Il y a déjà plus de 25 piges, Didier Morville et Bruno Lopes hurlaient dans leurs cassettes audio le credo suivant : « Authentique : oui trop typique, cette saveur aromatique. Qui jamais identique reste pourtant poétique…« . Si initialement ces paroles sont une ôde à la street et à la culture hip-hop défendue par le groupe Suprême NTM, elles peuvent également aisément s’appliquer à la course à pied en 2018. Chaque année, le Cross Ouest-France est organisé au Mans, à l’ombre des médias, des réseaux sociaux et propose un panel d’épreuves à en faire pâlir les grands organisateurs de courses.
Si chez Jolie Foulée nous avons tendance à défendre notre peau dans les grandes métropoles quand la flemme ne nous touche pas, nous sommes également des fervents amoureux de l’identité pure de la course à pied. À l’instar de notre dernier projet à date (ndlr : J’irai courir chez vous), reportage à deux heures de Paris au pays des rillettes, dans la boue, à l’un des évènements les plus vrais du running game. Là où la convivialité avec les copains est reine et où le marketing n’ose pas s’aventurer.
Samedi 13 janvier 2018, 10h. Le rendez-vous est donné à Bastille pour la branche la plus franchouillarde du Paris Running Club. Au menu ? Un départ direction la Sarthe le temps d’un court week-end. Rodolphe est bien évidemment de la partie, ce dernier ne refusant jamais une petite sauterie en province. Après deux heures de voiture, il est déjà l’heure de respirer un air bien loin de celui de Paname, et surtout d’aller chercher les dossards du groupe en vue du lendemain sportif qui nous attend.
Sur place, l’atmosphère du village est déjà chargée d’un bon esprit mêlant compétition, dépassement de soi mais témoigne surtout une humilité sans égal. Personne ne reluque de haut en bas ses adversaires du jour, personne ne scrute la marque des pompes des autres, tous sont là pour donner le meilleur d’eux et tenter de rafler la mise. Petite note ayant son importance, le cross Ouest-France c’est avant tout 2 jours de compétition, une grosse vingtaine d’épreuves différentes et une participation accessible au plus grand nombre grâce à la gratuité de tous les dossards. Le cani-cross est un plus.
Dimanche 14 janvier, 7h. Le rendez-vous est donné dans le salon de nos hôtes pour un petit déjeuner des familles. Au menu ? Vissage de pointes et un départ pour le tout premier cross d’une bonne partie de la bande. Lionel, Nico et Romain se sont chauffés à la dernière minute, nous informent de leur arrivée imminente sur Le Mans et précisent même qu’ils sont super chauds. Ça annonce la couleur !
Passé l’échauffement, l’excitation monte. Le mot d’ordre est de ne pas se précipiter et de savourer ces nouvelles sensations encore inconnues. Quand on parle de culture au Cross du Mans, ce n’est pas une légende : un nombre incalculable de coureurs revêtissent leur plus beau débardeur de club d’athlétisme sur la ligne de départ. Pas de grands discours grandiloquents. Pas d’artifices. Le speaker lance un claping des familles et le coup de pistolet retentit. Les fauves sont lâchés sur cette 39ème édition du cross court Ouest-France !
Rodolphe démarre fort et se rendra vite compte que ce n’était pas une bonne idée. Finalement les 4,6KM seront bien plus longs que prévus… Il terminera en PLS avec une 106ème place au classement général. Pas si mal pour un dépucelage en règle… Nico et Lionel finissent respectivement à la 29 et 30ème place. Solide ! Les bouteilles de cidre et les moult bières qui suivront entre deux merguez/frites seront du meilleur acabit pour un déjeuner PRC/Jolie Foulée en guise de ravitaillement post-course.
En guise de détente et de digestion, l’après-midi est réservée à un spectacle original oscillant entre le 10KM local et les courses élites. Ces derniers démontrent alors leur talent dans la plus grande simplicité. Un amas de jolies foulées, un finish de folie chez les hommes, et une allure à en faire baver plus d’un lors de la course féminine. Bouche bée, yeux grands ouverts, souffle coupé.
Finalement c’est avec une bonne dose d’inspiration et de running culture que toute la troupe reprend la route direction Pantruche. Ce genre de go fast nous rappelle tant que l’Hexagone réserve de bien belles surprises hors des grandes métropoles et leurs courses bien trop reuch. On a peut-être pas réussi à mettre la main sur des tartines de rillettes sur le village du Cross Ouest-France, mais le rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine.
Merci Le Mans.