6 questions à Pierre et Thib après leur SaintéLyon (78K)

Depuis dimanche matin, Pierre et Thibaud peuvent enfin dire qu’ils sont finishers de la SaintéLyon, le format historique, entier, la vraie, pour les durs. 78 kilomètres à en chier presque dès le début et jusqu’à l’entrée dans la halle Tony Garnier. On voulait avoir les impressions du duo après cet accomplissement.

Vous avez tous les deux grandi à Lyon, boucler la SaintéLyon c’était une obligation en tant que coureur ?

Thib : Je pense qu’on est obligé quand on a grandi à Lyon et qu’on aime la course à pied. J’ai hâte de voir Cédric et Lionel sur ces sentiers du coup ! Moi c’est surtout ma tante qui m’a entrainé dans ce guet-apens. Elle habite Lyon et a toujours pas mal couru mais jamais de marathon. Par contre, il y a 25 ans (vas savoir pourquoi) elle a fait la Saintélyon et ça ressort souvent aux réunions de famille. Du coup, je me suis senti obligé de la courir un jour pour enfin être un peu pris au sérieux au repas de Noël.

Pierre : C’est effectivement une course que connaissent bien les habitants du 69, et dès lors que l’on passe la ligne d’arrivée de son premier marathon, ça devient automatiquement une course plus accessible et donc « à cocher » ! Pour moi l’idée c’était surtout de voir du pays et vivre des moments forts avec Thib, kiffer entre nous et rendre fiers les nôtres, qui nous ont connu et soutenu avant tous les autres…

Qu’est-ce qui a été le moins désagréable, la prépa ou la course ?

Thib : Le coach Nibrun dit que « plus la prépa est dure, plus la course est facile ». Mais cette fois-ci, bien que la prépa ait été longue et chiante, ça été une rigolade par rapport à la course ! Je serai partant dès le mois prochain pour refaire une prépa de 3 mois, à courir 8 heures par semaine, à passer 50 minutes aller et 50 minutes retour dans la ligne 9 le dimanche matin pour aller courir en forêt de Meudon mais par contre vous ne me rêverez plus jamais errer comme un zombie dans la Halle Tony Garnier.

Pierre : La prépa a été une partie de plaisir à côté de la course ! On s’est entraîné 15 semaines, ce qui est extrêmement long, avec des sorties de 4h en forêt le week-end, donc assez contraignant d’un point de vue organisationnel, mais alors la course… Quel enfer !! Je ne comprends toujours pas ce qui motive les coureurs à y retourner chaque année (et ils sont nombreux visiblement). Il fait froid, il pleut, on ne voit rien, et le terrain est impraticable : par endroit certains coureurs se mettaient en position « chasse neige » pour descendre plus rapidement sur les 30cm de boue. Je me suis demandé ce qu’on foutait là quand j’ai vu ça…

Quel rôle avez-vous joué l’un pour l’autre ?

Thib : C’est simple, sans Pierre je pense que je ne serais pas allé au bout et surtout je ne me serais jamais inscrit. Cette course je voulais la faire un jour mais je refusais de la faire seul. Dans le film Into The Wild, le héro écrit dans son journal « Le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé ». Moi je dirais que l’enfer n’est tolérable que lorsqu’il est partagé. Pendant la course, je sentais bien que Pierre savait pourquoi il courrait et qu’il avait plus envie d’être là que moi et ça m’a vraiment aidé à rester motivé et positif. Il donnait du sens à cette épreuve insensée. Quand à mon rôle dans l’équipe, il s’est limité à veiller à ce qu’on ne reste pas des plombes sur les ravitos et de rappeler à Pierre de ne pas oublier de manger.

Pierre : Je n’ai pas beaucoup aidé Thib parce qu’il est nettement meilleur que moi, mais on a gardé un bon état d’esprit tout au long de la course et c’est vraiment le (seul) point positif de cette course. Lui en revanche m’a vraiment aidé pour les 20 derniers, quand on avait besoin de relancer sur des faux plats montants interminables. Et puis lors du passage au dernier ravito, alors qu’il ne restait plus que 13km à courir, et que j’errais dans ce gymnase, hagard, il m’a aidé à reprendre mes esprits (et quelques bananes) avant de repartir au front.

Comme un cycliste qui referme son maillot avant de franchir la ligne en vainqueur, on respecte le sponsor chez Jolie Foulée, votre avis sur la Asics Trabuco 10 et votre équipement en général ?

Thib : La semelle de la Trabuco 10 a vraiment bien performé dans la boue et les chemins de cailloux. Pas une seule de nos 4 chevilles n’a tourné pendant les 78km et on est arrivé à Lyon le cul propre sans être tombé une seule fois dans la soupe. Par contre, vu le pourcentage de route sur la Saintélyon (40%) on aurait peut-être dû prendre la TrabucoMax pour finir avec les pieds un peu moins en compote. Mention spéciale pour la Veste FUJITRAIL WATERPROOF. C’est du super matos pour un prix hyper correct par rapport à la concurrence qui demande un demi smic pour rester au sec par forte pluie. Et un grand merci à SILVA aussi pour son modèle Trail Speed XT qui nous a permis de courir toute la nuit sans changer de frontale.

Pierre : J’ai adoré la dernière couche, la jacket Fujitrail Waterproff orange, ultra-légère et technique, elle nous a gardé au chaud et au sec pendant plus de 9h. Pour ce qui est de la Asics Trabuco 10, elle était très bien adaptée aux passages en forêt, parfois dangereux, avec une bonne adhérence.

Quels ont été les pires conseils que vous ont donné les membres de la team déjà finishers de la course ?

Thib : « Vous allez vivre un truc incroyable » / « Ca va être dur de vous suivre tout le long à deux, vous allez forcément vous perdre » / « Le plus dur c’est jusqu’à Sainte Catherine » / « 3 minutes max sur les ravitos » (c’est même pas le temps qu’il faut pour remplir les flasques d’eau).

Pierre : Globalement on a eu de très bons conseils ! J’ai essayé de tous les suivre, à l’exception de celui de Jean. Il m’a conseillé de m’insérer la batterie de la frontale Silva « comme un suppo » pour la garder au chaud. Dans le doute, ne sachant pas s’il s’agissait d’une blague ou pas, j’ai préféré ne pas le suivre !

La suite c’est une carrière dans l’ultra trail ou un retour sur un bitume bien plat et casse-genoux ?

Thib : À compter d’aujourd’hui, je jure de ne faire plus que de la route ou du trail court dans la montagne et en plein jour.On ne devrait jamais avoir à mettre un legging et une frontale pour courir.

Pierre : Une chose est sûre, je ne referai jamais la SaintéLyon : les remakes de 14-18 dans les tranchées c’est terminé !! En revanche je ne suis pas contre un parcours en montagne, de jour et en équipe : ça oui. J’admire ceux qui se lancent des défis de 100km et plus, c’est surhumain, et je me dis que j’aimerais bien m’y frotter un jour…

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