Las d’accumuler des performances insignifiantes en France, Jérémie a décidé de partir tenter sa chance Outre-Manche. Relégué à un rôle de faire-valoir à Paris, il aspire à percer à Londres grâce à un mental à presque toute épreuve. Arborant désormais les couleurs de Jolie Foulée au sein du réputé Run Dem Crew, il a appris à bouleverser ses habitudes pour donner des lettres de noblesse à son patronyme. Seulement deux pintes la veille de la course au pub. Un cachet d’aspirine au lieu du doliprane avant le départ. Fini le laid down d’avant-course sur instagram.

C’est à domicile sur les 10KM de Victoria Park qu’il a décidé de démarrer sa nouvelle carrière de coureur. Bien décidé à attaquer l’année en beauté en claquant un nouveau PB, le réveil à 7h15 lui fait pourtant se rappeler qu’il déteste toujours autant le matin « c’est beaucoup trop tôt bordel ! Je vais lancer une pétition pour interdire le départ des courses avant 11h », peste-t-il en descendant les escaliers. 8h45, la découverte de l’ambiance champêtre et des gros moyens mis en oeuvre par l’organisation à Victoria Park lui redonnent le sourire : « si je termine derrière ce gros lard, j’arrête la course à pied ». Les festivités peuvent commencer. Sous un soleil de plomb.

Running London

Un vrai temps de chiottes

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Au programme de la matinée : semi-marathon (6 tours du parc) à 9h00, départ du 5KM (1.5 tours pour les fainéants) à 9h30 et départ du 10KM (3 tours) à 9h35. Alors que les concurrents du semi se regroupent au niveau de la ligne de départ sous les ordres du juge arbitre, un concurrent retient particulièrement notre attention. Liam O’Hare, Vétéran dans la catégorie + de 65 (ans, pas minutes) détonne. Une tenue de course impeccable, des cheveux blancs longs à la Gandalf – « c’est plutôt Gandalf qui a des cheveux à la Liam » – nous dira-t-il, et une barbe qui aurait toute sa place dans les livres d’histoires. L’Irlandais est exactement le vieux que l’on rêverait d’être. La foulée légère, le bougre fait parler le chrono en bouclant les 21KM en 1h35’55’. Épanoui à l’arrivée, il nous confie que « c’est mieux quand il fait trop froid que quand il fait trop chaud ». C’est que Liam n’est pas né de la dernière pluie. Le 14 Février 2015, Liam O’Hare s’est construit une légende lors du Wimbledon Common Parkrun Event. Bénévole qui donne du sien sur cette petite course bon enfant depuis lurette, il décide de s’aligner au départ pour fêter la 50è édition. Piégé par le terrain boueux et un brin poissard, il perd une chaussure dans une flaque sur le parcours. Compétiteur dans l’âme, il parcourut les deux derniers kilomètres une chaussure au pied et l’autre dans la main. Il marque l’histoire en établissant un nouveau record de l’épreuve pour un coureur avec une seule chaussure en courant les 5km en 21’28’.

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Liam O’Hare savoure la vie, lui.

Habitué de la bagarre dans le Patricia Saas de départ, Jérémie s’installe sans gêne en pôle position. Conscient que ce n’est pas à la loyale qu’il pourra signer un top 10, il décide de mettre des bâtons dans les roux de ses concurrents et de la jouer à l’intox. Il part en tête et emmène les 200 concurrents sur les premiers hectomètres avant de relâcher la pression et de maintenir un rythme qui lui correspond plus. La pluie et la course s’intensifient au fil des kilomètres. Le parcours plat et champêtre favorise une allure soutenue. Contrairement à la plupart des courses parisiennes, l’affluence ne permet pas de s’en remettre aux autres pour caler son rythme. La chaussée glissante et les tortues qui courent le semi-marathon sont néanmoins les seuls dangers de ce 10KM de l’Est londonien. Comme d’habitude, le quatrième kilomètre est particulièrement difficile. Les jambes sont de plus en plus lourdes et il devient compliqué de relancer. Mais bon, il y a un record à aller chercher et 10 kilomètres ce ne sont pas non plus les 12 travelos d’Hercule. Quand ça pioche au niveau des jambes, la tête est là pour maintenir la cadence, et quand le mental flanche, les cannes tiennent l’allure. Serait-ce-là la définition d’une Jolie Foulée ? Las, la deuxième moitié de la course passe comme un supositoire et Jérémie place une dernière accélération à 500m (c’est long !) de l’arrivée sous les encouragements du copain David qui apparemment n’avait rien de mieux à foutre que de venir faire le Marshall un dimanche matin sous des trombes d’eau. Chacun son truc.

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Le verdict tombe. Le chrono aussi. 42’49’ nouveau record personnel pour le jeune homme qui n’est quand même plus très frais en passant la ligne d’arrivée. Fier comme un mongol fier, il récupère la plus belle médaille du monde et pose pour la postérité avec la récompense autour du cou. Le classement officiel de la course est annoncé. 12è sur 206 coureurs, Jérémie a bien fait de s’exiler. Il a trouvé les secrets de Victoria.

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