La team Joli Braquet désormais officielle, il s’agit de se faire plaiz et d’enquiller les bornes parce que la course à pied c’est bien, mais ça fait des dégâts. Après quelques mois à chasser les premiers rayons de soleil matinaux en Chevreuse, dans le Vexin et autres coins pas si cheums que ça dans les alentours de Paris, les gars avaient besoin d’un premier test en format officiel. Notre amour pour l’authenticité n’a fait qu’un tour et voilà nos 4 artistes au départ de l’Ardéchoise, sur la course des Boutières. Au programme : 125 bornes pour 2 400 mètres de dénivelé positif, mais surtout beaucoup de plaisir et des ravitos à ne plus vouloir remonter en selle pour terminer l’épreuve.
En gros, l’Ardéchoise c’est une course cyclotouriste qui en 27 éditions a vu plus de vieux passer que n’importe quelle maison de retraite. Ici, tu viens pour kiffer le vélo à l’ancienne, voir des maillots à faire bader les épileptiques et profiter des routes qui serpentent à flanc de montagne. Le ton est donné et capitaine Fracture démarre le camtar’, direction Saint-Félicien où une nuit catastrophique d’avant départ attend nos champions.
Comme toute bonne course qui se respecte, les dossards se récupèrent sur le village expo et plus précisément dans le gymnase qui a des airs de brocante en fin de journée où il ne reste plus que les trucs dont personne ne veut. D’ailleurs, l’un des coins est aménagé en braderie et on est accueillis par un mannequin aussi flippant qu’un chrono de Janji sur marathon. Mais on est venus pour ça et on repartira tous avec le maillot de 2014 : concrètement, ça ressemble à un dessin d’un gamin de primaire à qui tu donnes 10 feutres multicolores et 25 autocollants de marques. Retour au campement pour un repas de fortune dans les bourrasques ardéchoises. La température descend, le vent souffle fort et on commence à se dire que que l’enfer n’est pas loin. En tout cas, on en touchera le bout pendant la nuit, tous frigorifiés dans nos simples sacs à viande, en bord de route. Le réveil sera involontaire à 5h40 grâce au premier occupant du champ d’à côté qui, après un cri digne d’un brâme de cerf en rut de Fracture, déclarera : « Oh pardon, mais je suis parti à 3h de Mâcon et je suis comme les poules, je chante au levé du soleil ». Merci l’artiste, impossible de retrouver Morphée après cette scène. Comme un signe d’une journée sans accrocs, la météo est finalement au beau fixe en ce jour-j. Le Joli Braquet enfile ses plus belles tenues entre un ensemble Oakley des plus sexy, des kits Strava exclusifs et une tenue Bianchi à refaire bander Marco Pantani. Apprêtés comme jamais, nos gars se rendent dans la zone de départ entre les pépés et mémés qui forcent le respect, même si on se demande intimement s’ils ne vont pas claquer en route.
Le premier coup de pédale est à 8h30, on commence par le Col du Buisson, plutôt roulant, qui mène déjà au premier ravito après seulement 20 km. La foule s’amasse autour des assiettes pleines de sauciflard et de brioches Pitch. Dès lors, la stratégie se met en place : on ne va pas s’arrêter à tous les stands, sinon on va finir comme Idris après un lancement au shop Quatorze. La digestion se fait sur la descente, on en prend plein la vue, ça roule bien, on kiff, on gratte pas loin de 300 personnes et ça relance doucement vers les Nonières. Un poil plus raide, mais les jambes sont là et la team commence le travail de fond pour mener son leader du jour, Alassan, décidemment autant à l’aise sur un vélo qu’en course à pied. La bonne lancée s’arrête net quand le ravito du 50e km est abreuvé de gâteaux maison aux marrons à t’en faire virer de la carafe. Le temps de remplir les bidons et de s’enfiler autant de cochonnerie que possible, qu’on repart sans terminer nos bouchées vers la première vraie difficulté de la journée. Commence alors une cassure pour le groupe qui adopte une formation 2-1-1. Fracture et Alass’ s’échappent en tête et mettent le cligno à gauche jusqu’à remonter sur Roland Romeyer (président de l’A.S.S.E). Romain est en ballotage mais maintient un rythme et Guillaume, un peu plus loin, ne peut relancer et doit boire plus qu’un chameau pour combattre les crampes. Faut dire que ce dernier n’a pas été vernis quand une blessure aux cervicales l’a cloué sur le canap’ à 1 mois de l’échéance. Bon, autant des bières n’étaient peut-être pas nécessaire mais période de CDM oblige. Le groupe se reforme en haut du Col de la Clavière, pas des plus pentus mais une bonne ascension de presque 18 bornes. Encore un ravito, on profite de l’ambiance et on se tire. S’en suit encore une belle descente, vite stoppée par le Col de Rochepaule qui remet un coup de lactique dans les cannes. Les gars sont ensemble, c’est beau, vive l’Ardèche, vive le vélo.
Le final se fait sur le Col de Lalouvesc, 8km à 6%, à nouveau pas le plus raide mais on y passe les 100 bornes et les 2 300m D+. Au sommet, Alassan aura le temps de récupérer son maillot jaune et de taper la bronzette, vite rejoint par Lionel qui a enclenché le mode poursuivant. Le temps de redescendre tout ce bordel, enquiller encore quelques km et l’arrivée pointe son nez. Mission accomplie, nos gugusses bouclent la boucle en plus ou moins 5h et sans pépins techniques à signaler. Une belle épopée s’achève et on repart dans la foulée parce que ce n’est pas tout, mais maintenant faut boire.