien fait l’inclinaison, mais c’était horrible, moi avec mon physique de mammouth sur un sentier plus petit que Valbuena… Mes mollets étaient en feu, mon coeur s’est transformé en bouilloire , j’avais chaud et dans ma tête je me suis dis que j’avais fais une grave erreur, que j’étais trop jeune pour mourir et que si ça montait autant après j’abandonnerais! Malheureusement (ou heureusement pour moi), j’étais en plein milieu du peloton et aucune bande d’arrêt d’urgence, ni cabines téléphonique ne m’ont permis d’appeler les secours … J’ai donc poursuivi mon ascension.
Tu finis la montée ? Et après il se passe quoi, rideau ?
Ouais je l’ai fini…On arrive en haut et putain du plat ! Je reprends mes esprits, je sèche mes larmes (rire) et en avant Guingamp ! Une fois sur le plateau, je commence à me familiariser avec le milieu et je peux enfin faire rouler la machine, le Truck, enfin jusqu’à la montée suivante…
Tu peux donc facilement nous dire tes points forts et tes points faibles ?
(il rigole sans hésitation), bon beh mon point faible, mon poids et ma technique de course, même si en trois mois elle s’est améliorée, tu transformes pas une Nevada en une Audi R8.
Mon point fort, l’économie d’énergie dans les montées combinée aux cuisses de Bastareaud, après je vais être honnête je n’ai enclenché que la première, je suis pas allé plus loin, j’étais pas loin de caler, je labourais sévère.
La Renaud Truck expérience s’est plus exprimée dans les descentes si je comprends bien ?
Ah clairement oui ! Je suis passé de la première à la troisième (il fait le bruitage d’une voiture), doublages dans les feuillets, les gens couraient sagement sur les chemins, moi impatient, j’ai même pas regardé dans le rétro, cligno à gauche, je déboîte « Vroooouuuum » et malgré les branches dans la gueule et avertissement des autres runners, j’ai doublé bordel !! Après, je me suis calmé car j’ai failli me prendre une belle tôle.
Tu as tout de même fait 5h20 d’effort pour 31 km, t’as eu le temps de réfléchir à pas mal de trucs non ?
Je pensais à ma famille, à l’OM… Non plus sérieusement, dans ces moments là, tu penses à beaucoup de choses, tu te remets en question et au final tu profites pas mal du paysage, faut avouer que le cadre était vraiment pas mal.
Bon tu penses aussi à tous les mois où t’en a chié à t’entraîner sur Paris quand il faisait froid, qu’il pleuvait ou quand tu laissais tes potes sortir seuls dans cette jungle urbaine, donc peu importe le temps, je voulais l’ivresse.
Au dernier ravito, t’apprends qu’il y aura 3 kilomètres de plus que prévu avant la ligne d’arrivée, t’es comment psychologiquement à ce moment là ?
Il y en avait 3 en plus sérieux ?? On m’a rien dit … Au dernier ravito, il pleut comme vache qui pisse, je suis au bout du rouleau et au fur à mesure que je cours, je me rends compte que je me suis fait couillé et que j’allais mettre les pieds sous la table bien plus tard que prévu. A bout autant physiquement que mentalement, tu baisses la tête et tu avances !
Finalement t’arrives, tu vois les 100 derniers mètres et ta mère qui est venue te faire la surprise, quelle est ton émotion ?
Quand on m’annonce qu’il me reste 100 mètres, on se l’avoue, je marchais. Mais je marchais pour pouvoir faire une arrivée en bombe (il rit), du coup quand on me dit « plus que 100 mètres”, “Vroooum” je me mets en fond de cinquième et je passe la ligne en Y, Jul si tu m’entends…
Franchement j’étais fière de moi.
Maintenant que tu t’es dépucelé de la course à pied c’est quoi ta prochaine tentative ?
Je vais m’essayer à l’escroquerie sur route aux 10k Adidas, et aussi un trail cet été car malgré la difficulté c’est beau et humainement ça me donne envie d’aller plus loin, de labourer encore plus et d’entamer un Tour de France des ravitos. J’aime manger
Dernière question, en 5h20, t’as pu trouver la définition de la Renaud Truck expérience ?
Ahahah, oui c’est des heures et des heures de labourage, faut braver les intempéries, adapter les “peneux” à la route, aux sentiers et tout donner malgré le poids de la cabine.
Au passage Jean, en profitera pour faire une 26ème place en 5h40 sur le 45km.
Si vous souhaitez suivre le Renaud Truck de plus près rendez-vous sur son Instagram.