Il y a une semaine, Nicolas et Chantal s’envolaient chez les spaghettis pour courir les 10km et le semi-marathon de Parme. Malgré leurs (trop) nombreuses qualités, on se demande toujours comment ces deux fumiers ont réussi à s’imposer et sortir heureux vainqueurs français (ce détail, qui semble pourtant anodin, a tout de même son importance) de la Cariparma, la course au nom réconfortant de pizza. Suite à leur victoire retentissante, la Gazetta Di Parma leur a consacré une interview croisée en double page dans son supplément Delo Running. Retour sur leurs performances.
Comme son nom l’indique, la Cariparma sent bon la pizza. Le programme du week-end était-il alléchant?
Nibrun (des nibards et du run) (NB) : à la hauteur des nombreux cônes deux boules que j’ai goulûment avalés avant et après la course. Vous savez ce qu’on dit! Il n’y a pas de plaisir sans gêne.
Chantal Goyave (CG) : Si on exclut le fait de courir 10km, oui le programme donnait sacrément envie. J’avais regardé les centres d’intérêts de la ville et recensé toutes les adresses de glaciers dans mon journal intime.
On dit que la course à pied c’est comme le risotto, c’est beaucoup d’amour et d’entraînement pour réussir. Vous validez?
NB : Je me suis entraîné pendant deux mois pour cette course…pour finalement tout baiser à 10h du départ.
CG : Personnellement je déteste la course à pied. C’est chiant, ça fait mal et c’est moche. Je préfère de loin le risotto. C’est beaucoup plus réconfortant. Du coup j’ai privilégié l’entraînement de lever de fourchette.
La classe à l’italienne vous en pensez quoi?
NB : Je me suis senti tout de suite à l’aise en Italie. Je suis arrivé samedi matin sans parler un mot d’italien et le soir même j’étais quasiment bilingue. Du moins, j’avais des notions sérieuses pour communiquer : « mamamia », « buongiourno », « bueno apetito », « grazie mile » et tutti frutti!
CG : Vous auriez vu le look des parmesans le matin de la course! On se serait cru au départ du marathon des JO d’Atlanta il y a 20 ans! Jeunes ou vieux, hommes ou femmes, tout le monde avait fait claquer le split short et le débardeur échancré.
Des objectifs pour cette course?
NB : Avant de dîner samedi soir : 1H23.
(silence gêné)
Après 7kg de prosciutto, 2kg de mortadelle, 3 de parmigiano regiano et 12 litres de Lambrusco : 4 heures et 17 minutes. Ca me semblait, tout à coup, beaucoup plus réaliste.
CG : Je suis partie sans grandes ambitions mais j’avais quand même deux objectifs dans ma ligne de mire. Le premier : ne pas déposer une calzone sur le bord de la route à l’arrivée, ma spécialité. Le second : réaliser un négative split. J’ai pour habitude de partir vite et d’exploser en vol rapidement. Pour cette course, je voulais jouer la carte de la sagesse : partir tranquillement et accélérer à partir du 5e kilomètres pour exploser le chrono cette fois!
Vous finissez tous les deux sur la plus haute marche du podium français sur votre distance. Quels sont vos sentiments après une telle victoire?
NB : Je n’avais pas compris que c’était une course. Je pensais simplement qu’on partait pour une visite groupée de la ville. J’ai compris assez tardivement que je faisais fausse route et que j’avais pris le départ du semi-marathon de Parme. Le premier tour est passé super vite malgré les 35°C ; je regardais les églises et les monuments, je profitais de la balade. J’ai trouvé le temps un peu long quand j’ai vu qu’on devait faire un deuxième tour. Je me suis dit que c’était sans doute parce qu’on était passé assez vite lors du premier tour et qu’on avait du louper quelques hauts lieux culturels de la ville. J’ai accéléré pour ne pas perdre trop de temps dans les rues que je connaissais déjà. Il faisait chaud, j’avais soif et envie d’aller aux toilettes ; je me suis pressé. Lorsque j’ai attaqué ma deuxième boucle, mes jambes étaient encore fraîches! A ce moment là, je me suis dit que je devrais plus souvent me goinfrer de charcut’ et de tarte poire-chocolat avant de courir. Il faut croire que ça me réussit plutôt bien. Je passe la ligne d’arrivée après un sprint de zozo les encouragements de Chantal qui beugle sur le côté. Je lève les yeux et j’aperçois le chrono qui indique 1H22. Je comprends alors que je viens de battre mon record mais je ne sais pas encore que je l’ai littéralement explosé : 1H 20 min et 50 secondes C’est un moment exceptionnel. Je dédie cette course à ma petite femme qui me suit et me soutient pour chacune de mes courses.
CG : Ce n’était pas une course facile, mais j’ai su m’imposer, au mental, et monter sur la première marche française du podium. Au final, je réalise un très beau positive split et me rapproche gentiment de mon record de lenteur, accompli il y a 3 ans lors de ma première course. Je boucle ma course en 51 minutes et 30 secondes. Je tiens à noter que je reste toujours plus rapide que Benjamin. C’est avec beaucoup d’émotions que je réalise que la course à pied est, comme la mode, un éternel recommencement. Je crois qu’il est important de se souvenir d’où on vient, d’avoir pleinement conscience de ses racines. Aujourd’hui, j’ai voulu rendre hommage à mes débuts. Et sans vouloir paraître prétentieuse, je pense y être parvenu.
Quel est le meilleur souvenir que vous garderez de cette course?
NB : quand, au ravito du 15e kilomètre, la bénévole sexagénaire m’a fait un clin d’oeil coquin. Je l’avait déjà repérée au 1er tour. Elle s’était renversé un gobelet d’eau et son tee-shirt était tout mouillé. J’ai regretté de ne pas m’être inscrit sur le 30 bornes. Un tour de plus et je concluais.
CG : sans hésiter lorsque j’ai passé la ligne d’arrivée et que j’ai pu profiter des biscuits du ravito! Mes préférés? Ceux à l’amande! Quoique ceux au chocolat étaient pas mauvais non plus.
Et le pire?
NB : sur la ligne de départ quand le speaker hurlait en italien. C’est à ce moment que j’ai réalisé que, malgré tous mes efforts, je n’étais pas bilingue et que je pipais pas un mot de ce que ce gros couillon racontait.
CG : quand je me suis rendue compte que je me faisais dépasser par un binôme non-voyant-voyant et des petits ieuvs engagés sur le semi, qui galopaient, frais comme des gardons. Un coup dur car, pour ceux qui en doutaient, je n’ai pas pris le départ dans la catégorie handi-sport. Vous me direz j’aurais pu, vu mon état. Finalement la caté senior colle plutôt bien à ma forme physique et ma perf’.