SAINTÉLYON, LE DERBY DE LA NUIT

Si certains sports opposent dramatiquement Saint-Etienne et Lyon, chaque année, la course à pied unit les deux villes le temps d’une froide nuit de décembre. Notre équipe est toujours motivée quand il s’agit de sortir les baskets et d’aller relever de nouveaux défis mais pour cette épreuve, un sacré dilemme se présentait. Le problème ne résidait pas dans le fait d’être à moitié blessé pour certains, ou dans le manque de préparation général de la team car ce sont des données avec lesquelles on a l’habitude de jouer. La soirée du 6 décembre 2014 était consacrée à l’élection de Miss France et on aurait adoré pouvoir assister à l’émission bien que cette tradition ait perdu de son charme depuis la mise à l’écart de Mme De Fontenay. Bref, nique sa maman les miss, on sera au départ de la SaintéLyon 2014.

Une équipe de 5 pour un relai à 4

La sélection Jolie Foulée pour la SaintéLyon se présente dans une formation 1-1-1-1. Léa honore sa deuxième cape après Marseille-Cassis aux côtés des tauliers Benjamin, Jérémie et Lionel. Tout au long de la nuit, ils seront coachés par un vétéran, le papa de Lionel. Michel a 7 SaintéLyon à son actif en tant qu’accompagnateur, dont la dantesque édition 90 stoppée à cause de la neige et un podium par équipe grâce à l’association des raiders de Saint-Fons dont il était président. Bienveillant mais réaliste, il annonce la couleur : « Vous êtes venus pour en chier, et ben vous allez en chier ! ». Il est 21h30, l’heure de grimper à bord du van 5 étoiles préparé pour l’occasion par Michou. Banquette pliable pour s’allonger, chauffage, cafetière et GPS, la nuit sera plus douce que pour certains autres concurrents.

team

Moustache, Tornade des X-men, l’Ouzbek, Barbe.

Trafic d'influence.

Trafic d’influence.

Relais 1 – 16K : Geoffroy Guichard – Saint-Christo

Déposée à côté du stade Geoffroy Guichard, dans un gymnase plein à craquer de runners fous, c’est Léa qui s’élance la première pour cette SaintéLyon. La nuit est fraîche mais pas glaciale, la bruine s’est arrêtée, la course pourrait presque devenir facile. Une frontale sur la tête, une de rechange dans le sac, bonnet, gants, pâtes de fruit et couverture de survie, sans oublier le guide Relais & Château de la région l’équipement est complet. Bien placée sur la ligne de départ, la spécialiste du demi-fond se coltine un relais de 16K principalement en montée. A son rythme, la rosnéenne franchit les difficultés pour arriver à Saint-Christo en 1h45, l’objectif fixé au départ. Aussi souriante que Camille Cerf tout juste élue Miss France 2014, Léa Gazelle est notre Miss SaintéLyon 4014. Elle se permettra même de déposer Michel dans la montée pour regagner le truck Jolie Foulée.

Relais 2 – 12K : Saint-Christo – Sainte Catherine

Benjamin est déjà parti, celui qui se définit lui-même comme un « runner en slow motion » appréhendait cette épreuve nocturne et froide. En partant à 1h45 du matin, Barbapapa est servi, -1°C et une fine couche de neige, pour que les choses soient claires dès le départ, son parcours attaque à la verticale. Mais cet enfoiré est solide, de retour de Bali où il a escaladé le Mont Batur, un volcan de batard, il se sert de cette expérience et avance. Pas de risque de fringale, gels, pâtes de fruit et même une banane sont insérés dans sa barbe, au besoin, il lui suffit de plonger sa main dans ses poils et de piocher. Au bout d’1h27 d’effort, il a vaincu les 12 kilomètres de son relai et il en a encore sous le pied. Parfois coincé derrière d’autres concurrents, il est un peu déçu de sa perf mais transmet la puce à Jerem le sentiment du devoir accompli.

Self-made-men

Self-made-men

depart

La fête des lumières. Photo Fabrice Roure via Le Progrès.

Zone relais.

Zone relais, bouh, la gadoue.

Relais 3 – 22K : Sainte-Catherine – Soucieu en Jarres

« Déclivité effrayante », « périlleux pour les chevilles », « Ce sera une SaintéLyon cassante. Cela peut faire de gros dégâts. », « le bois d’Arfeuille, rendu très glissant par la pluie, devrait cette année mériter sa réputation de coupe-gorge », etc. Les propos d’Alain, le flécheur officiel, recueillis par Le Progrès avant la course ont plus motivé qu’effrayé Jérémie. Il tape dans la main de Barbejamin et part le couteau entre les dents. 2h23 plus tard, c’est un ouzbek affaibli qui arrive à Soucieu en Jarres, il vient de traverser les 22 kils les plus compliqués de la SaintéLyon 2014. Beaucoup de boue, des passages raides et techniques, un genou qui a commencé à se mettre en grève et des chemins obstrués par des concurrents fatigués, c’est peu dire que Jerem a ramassé. Léa et Michel le récupèrent et le rangent dans sa boîte au fond du Trafic. Le repos du guerrier.

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Projet Blair Witch.

Relais 4 – 22K : Soucieu en Jarres – Gerland

Lionel était très soucieux en Jarres, ayant mal estimé le chrono de Jerem, cela fait près d’une heure qu’il attend son coéquipier. Surexcité et en tenue de course depuis 18h la veille, il voit arriver ce qu’il reste de son Rotutu avec soulagement, lui transmet sa doudoune et vamos !! Il est 5h40, l’objectif de finir avant le lever du soleil est encore jouable. En évitant de partir comme un fou, Fracture se met dans un bon rythme et remonte des concurrents qui font la course en solo, émoussés par tant d’efforts. Quelques glissades dans les premières descentes le rappellent à l’ordre, ce n’est pas le moment de subir sa 73ème blessure de l’année. Rien à foutre des précieux conseils de Maxence Rigottier, il marche dans les dernières montées et relance dans les parties plates et les descentes goudronnées. Au bout de 2h06, la frontale ne sert plus à grand chose quand Lio pénètre dans le Palais des Sports. Dans les gradins, seuls Léa, Michel, Jérémie et Benjamin se lèvent pour le féliciter. Public de merde.

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Photo Joël Philippon via Le Progrès.

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Au bout de la nuit, les démons de minuit.

A l’heure où d’autres se font dépouiller dans le métro en rentrant chez eux après une soirée trop arrosée, coach Michel rapatrie l’équipe à la maison à bord du Trafic. En 7h45’36, la team 4014 / Jolie Foulée a terminé sa SaintéLyon à la 176ème place sur 501 relais à 4 et au 67ème rang sur les 241 équipes de la catégorie mixte. Après une préparation aussi légère, on est plutôt fier de terminer dans la première moitié de tableau et de ne pas figurer parmi les 14 hospitalisations liées à la course. Bien sûr il y a ceux qui veulent faire les malins comme Patrick Bringer, vainqueur en solo en 5h20’47 mais c’est probablement les passages de témoin qui nous ont fait perdre du temps sur lui. On félicite aussi nos amis, l’incroyable Nico et sa coéquipière Lhora, 4ème dans la catégorie relais mixte à 2, à 5 minutes du podium, costauds.

Bénéficiant sur cette édition de conditions globalement favorables et évitant les blessures, on espère revenir sur cette épreuve pour faire mieux. La sensation de courir en équipe et l’ambiance particulière de cette course de nuit d’hiver, éclairée aux lumières des frontales, en font vraiment une épreuve à part qu’on vous invite à tester. En espérant qu’Alain nous flèche un beau parcours pour l’année prochaine…

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