Ce n’était pas prévu. Alors qu’il se cachait derrière une marque vieille de plus de 10 ans chaque fois qu’il était titillé sur ses contreperformances, Fracture a fait tomber un record qu’il ne pensait plus jamais pouvoir améliorer. Après une belle expérience aux 10 km de Villeurbanne, voici quelques tips pour tout niquer même quand on pense avoir déjà placé la barre très (trop) haut pour soi.
1. Enchainer
Ça faisait un paquet de temps que Lionel n’avait pas pu enchainer les courses, ses saisons étaient perturbées par des blessures qui l’obligeaient à repartir quasi de 0 à chaque fois. Une meilleure hygiène de vie et une régularité dans les entrainements et les courses ont permis de remédier à ces pépins physiques à la con. Ce record s’est produit après un enchainement de 3 courses en 3 semaines, 10km de Bron, semi-marathon de Paris et donc 10km de Villeurbanne, précédé d’un stage au Kenya fin février, le tout rythmé par les entrainements du coach Pontier.
2. Se mettre dans un contexte favorable
A la maiz, 69500 Bron, chez les parents avec tout le confort qui va avec. La veille au soir petit resto avec les copains de Distance, chacun annonce le chrono espéré et Lionel ne se met pas trop de pression, objectif 35’19 pour faire mieux que Nico Brun à Vincennes, à ce moment là il aurait signé direct pour ce chrono.
3. Choisir un parcours roulant
C’est bien simple, le chrono de 34’37 il l’avait fait sur cette célèbre course des Foulées de Villeurbanne, « flat as fuck » et particulièrement bien placée dans le calendrier à la sortie de la saison de cross. Une densité assez impressionnante sur deux boucles méga roulantes, le combo parfait pour aller vite. Tant pis pour ses connards de collègues de Jolie Foulée à qui il avait vanté les qualités de ce parcours mais qui ont tous décliné l’invitation chez Michel et Tonina à Bron. Étrangement ils veulent tous venir à la prochaine édition des 10 km de Villeurbanne !
4. S’équiper, se nourrir comme un champion
La recette marketing la plus magique qu’il soit, la spéciale Kipchoge : Nike Vaporfly 4% + Maurten. À force de boire et bouffer suédois avant et pendant toutes les courses, on trouve ça aujourd’hui indispensable. Si la bouffe Maurten avait accompagné les nombreux records sur le marathon d’Amsterdam, elle est à nouveau impliquée sur ce 10K de Villeurbanne, on parle là uniquement de la boisson car Fracture n’est évidemment pas de ceux qui se ravitaillent sur un 10 bornes. 4% ce n’est plus de l’ordre du détail, impossible de dire que les pompes n’ont pas aidé pour ce record, sensations de rebond incroyables, beaucoup de rendement et l’envie de tout péter dès qu’on les enfile. Un délire pour une grande première avec la paire.
5. Trouver un bon lièvre
Et là merci Guillaume de Distance, il l’a pas mal chauffé avant la course pour qu’ils partent ensemble, dès le départ Fracture ne le lâche pas des yeux et remonte petit à petit, si le spécialiste de la technique du « dindon » lui a collé 11 secondes dans les deux derniers kilos, il l’a grandement aidé entre le 4 et le 8. Par la suite, Lionel était avec la 3ème féminine, régulière et efficace, il passera la ligne juste devant elle.
6. Prendre des risques
Ça n’a pas vraiment payé sur le semi pendant lequel il a lâché l’affaire face au vent dans les 5 derniers kils mais Lionel a cette fâcheuse tendance à ne pas gérer en début de course et à écouter sa fougue. Très frustré d’avoir bouffé la feuille sur le semi parisien alors qu’il avait de bonnes cannes, Fracture est parti le couteau entre les dents et n’a pas calculé. Ça passe ou ça casse. Get rich or dye trying. Longue vie et nikomok.
7. Serrer les dents
Bon du coup arrivé au 7ème ça commence à faire bizarre, avec une allure moyenne de 3’26 et un passage au 5 en 17’06 à la montre, Fracture savait qu’il était parti sur des bases très élevées pour lui et que ça n’allait pas être une partie de plaisir sur la fin de la course. C’est le moment d’être costaud dans la tête, sûrement son gros point faible mais là avec l’expérience de la semaine précédente et l’espoir d’améliorer son RP, Fracture est resté solide. Dernière ligne droite, il cherche le chrono des yeux, les secondes défilent mais ça va le faire, il a passé la ligne de départ quelques secondes après le coup de feu du starter donc il a un peu de marge. Il arrête la montre et n’en croit pas ses yeux. 34’29 officialisé en 34’30, chrono inespéré ! 7 secondes de mieux qu’il y a 11 ans. Le bonheur bordel.
8. Profiter
Voilà, Nibrun reste intouchable sur marathon et a fait mieux que lui sur semi (pour l’instant ahah) mais au moins Lionel a sauvé l’honneur sur 10K. Un nouveau chrono de référence qui le réconforte et lui fait espérer de belles choses pour repousser ses limites sur les compétitions à venir. Maintenant on se détend, on va voir ce qui se passe pour la suite car il n’y avait rien de prévu après cet enchainement de courses si ce n’est un énorme projet secret autour du marathon de Paris et une bonne biture au festival Hello Birds.