MARATHON DE BERLIN : DÉCOLLAGE PAS SI IMMÉDIAT

Difficile aujourd’hui de renier ce fait irréfutable. La ville de Berlin est positivement caractérisée par la musique techno qui berce ses clubs, la bière qui y coule à flot aux quatre coins des rues, sa diversité culturelle ou encore le street art qui écume et fait le charme des chaussées de la capitale Allemande. Même le guide du routard est unanime : « Berlin est pauvre, mais sexy ». Tellement bonne que s’en est même devenu progressivement un chemin de pèlerinage pour les runners avides de records sur la distance mère, et même les plus grands n’ont pas/plus peur de s’y frotter. Kipchoge, Kipsang, Békélé… ou encore Maxime et Khoa étaient par ailleurs au départ de l’édition 2017 du Marathon de Berlin ayant eu lieu il y a quelques jours. L’histoire, pourtant belle, aurait pu être toute autre.

On vous plante le décor : vous bossez dur pour préparer cette foutue course durant l’été où tous vos potes vous ont lâchés pour aller dépenser leurs euros durement gagnés dans des campings miteux. D’après Météo France il pleut comme vache qui pisse de la Normandie jusqu’à Berlin le jour J. Vous avez refusé des barbecues endiablés en after pour aller vous taper des rails de kilomètres à pas d’heure le dimanche matin au bord du Canal de l’Ourqc. Le plus dur est fait et il n’y a plus qu’à en théorie, non ? C’est pourtant trop facile et l’histoire ne peut se terminer directement sur une bonne note. Et si on y ajoutait une dose de difficulté ? Par exemple en ratant l’avion la veille du départ et l’incertitude de pouvoir prendre part à la course après toutes ces semaines de sacrifices ?

Nous sommes allés poser la question à deux potes qui vous feront regretter d’avoir couru ce matin derrière le bus quand vous l’avez loupé !

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Dossard de travers, nique sa mère EasyJet.

  • Bon alors les gars, c’est quoi ce bordel ?

Khoa : On s’est sacrifié avec Max histoire de voir si ça faisait courir plus vite de prendre l’avion juste avant une course. Expérience débile, sinon tous les Kenyans feraient tous des tours d’avion dans le ciel avant chaque marathon, non ?

Sans déconner, on était à l’aéroport 2 heures en avance en train de flipper de rater notre vol, on pensait qu’on était tranquilles. On a maté Breaking 2 pour se chauffer, FaceTimé un pote, refait le monde, bu des litres de St Yorre, on est allé aux chiottes… On n’a pas vu le temps passer. Puis on a entendu un appel pour l’embarquement. Le temps de se pointer, ces connards d’EasyJet avaient déjà fermé les portes de l’avion. C’était le dernier vol de la journée, le mec voulait rentrer chez lui et se foutait de savoir que ça faisait 2 mois qu’on avait arrêté de boire, d’aller au McDo, de voir nos copines pour préparer ce putain de marathon.

Malheureusement il n’y avait pas de train de nuit. J’ai donc proposé à Max de conduire jusqu’à Berlin mais bizarrement ça n’avait pas l’air de le chauffer. On s’est donc dit qu’on allait prendre le vol de 7h du matin et arriver en théorie 30 minutes avant le départ officiel.

Max : En vrai, on était pas sûrs du tout de pouvoir courir. L’orga du Marathon de Berlin nous a confirmé qu’on pouvait prendre le départ de 10h et qu’ils nous gardaient nos dossards, mais si on arrivait après c’était mort. Comme quoi l’allemand peut être cool mais faut pas trop pousser non plus.

Donc on s’est dit qu’on aller tenter le coup, qu’au pire on irait cheerer et juste kiffer deux jours à Berlin. Surtout qu’on avait déjà le vol retour pour Paris prévu lundi soir. Après tout s’est enchaîné très vite, notre course a commencé à Paname à 4h du mat’ dimanche matin avec un Uber pour rejoindre l’aéroport d’Orly, suivi d’une heure et demie d’attente à l’aéroport parce que forcément on est arrivés grave en avance cette fois-ci. Petit vol sans accroche pour rejoindre la capitale allemande et on a eu (enfin) un peu de chance, parce qu’on a atterri avec un quart d’heure d’avance ! Arrivés à Berlin, on court jusqu’au premier taxi qui nous dépose à la station de métro la plus proche, à environ 700m du départ. On se tape la distance en guise d’échauffement avec nos sacs sur le dos et on arrive pour récupérer nos dossards sur le fil à 9h30.

Quand on était dans le sas de départ on avait l’impression d’avoir déjà fini… Mais en vrai il nous restait encore 42 bornes à se coltiner !

  • Le vol avait lieu à quelle heure ? Pas de plan B possible le samedi soir pour rallier Berlin ?

Khoa : L’avion décollait à 16h50. Je préférais faire une grasse mat’ dans mon pieu et faire un peu de shopping à Paris plutôt que de me taper un samedi à Berlin, rempli de coureurs avec le t-shirt officiel de la course, et des mecs du BTG qui courent avec des drapeaux dans la rue en te gueulant dessus.

Max : Quand tu commences à regarder des billets d’avion suivants, avec des escales à Barcelone et Milan pour rejoindre Berlin, et tout ça pour 738€ tu te dis que c’est pas si mal de risquer l’EasyJet du lendemain matin…

  • Pourquoi Berlin déjà ? Vous faites chier. On a la même distance à Sénart chaque année en mai et y’a des RER D toutes les 10 minutes !

Khoa : Berlin c’est quand même plus près que Sénart quand il y a la grève. Et parce Kipchoge, Bekele, Kipsang. Pourquoi pas Khoa et Krantz ? Apparemment le parcours est plat malgré que Berlin soit bonne, c’est ce qui se dit. Nous aussi on voulait écrire nos records personnels sur nos semelles…

Max : Si tu me dis que Sénart c’est cool, je te suis !

  • Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous ? La peur de ne pas pouvoir prendre le départ du Marathon de Berlin, celle de devoir arriver au petit matin en partant déjà en tenue depuis l’aéroport à Paname ou bien de vous faire palper le short par un stewart avant d’embarquer ?

Khoa : C’était de refaire tout le trajet à 4h du matin et de rater le départ à quelques minutes. On s’était dit qu’on ne raconterait jamais la vraie histoire si on n’arrivait pas à temps pour le départ et qu’on rejetterait toute la faute sur EasyJet ou la RATP. Sinon c’était plutôt cool d’être déjà en petite tenue à l’aéroport, les mecs de la sécu se demandaient si on était des pros.

Max : Celle de rater le réveil. J’ai sauté du lit et j’étais en speed tout le long, même pendant la course je courrais avec la sensation que j’étais en retard !

  • Vous avez esquivé de faire de pompes au Cheer Point afin de rattraper le temps perdu à l’aéroport ?

Khoa : J’ai rien esquivé du tout, j’ai payé mes 10 pompes en bonne et due forme. C’était le deal avec nos potes berlinois qui nous ont filé le meilleur trajet pour arriver à temps pour le départ. Je dis ça je dis rien, mais demandez plutôt à Max s’il les a faites…

Max : Je croyais que Khoa m’avançait pour les pompes ! J’avoue que je les ai esquivé, mais il faut dire un truc, c’est que ce cheering point est dingue, j’étais trop excité en y arrivant. Je pensais qu’à poser pour les photos.

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Sur du Gradur fais des pompes, des tractions !

  • Les français se posent une question : le petit déjeuner pré-marathon consommé dans l’avion est-il meilleur que le ravito de fin des 20KM de Paris ?

Max : La vraie question que les français devraient se poser – pourquoi y a des cafés et des restos à l’aéroport ? Vous voyez pas que c’est un complot pour détourner votre attention de l’objectif : prendre votre avion ?

  • Plus sérieusement histoire de faire rougir tout internet, vous avez fait combien sur le Marathon de Berlin ? Vous en tirez quoi personnellement ?

Khoa : 3:25:52. C’est 30 minutes de moins que mon naufrage de Copenhague en mai. J’étais tellement content de pouvoir courir que je ne pensais même plus vraiment au temps. Personnellement, maintenant je prendrai l’avant-dernier vol la veille d’un marathon, au moins j’aurai le suivant si je le loupe.

Max : 3:00:39. Pareil que Kipchoge, je rate mon objectif de 40 secondes. Pour lui c’était un problème de météo, moi de logistique… Je suis pas convaincu que physiquement ça a eu un vrai impact sur ma perf, au contraire je pense que ça m’a plus boosté. Le plus chiant c’était d’être dans la dernière vague. Comme dit c’est notre faute, la prochaine fois j’assume de rater mes cours et je prends mon avion 3 jours avant.

  • Dimanche y’a le 10KM Paris-Centre. Que de la gueule vous prenez le métro au moment où votre SAS de départ s’élance ?

Khoa : Jolie Foulée ne nous fait pas arriver en Tractolib place de l’Opéra ?

Max : Chui chaud ! Transports Puissance Dix.

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Red Bull (donne des ailes) > EasyJet la veille au soir

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Récemment on parlait de la poudre de Berlin Pinpin qui à priori est chère à notre Président de la République actuel. Force est de constater que celle d’escampette aurait été de meilleure augure le samedi soir pour aller grailler des Bretzels au plus vite. Mais au final il y a PB*, alors… Va pour la prescription.

*PB : Personal Best (record perso)

Crédit photos : Max Menning, Wan Man, @nell0k & @harrygeorgehall

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