Il est 6h du matin en ce vendredi 6 décembre et Jean s’élance tout droit dans ce qui s’apparente être une belle initiative pour tirer la course vers le bas : courir le Marathon d’Abu Dhabi sans prépa “Inch Allah”.
Retour sur ce qui aurait dû être plus traumatisant qu‘un mouvement de grève d’avant Noël.
Vendredi 8 Novembre :
À l’heure où les travailleurs songent à la manière la plus adaptée pour prendre une cartouche un vendredi soir, Jean apprend qu’il sera dans un mois, en train de courir le marathon d’Abu Dhabi. Excellente nouvelle pour celui qui commence tout juste à faire des footing de plus de 10 bornes après son entorse de la cheville.
Le mois de Novembre :
Après quelques mots échangés avec le coach Nibrun, il paraît évident que toute tentative de performance sur cette course est vaine. Qu’à cela ne tienne, il n’y aura donc pas de préparation, pas de restriction et surtout zéro compromis sur les soirées.
La non préparation se passe donc pour le mieux; agrémentée d’un régime alimentaire proche de celui de Driss, d’un rythme de soirée semblable à celui de TDRL, couronnée de quelques sorties running pour ne pas partir au casse pipe ! Le 10K Paris Centre en sortie longue, sa soirée, la SaintéLyon, ses soirées, serviront de faits d’arme pour le plan d’approche.
Mercredi 4 Décembre :
Jeannot prend l’avion direction le pays des droits de l’homme (pas des Hommes). Les plateaux repas s’enchaînent aussi bien que les shooters de la soirée 10K Paris Centre.
Arrivé sur place à 20h sous 25 degrés, Jean prend la direction de l’hôtel pour défoncer le buffet avant d’aller se coucher.
Jeudi 5 Décembre :
Réveil planifié à 6h pour faire le “Shake Out Run”. Jean se rend très vite compte du pétrin dans lequel il est tombé. Après seulement 20 minutes de footing le long de la plage, son t-shirt est plus mouillé que les culottes des filles à la vue du torse d’Alassan.
Direction l’hôtel pour une nouvelle fois enfoncer le buffet du breakfast. A défaut de courir, Jean Pourra(t) rouler demain.
Vendredi 6 Décembre :
5h10, Jean ouvre les yeux alors que le départ de la course est prévu pour 6h (3h heure française). Juste le temps pour lui d’avaler un bol de riz, un imodium, d’enfiler ses groles, se charger en Maurten et partir sur la ligne de départ de cette deuxième édition de l’ADNOC AD Marathon.
Coincé dans le sas, Jean a une folle envie de pisser. À ce moment, il comprend que pisser dans la rue est ici synonyme d’avoir la même destinée que Ganguia : finir en prison. Alors il se retient…
Le coup de feu est donné à 6H00. Il fait nuit, chaud mais pas trop. Jean décide de partir à la sensation (idée à la con) et de suivre les concurrents du 10 km.
Les 10 premiers kilomètres passent plutôt bien (40:38’) avec la rencontre de Franck, un toulousain venant courir pour le plaisir (quelle idée…) avec comme objectif un SUB3. Le projet convient tout à fait à Jean qui voit en Franck l’occasion de ne pas courir tout seul, mais surtout d’affiner la véritable recette du cassoulet (flageolet ou haricot blanc).
Arrivé au Semi en 1h26:54’, Franck accuse le coup et Jean continue sur sa lancée. Sur 1500 participants, la densité de coureurs visant un SUB3 est proche de celle du nombre de neurones nous restant après l’after du 10K Paris Centre. Jean saisit qu’il va courir le reste de ce marathon sans âme charitable pour le tirer vers le bas.
Kilomètre 30, passé en 2h03 et des poussières, Jean se sent étonnamment bien… seul. Il fait beau chaud, il n’y pas personnes devant lui, personne derrière et personne au bord de la route.
Au même moment il croise dans le sens inverse le premier Elite homme qui vole vers la victoire et les 100 000$ de prize money.
5 kilomètres plus tard, la température est montée d’un cran et pourtant personne n’a encore diffusé “Allumez le feu” dans les hauts parleurs du bord de route. Jean commence à en chier sa mère, surtout que la fin de marathon est une ligne droite de 7 kilomètres – plein fer au soleil.
La ligne sera franchie non sans mal en 2h52 et 45 secondes, il n’en croit pas sa montre et se dit : “Pas mal !”.
Il finira 38ème et 2ème français.
Conclusion :
Courir un marathon sans préparation est une chose largement faisable, seule l’issue en est incertaine. Avec une hygiène de vie plus que douteuse, Jean finira à seulement 1 minute de son RP pour lequel il avait sacrifié un mois d’alcool et dit non à son alimentation aveyronnaise.
Moralité : entraînez-vous mais ne sacrifiez pas tout, ça n’en vaudra jamais le coup.