Lundi, des patates. Mardi, des patates. Mercredi, des patates aussi. Finalement, à Londres, la course à pied c’est un peu la même chanson. Jolie Foulée a envoyé Jérémie, abonné au ventre mou du classement des courses en France, muscler son jeu au pays où l’on mange des flageolets au petit déjeuner. Après une probante 12è place obtenue – contre toute attente – à la régulière aux 10km de Victoria Park, il s’est mis en tête de réaliser le Grand Chelem. Une semaine. Une sortie par jour dans les lieux les plus représentatifs de la tendance running actuelle dans la ville natale d’Elton John. Beginning workout.
Lundi : Parc Olympique
Construit à Stratford dans le borough de Newham pour les Jeux Olympiques de 2012, le Parc Olympique de Londres a été achevé en 2011. Mais ça, tout le monde s’en fout. Ce qui est un peu plus intéressant, c’est qu’il fut le théâtre du sacre d’Usain Bolt sur 100m en 9.63, de la double consécration de Momo Farah sur 5 000m et 10 000m, et du hold-up de Taoufik Makhloufi sur 1 500m. À des années lumières de se targuer de telles performances, Jérémie profite des allées vides et du décor chargé d’histoire pour travailler le fractionné une fois la nuit tombée. La flamme dans le champ de vision, à défaut du feu dans les jambes, il allonge la foulée pour démarrer la semaine de la meilleure des manières. Dans le rouge.
Mardi : Run Dem Crew
Les temps changent. Le mardi soir, la Champion’s League n’a plus droit de cité. Direction le branché Ace Hotel à Shoreditch pour retrouver les excités du Run Dem Crew au nouveau QG de la communauté créée par Charlie Dark. Good vibes only. Mais bonnes jambes vivement conseillées. Une centaine de coureurs issus des milieux créatifs se retrouvent chaque semaine pour se faire mal sous les ordres bienveillants de l’homme à l’origine du mouvement Bridge The Gap. Avec sept groupes d’allure différents, ce n’est pas là qu’il faut venir pour se cacher. Pour faire des rencontres, si. Les attaques fusent de tous les côtés sur les quais de la Tamise. Ça répond. Ça s’accroche. Ça sue. Et ça se flatte. à la fin de la session. Go hard or go home.
Mercredi : les escaliers du Tube
Pas toujours facile de manger du dénivelé dans une grande ville. Hormis les réputés parcs de Primrose Hill et Hampstead Heath, il n’y a pas vraiment de colines à se mettre sous la dent. Il faut donc bien trouver des moyens détournés pour se préparer aux grosses courses des mois prochains. Si les marches des parkings du Parc Olympique font aussi très bien l’affaire, direction la station de metro d’Angel où les 36m + d’escaliers s’avèrent être un excellent partenaire d’entraînement. Les emprunter à 133 reprises équivaut à gravir les 4,810m du Mont-Blanc. Le défi est lancé.
Jeudi : Track Mafia
Attaquer la deuxième partie de la semaine en vomissant. Les jambes déjà bien flinguées après s’être farci 5h de montée d’escaliers la veille, on se dirige le moral dans les chaussettes au Paddington Recreation Ground dans le Nord – un peu Ouest de Londres. Cory, Captain et Founder de Track Mafia, nous accueille pour ce qui ne va pas être une partie de plaisir. Au programme sur la piste :
1 mile d’échauffement à allure jogging.
2 tours d’échauffement avec accélération en ligne droite.
1 tour de gamme, puis le vif du sujet.
1×400 en sprint
6×800 avec 2 minutes de repos (sympa). Allures sur chaque 800: 10K sur les 200 premiers mètres, Mile sur le 400 suivant, 800 dans le dernier virage et 400 sur le dernier 100m.
Fin de la séance. Crucifié. Force et dignité restent sur la piste tandis que l’on repart en sale état pour se coucher.
Vendredi : Hackney Marshes
Décrassage à l’orée du week-end. Direction Hackney Marshes et ses 50 terrains de foot à 11 alignés côte à côte. Réputé pour la légendaire Sunday League, l’endroit est immense. Les cages sont alignées à perte de vue et l’herbe grasse est accueillante. On enlève les chaussures et on régénère la voûte plantaire en courant pieds nus sur les terrains boueux du Nord-Est de Londres. Sept kilomètres tranquille, il s’agit de garder des forces pour la soirée. On fête les performances accomplies à Shoreditch au White Horse, notre strip-pub préféré.
Samedi : Hampstead Heath
Hampstead Hell. Des montées d’enculé. De la boue jusqu’aux genoux. Des chiens qui courent partout. Il faut serrer les dents sur ce terrain de cross ultra exigeant. Le Parc réserve néanmoins une belle surprise pour les costauds. Une superbe vue sur Londres attend ceux qui arrivent à bout de la bosse. On n’en peut plus, mais on reviendra.
Dimanche : une petite course de quartier
Comme le dit Marc Veyrat, il faut toujours finir la semaine sur les chapeaux de roux. À Londres, il y a presque tous les dimanches une course de 10km à laquelle participer. Les copains de Run Through http://www.runthrough.co.uk/ en organisent très régulièrement. Près de chez vous (sauf si vous habitez ailleurs), nombre d’inscrits limités, ambiance de course de quartier, et niveau de faible qualité, tous les ingrédients sont réunis pour terminer le Grand Chelem avec la banane. Dans la poche ou sur la gueule en fonction du chrono. Tous les ingrédients ? Sauf un. Les cannes. C’est décidé, plus jamais de course à pied !
L’idéal pour profiter pleinement de la course à pied Londres est d’intégrer un crew de running. Plus implanté dans la culture et aussi plus authentique qu’à Paris, ce mouvement permet à chacun de trouver un groupe à son pied. Les sessions du Nike+ Run Club, les London Midnight Runners, et le London Brunch Club par exemple, prouvent que c’est toujours mieux à plusieurs.