C’est une belle bande de bras cassés qui est venue poser les armes dans le quartier d’Hackney à Londres en ce morne week-end de Février. Lancés à toute allure dans le plan du gros coach Nibrun*, plusieurs coureurs ont ainsi décidés de s’accorder des vacances en prenant un peu de distance avec l’intransigeant préparateur physique. Alassan, Cédric, Pierre et Thibaud ne sont pas pour autant venus pour se la couler douce. Un week-end chez l’hôte Jérémie, le local de l’étape, n’est jamais de tout repos malgré le fait que la course se joue à domicile. Il ne lui avait pas été très difficile de trouver les mots pour motiver l’équipe à ajouter cette étape à la prépa du marathon de Paris : “le parcours est hyper roulant, et le plateau pas très relevé. J’avais terminé 12è du 10km, c’est pour dire. Et surtout après la course je vous emmène voir un match de 4è division anglaise et on fête ça le Samedi soir”.
Promesses tenues puisque le 10km de Victoria Park débouchera le champagne et sur la première victoire officielle pour la team Jolie Foulée. Alassan ayant déjà terminé première féminine du 20km Nice-Cannes sur une sombre histoire d’inscription erronée. Revue d’effectif.
Pierre et Thibaud :
Inséparables du soir au matin, et du matin au soir, ils courent le semi-kilomètre d’après Alassan, le semi-marathon d’après l’organisation, main dans la main. Les jambes lourdes d’une séance de côtes de boeufs la veille, ils alternent segments à allure confortable et soutenue pour tenir leur séance du fameux “Plan pour tout niquer”. Ils finiront les 21km émoussés mais heureux comme deux braves Lads, et célèbreront leur belle performance en ne faisant que péter l’un à la suite de l’autre lors d’une folle soirée dans l’appart d’un couple de vieux partis en week-end sans se douter du carnage qui allait se passer dans leur salon.
Cédric :
Depuis l’aventure Breakin5, notre athlète Congolais a bien changé. Il se saigne lors d’une séance de renforcement la veille de la course, à soulever des poids avec ses gros cuissots. Plus besoin de le traîner hors du lit pour l’emmener courir, Cédric arrive à l’heure précise au rendez-vous, certainement encouragé par Olivier venu lui aussi se dégourdir les jambes sur le 10k. Le problème avec Cédric c’est que la nature revient vite au galop. Pas vraiment motivé pour claquer un chrono, il se contente de dérouler sans trop forcer pour terminer dans un chrono de 48’21”. Respectable quand on connaît les frasques de l’animal lors des ses venues précédentes à Londres. En particulier la soirée memorable à deux semaines du marathon de Paris qui lui coûta ces terribles 5h28 qui le poursuivront jusqu’à la fin de ses jours.
Jérémie :
Exilé à Hackney depuis quelques années, bien loin des sorties trop matinales de la troupe emmenée par le coach Nibrun à Paris, son objectif principal restait de faire découvrir cette charmante course aux épaves de Jolie Foulée, plutôt que d’essayer de battre un record personnel. Avec le marathon de Paris en ligne de mire, il s’agissait de courir 5km avant la course ce Samedi matin pour cocher une sortie longue au palmarès. Il débutera aux côtés de Cédric avant de se faire la malle et terminer pépère en 45’22”. Pas le genre de chrono qu’on annonce fièrement à ses parents. Mais l’objectif n’était pas là.
Alassan :
Toujours paniqué car toujours pas niqué, Alassan n’avait pas le temps ce week-end. Venu sans objectif précis, si ce n’est de pratiquer son Anglais et faire grandir sa communauté Instagram, en fin de compte il monte sur la boîte et se déboîte. Il a appliqué consciencieusement les consignes du coach : “vas-y fort les 5 premiers kilomètres, tu vois comment tu te sens et si tu as les moyens de claquer un podium pas de pitié”. Il se retrouve ainsi dans un groupe de 5 coureurs, reste bien au chaud sans prendre aucun relais comme ce fumier de Cadel Evans, et produit son effort dans la légère montée à 2.5km de l’arrivée. “Follow me!” aboie-t-il aux pauvres coureurs qu’il vient de scotcher. Il passe ainsi la ligne seul en tête en 34’40”. Une bonne raison de laisser son cerveau chez Jérémie avant de partir en soirée pour enchaîner les “pint shot”.
Kevin :
Et si finalement Kevin n’était pas le plus fin stratège, en plus d’être le plus gros baiseur, de la team Jolie Foulée ? Il a réussi à venir passer le week-end à Londres tous frais payés pour prendre en photo des hommes le torse nu et bien musclé. Ça lui a en plus donné une bonne excuse pour ne pas venir courir avec ses camarades. Et pour se faire pardonner il les a rejoint pour bouffer des pizzas et boire des bières à Crate, avant de se satelliser dans l’appartement des vieux au-dessus du Haggerston.
Après cette probante victoire, Alassan est désormais obligé de venir remettre son titre en jeu. Le problème c’est que cette course de quartier a lieu une fois par mois à Victoria Park.
London’s a dick.
*Contrepèterie