Comme une course se prépare, une Renault 19 se bichonne ou une pineco se chérit, une alimentation ça s’étudie. Des études plus sérieuses les unes que les autres sur le sujet fleurissent dans tous les médias qui détiennent le savoir : les vrais bons blogs de sport et les magazines TV, mais rares sont celles qui extraient la véritable essence de la science de la nutrition pour aborder les vraies questions. Celles qui fâchent. Celles qui tâchent. Pour tordre le cou aux idées reçues, nous avons expérimenté dix régimes alimentaires et nous sommes appliqués à en faire ressortir les avantages et inconvénients majeurs. Sortez votre boîte de conserve de cassoulet du micro-ondes et découvrez la clé pour enfin réussir votre plan de nutrition. Si vous aimez dîner en pensant*, cet article est fait pour vous.
1/ Pinard-épinards : le régime pour ceux qui courent en forêt*
À quoi bon modifier ses habitudes à quelques mois du marathon de Paris ? On ne change pas une équipe qui gagne. Sereins et convaincus que c’est dans les vieilles peaux qu’on fait les meilleures confitures, nous restons fidèles à la richesse de notre terroir. Champignons fraîchement cueillis en forêt (ils ont des lamelles, ils sont donc comestibles), soupe de cresson et saucisson, voilà les bons ingrédients pour accompagner une bouteille de rougeaillon. Après trois semaines de préparation intensive dans les bois, les jambes ne suivent pas le rythme de l’estomac. Plus très lucides et pas aidés par une alimentation rétrograde, nous ne retrouverons jamais le chemin de la chaumière malgré notre boussole et notre cadran-solaire. Tous comptes faits, les champignons à lamelles…
2/ Gels et gâteaux : le secret des pros
« T’inquiète j’ai quatre gels pour la course, je vais avoir les jambes de Lance Armstrong dans le Plateau de Beille ! » Qu’est-ce-qu’on est con d’avoir écouté les conseils de Grec Runner, notre pote grec qui a déjà couru 56 marathons. Seulement 6km parcourus et déjà trois gels ingurgités. Quand les jambes ne sont pas là, on serait prêt à avaler n’importe quoi… Les forces reviennent mais les gaz s’échappent. L’estomac en vrac, la course s’arrêtera sur le bord de la chaussée. Le short baissé. En revanche, un bon Gatosport saveur banane pépites de chocolat au petit déjeuner vous mettra dans les meilleures dispositions avant et pendant la course. Un goût travaillé et souvent irréprochable (sauf peut-être celui au bouillon de légumes), consistant et léger à la fois, fastoche à cuisiner, c’est l’indispensable à avoir dans son camping-car. La boisson des champions c’est la préparation Duo Tonic Malto au goût fruit rouge. Mélangez-la avec de l’eau et consommez-la avant l’effort pour emmagasiner des glucides qui vous porteront vers les sommets.
3/ Vodka cornichons : tribute to Gérard Depardieu
Pour performer, il faut boire. Et boire beaucoup. Persuadés depuis trop longtemps que s’hydrater c’est la santé, pas question de rester la gorge sèche en soirée. Quelques bomboneras, quelques swings, il faut trouver la parade pour tenir le rythme endiablé. Les verres s’enchaînent, le pot de cornichons se vide et l’horloge tourne. Il est déjà 6h lorsque nous nous rappelons que le départ des 20 kilomètres de Paris est donné dans 3h. La team Jolie Foulée a terminé la course avant de l’avoir commencée.
4/ Fruits secs et graines : un appétit de moineau
Manger comme un oiseau devrait nous donner des ailes. Nous réduisons donc notre régime au strict minimum. Fini les tartines de pâté-camembert et autres endives au jambon. Ce sont les lipides des graines et les sucres des fruits secs qui feront s’envoler notre chrono. Les sacrifices paient au départ de Marseille-Cassis. Les jambes tournent comme Clara Morgane à son heure de gloire, les kilos perdus font du bien dans la montée de la Gineste. C’est sûr, le régime de volatile a payé. Manque de pot, à 500m de l’arrivée sur le port de Cassis, une mouette dépose un sale guano sur notre chère épaule gauche. Putain, ces oiseaux…
5/ Piadines et burritos : le commerce de proximité
Un petit 10km ne justifie pas de se mettre des amis à dos. Bien trop attachés aux piadines de LoZio et aux burritos de Chipotle, nous n’abandonnons pas nos bonnes habitudes aux abords du 10km Paris Centre. Nous abordons la course en pleine confiance lorsque nous découvrons en étudiant le parcours que Chipotle se trouve presque sur le chemin. Un petit crochet pour commander à emporter au km 5 et le tour est joué. On terminera même devant FrenchFuel.
6/ Fruits et smoothies : pour les hommes pressés
On nous a très souvent vanté les bienfaits des fruits sur le corps humain. Leurs fibres tonifient les muscles, si on a bien compris. Ne sentant pas le piège venir, nous remplaçons tout ce qui constitue notre alimentation par des pommes, bananes, oranges, pruneaux, smoothies et des fraises des bois dans l’espoir de mettre le feu au chrono*. Ce que nous ne savions pas, c’est que tout cela affecte méchamment le transit. Nous abordons alors Sainté-Lyon avec une colique d’alcoolique. Tombés en plein dans le panneau, comme Christophe Colomb quelques années auparavant. Le plus grand trou du cul de l’histoire, sans aucun doute.
7/ Confit de canard et salade de gésiers : le Sud Ouest dans son assiette
Le Cross du Sud Ouest ce n’est pas seulement 12 km de souffrance parmi un plateau relevé à Gujan-Mestras. Le Cross du Sud Ouest c’est surtout un weekend au Pyla. Une balade sur la dune. Des plateaux d’huîtres au Moulleau. Du Bordeaux. Une soirée aux Goëlands. Du confit de canard, des pommes de terres sautées, de l’armagnac, le tout le midi avant la course. Et une course donc. Une course difficile. Putain de difficile. Un pas lourd. Un estomac douloureux. Un vomi. Deux vomis. Une piètre 46è place sur 51 coureurs. C’est ça le Cross du Sud-Ouest.
8/ Boissons énergétiques : saloperie de Richard Virenque
Si Richard le dit, c’est que c’est vrai. Il faut bien admettre qu’il en connaît un rayon le bougre lorsqu’il s’agit d’améliorer ses performances. Nous aussi on s’y connaît en rayons. Surtout le rayon boissons du Auchan de Metz-Tessy. Povrerade, Red Boules, Vita Croco et Ricard, nous avons tout essayé. Une bouteille de l’un ou de l’autre avant d’aller courir libère le corps et l’esprit. Un peu plus l’esprit que le corps d’ailleurs. On claquera quand même la bise aux hôtesses du stand Povrerade au départ du 10km Paris Centre. Gossebo.
9/ Tapin et coco : les Jolies Foulées de Pigalle
Flashés à 25 km/h lors d’un sprint sur les Quais de Seine contre Snpstr!, les excès de vitesse ça nous connaît. Les excès en général d’ailleurs. Nous partons à l’assault de Pigalle la nuit pour célébrer ce succès triomphal. Les chevaux sont lâchés, comme sur le fameux 100m. Profitant de la vigeur de notre âge, on profite pendant plusieurs semaines. Mais comme toutes les bonnes choses ont une faim, les putes, même en peinture on va arrêter. Ça nous donne des démeangaisons. Et on en a marre que Magritte nous batte*.
10/ Coquillettes au beurre sans beurre : fait chier d’être pauvre
Tout le monde ne le sait pas forcément, mais s’aligner sur les plus belles courses de Franche-Comté ça coûte un bon paquet de blé. Et comme un blog de course à pied ça ne paie pas, et bien nous sommes fauchés. Heureusement que le meilleur régime pour préparer des courses s’adapte à la triste condition de runners décadents. Bouffer des sucres lents pour devenir rapide, le paradoxe est frappant mais on a envie d’y croire. De toutes façons nous n’avons pas trop le choix. Nous supprimons le beurre du menu et grattons la rouille qui se dépose sur nos caddies* car nous faisons les courses trop rarement, selon nos copines.
Contrepèteries, nutrition et course à pied font souvent bon ménage, surtout à Troyes. Retirez ce que vous voulez de cet article. Faites-vous votre propre expérience. Mangez ce que vous aimez. Et courez quand vous avez envie. Mais retenez bien une chose : cinq fruits et légumes par jour bordel !
*Saurez-vous retrouver les contrepèteries cachées dans cet article ?