Il est dans la nature humaine même de se croire différent, un peu spécial, voir carrément unique. Il est donc assez courant en croisant un(e) autre runner/runneuse (ou pire un groupe de runners) de se dire « lui/elle là, c’est pas un(e) vrai(e), pas comme moi ! ».
Même un jour de compétition on arrive à se persuader, noyé dans un océan de 30.000 coureurs, qu’on est la goutte d’eau qui ne ressemble à aucune des autres. Alors que la goutte d’eau d’à côté est aussi mal gaulée que nous dans son short papillon, s’est aussi entraînée comme un autiste pendant 10 semaines, a mangé la même chose la veille, des pâtes, et les a chié en synchro parfaite avec nous après son café.
Mais alors comment peut-on reconnaître un(e) vrai(e) runner/runneuse ?
Est-ce une question de style ?
On a trop souvent tendance à se moquer de ceux qui ne nous ressemblent pas, sur le point physique évidement mais aussi – et là c’est grave – sur le point vestimentaire. Qui n’a jamais pensé « lui c’est le genre de pigeon qui achète des NEXT% au prix de mon loyer » ou alors « elle c’est le genre de boloss qui court en Kalenji ». Si seulement la légitimité dans le sport pouvait se mesurer à la tenue portée, on aurait pas à écrire cet article sur notre temps de travail. Hélas, en course à pied l’habit ne fait pas le number moine.
Est-ce une histoire de perf’ ?
Quand notre mascotte Cédric a couru son premier marathon en 5h38, passant le deuxième semi à marcher et chier dans les bois pour ensuite aller s’autoproclamer « Marathonien » sur tous ses réseaux sociaux, était-ce vraiment mérité ? Ou a t-il manqué de respect à la distance reine ? Faut-il arrêter de questionner sa légitimité après sa superbe performance sur Breakin5 ?
Et Thibaud DRL, qui a littéralement couru 4 fois dans sa vie (dont une fois pour attraper un bus) et qui a réussi – on ne sait toujours pas comment – à intégrer l’équipe de rédaction de Jolie Foulée, on en parle de ses perfs ?!
On ne peut pas simplement départager les gens sur leur niveau, après tout, on est tous le nul de quelqu’un mais aussi le fort de quelqu’un d’autre ! Et face aux athlètes pro, nous, vulgaires amateurs, sommes tous des brêles !
La passion peut-être ?
S’habiller, boire, manger, dormir, baiser « running », pour certains, être un(e) vrai(e) ça veut avant tout dire être passionné. Mais existe-il une seule personne qui cour X fois par semaine à des heures où il fait meilleur rester au lit ou aller au bar qui n’a pas de passion pour ce sport ?
Conclusion
La vérité, et elle n’est pas facile à entendre, c’est qu’au fond on est tous un peu les mêmes et que notre plus grand point commun c’est d’ennuyer le reste de l’humanité avec notre sport de toccards qui consiste à se chronométrer pour aller d’un point A à un point B en mettant le plus rapidement possible un pied devant l’autre.
Voyez-vous, il n’y a pas de vrais ou de faux runners. Nous sommes juste une gigantesque bande de relous qui court après rien et qui saoule tout le monde sur son passage.