Entre ses deux courses et ses 12 entrainements par semaine, Jean a quand même un métier. Il travaille chez Veja, au département running. On peut même dire que la Veja Condor 3 est son bébé, on a donc voulu en savoir plus sur son boulot et sur la paire. Réponses à lire avec l’accent aveyronnais.
1/ Salut Jeannot, peux-tu nous dire depuis quand tu bosses pour Veja et quel est ton job exactement ?
Je suis chez VEJA depuis plus de deux ans et je m’occupe du développement de la partie sport qui comprend trois activités: Hiking, Training et Running. Concrètement, cela revient à travailler avec tous les services impliqués dans la vie du produit, de sa conception, à sa commercialisation en passant par l’image.
2/ On parle aujourd’hui avec toi de la nouvelle version de la paire de running Veja, la Condor numéro 3. Quelles sont les principales modifications de cette grosse update ?
Tout. Tout a changé entre la 2 et la 3. Les changements étaient tellement conséquents que nous nous sommes même posé la question de conserver le nom « Condor ». L’objectif numéro uno était de répondre aux besoins des coureurs avec nos contraintes de développement. On a donc voulu créer une paire confortable, légère (sous les 300g avec nos matériaux c’est très complexe) et surtout durable. Durable dans la manière dont elle est conçue ; mais surtout durable dans son utilisation.
Pour commencer, la mid-sole (semelle intermédiaire) a été repensée dans son intégralité pour qu’on atteigne un indice de fermeté de 46 points, là où nos précédents modèles étaient sur 52 pour la Condor 2 et 58 pour la première Condor. Cela a été rendu possible grâce au travail que nous avons réalisé avec notre usine de prototypage pour créer la technologie d’expansion de nos matériaux. Nous avons également ajouté une plaque de L-foam (composée à 60% de latex naturel) dans la semelle intermédiaire pour augmenter le niveau d’amorti, la répartition des charges, l’absorption des chocs et le retour d’énergie.
Il y a eu tout un travail sur le upper, le bi-mesh (sur deux niveaux) et les renforts, pour venir accentuer le confort d’accueil, le maintien et la stabilité du pied. La paire est un daily trainer qui pèse 287g en 42. C’est un poids standard sur le marché mais pour nous, une vraie prouesse technologique. Il faut savoir que les matériaux biosourcés (issus du vivant) sont bien plus lourds que des synthétiques.
Le dernier point est la durabilité. Durable dans sa conception évidemment mais surtout dans son usage. Avec les différents tests que nous avons réalisés, nous nous sommes rendus compte que la paire n’avait pas de kilométrage donné. Tant qu’elle ne présente pas de signe de déformation provoquant des gènes à la course, la paire était toujours « courable ». Nous avons aujourd’hui des paires qui ont passé les 1000 bornes.
3/ A qui la paire s’adresse-t-elle ? Sur quels terrains, séances est-elle la plus à l’aise ?
La Condor 3 est un dayli trainer. Elle convient aussi bien aux débutants qu’aux core runners cherchant une paire pour leurs sorties de récup ou long run sans intensité. Selon moi, la meilleure séance est une sortie facile de 20km avec un peu de tempo (sous 15 km/h).
4/ Tu viens de faire un gros PB sur le marathon de Paris. Quel rôle a joué la Condor 3 dans cette performance ?
Absolument aucun (rire). La paire n’a pas pour vocation d’être portée au-dessus de 15km/h et encore moins de venir concurrencer le marché des plaques carbones.
5/ Comment Veja fait pour lutter face aux acteurs historiques du running ? Quelles sont les forces et les avantages de la marque française ?
La marque n’a pas attendu que le running soit une trend et encore moins qu’il y ai eu un espace pour des produits mieux pensés et conçus. La Condor est sortie en 2019 mais pour être en mesure de créer cette première version, il a fallu 4 années de R&D. Cela signifie que le projet running chez VEJA a presque 10 ans.
On ne cherche donc pas à lutter. Nous n’avons pas d’investisseurs, la marque au passage est toujours une SARL, appartient aux deux fondateurs depuis le premier jour. Nous ne sommes donc pas guidés par une logique de course à l’innovation calquée sur le rythme des saisons. Bien sûr que nous cherchons en permanence à faire évoluer nos produits, ils sont simplement commercialisés lorsque que nous sommes à 100% convaincus de leur pertinence.
6/ Est-ce que tu en as marre d’entendre que c’est une marque de bobos ? Comment est-ce que tu contournes ce cliché ?
La perception est propre à une localisation. Lorsqu’on se déplace aux USA, au UK ou même au Brésil, VEJA n’est pas du tout perçue comme telle. On s’est rendu compte que plus de 75% des consommateurs de VEJA ne connaissaient même pas le projet derrière la marque.
En somme, je n’ai pas grand-chose à leur répondre. Si certain(e)s n’aiment pas la marque, les produits ou le projet qu’il y a dernière, tant mieux ou tant pis pour eux.
En revanche, à ceux qui trouvent que nous n’avons pas le niveau de faire une bonne paire (de running) je ne peux que les inviter à essayer la Condor 3 et surtout à regarder d’un peu plus près comment les autres running sont conçues vs leurs prix de vente sur le marché.
7/ Que peux-tu nous révéler sur l’avenir du running chez Veja ?
La Condor 3 est pour nous le premier pas dans un nouveau monde d’un point de vue technique. Nous n’avons pas la prétention de vouloir changer l’industrie du running.
En revanche, nous sommes convaincus de pouvoir changer la manière de consommer une paire de running.
Nous n’allons donc pas développer de nouveaux modèles pour segmenter la pratique mais plus tendre vers une paire qui soit la plus versatile possible pour répondre à tous les besoins, du footing à la sortie spé.
L’idée est d’avoir la même approche sur le trail, mais une nouvelle fois, nous sortirons uniquement un modèle si ce dernier répond aux besoins de la pratique.