Nouvel épisode dans la série des potes qu’on a envoyé se buter sur une course à notre place. Après Hadrien notre fromager au 10km l’Équipe, Julien supporter du Stade Rennais et du SCO Angers quand ça l’arrange sur le Trail des Crêtes, c’est maintenant au tour d’un autre Julien de raconter ses exploits sur l’Ancilevienne, le Run & Bike du lac d’Annecy. Pas vraiment cycliste professionnel, pas tout à fait coureur amateur, Julien est revenu sur les terres de ses exploits pour signer une performance dès la rentrée et tirer une croix sur les litres de Limoncello et d’Ouzo ingurgités pendant des vacances bien méritées. Interview.
Salut Julien, est-ce-que tu peux te présenter rapidement ?
Julien, 29 ans, habite Outre-Manche, et « Fellow Member of the Cambridge Lawn Tennis Club », c’est comme ca qu’ils disent là-bas. La course à pied n’est évidemment pas mon sport préféré mais ça permet de varier les plaisirs et de se donner d’autres challenges. Je me fais quelques courses sur l’année. Il me reste encore un bout de chemin avant d’égaler la popularité de Mo Farah et des frères Brownlee en Grande Bretagne.
On avait failli se faire exclure à vie de toute compétition sportive à l’époque du Lycée en se faisant dénoncer car on avait débalisé un parcours de Trail dans la montagne du Semnoz à Annecy. Qu’est-ce-qui t’a poussé à persévérer dans ce sport de lâches ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que débaliser n’est pas tricher. Il faut voir ça comme une volonté d’exprimer son enthousiasme de participer à la course. C’est une manière de dire merci à l’organisation. Cet épisode a montré que ce monde mesquin ne nous donnera rien et que l’on doit se faire violence si l’on veut atteindre son but.
Qu’est-ce-que c’est que ce truc l’Ancilevienne ? Tu peux nous expliquer le concept ?
C’est une course Bike & Run de 46 km qui se déroule autour du lac d’Annecy, dans un cadre exceptionnel. Elle se fait en binôme, l’un court pendant que le second fait du vélo, avec la particularité que l’on peut s’échanger le vélo à tout moment. 1000 équipes étaient au départ cette année. L’objectif est de finir premier.
Les meilleurs se relaient toutes les 30 secondes environ. Les mauvais s’arrêtent lors des changements, en perdant du temps et se plantent le dérailleur dans les mollets. Les couples font tomber le vélo, éparpillant un peu partout leurs ravitaillements contenus dans le panier, s’engueulent et se séparent la plupart du temps. Vous êtes prévenus.
Comment t’es-tu préparé à cette mission suicide et quel était ton objectif ?
Le fractionné est la clé pour cette course. L’idéal c’est d’après moi une sortie longue et deux fractionnés par semaine. En revanche ça n’a été pas terrible de partir en vacances juste avant, ça m’a foutu en l’air la dynamique emmagasinée durant le dernier mois. Mon entraînement s’est donc principalement passé en vacances, à base de dénivelés : courses de côtes en Albanie suivies de remontants à l’apéro. Je qualifierais cette préparation de « bien mais pas top ».
Alors comment ça s’est passé ?
Les 6 premiers kilos sont courus par la même personne qui retrouve son coéquipier sur la route (les vélos partent en amont 30min auparavant, le but étant d’étirer les participants) – imaginez 2000 coureurs au même endroit essayant de se passer un vélo sur une piste cyclable pas recyclable. J’étais le premier coureur, je retrouve mon frère qui me donne le vélo et s’élance à son tour. Au bout de 2min, je lui crie « On n’a pas pris le bon vélo ! » Il m’explique que lors de la mise en route des vélos, il a eu le temps de crever, trouver un téléphone, appeler notre mère qui s’est empressée d’en apporter un autre !
Le stress de l’abandon avant même de courir étant passé, la course s’est déroulée à merveille sous un temps plutôt clément. On finit juste sous les trois heures à la 98e place, record personnel explosé.
Sinon tu en penses quoi toi du duo Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé ?
Je me dis qu’aujourd’hui même avec un prénom moisi on peut quand même gagner des millions sans aller voir Jean-Pierre. Ca me donne envie de pousser la chansonette. Quelque chose qui sonne un peu du genre « Olalaa, Oléléé, Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé. » Ca marche aussi avec Youri Djorkaeff et Michel Polnareff
Quel est ton meilleur souvenir de la course ? Et ton pire ?
Pire souvenir : voir son pote le dépasser au bout des 6 premiers kilomètres de course et s’envoler comme une flèche.
Meilleur souvenir : repasser ce même pote en totale perdition à 1km de l’arrivée (coucou Lucas).
Souvenir à oublier : se faire mettre une pilule par deux flamant roses nus volant à 15,74km/h de moyenne. « Sérieusement les gars ça se passe comment les changements de vélos pour vous? »
Admettons que grâce à toi nous voulons nous inscrire à l’édition de l’année prochaine, quelles sont les erreurs à ne pas commettre ?
Ne pas crever semble être un bon conseil, à moins d’emmener sa mère et un vélo de rechange avec soi. Eviter les vacances juste avant la course, à moins que vous ne misiez seulement sur le talent. Prévoir un vélo correct. Les moments de cyclisme sont les périodes de récupération, ne dépensez pas autant d’énergie que votre coureur en le suivant. Le vélo doit rouler tout seul.
Quels sont tes prochains objectifs sportifs ?
Le premier sera d’éliminer les courbatures afin de retrouver une démarche avantageuse. 46km de fractionné ça pique un peu quand même. Je n’ai pas de course prévue d’ici la fin d’année. Ne pas courir en automne n’est pas une nécessité mais un réel besoin. Ma prochaine course aura sûrement lieu l’année prochaine.
Pour terminer, peux-tu nous raconter une histoire de ton choix ?
J’ai plusieurs fois entendu une histoire racontant que des mecs se déguisaient en arbre afin de se fondre dans le décors lors de courses d’orientation. Ils pouvaient ainsi ne faire qu’un avec la nature, et mettre la misère à leurs adversaires. Différentes sources en parlent, mais à chaque fois quelques details diffèrent. Je pense pour ma part qu’il ne s’agit tout simplement que d’un mythe.
Lâchez-nous des comms si vous aussi vous avez déjà couru des Run & Bike. On ne vous répondra pas, mais ça nous fera très plaisir.